Problématique
Dès les premiers jours d’école, j’ai remarqué que les élèves demandaient constamment, voir même automatiquement, l’aide de mon enseignante associée ou la mienne lorsqu’ils étaient en période de travail personnel. Leur premier réflexe était de lever la main et d’attendre qu’un adulte leur vienne en aide. Bien que cette technique soit parfois utile, les élèves perdent beaucoup de temps en l’utilisant puisqu’ils doivent attendre que l’enseignante soit disponible. De plus, l’enseignante ne peut s’attarder auprès des élèves qui présentent de réelles difficultés d’apprentissages puisqu’elle ne veut pas que les autres élèves perdent leur temps.
Projet
Mon projet, réalisé en classe de 5e année du primaire, vise à favoriser l’autonomie/autogestion du groupe afin d’être en mesure de travailler en sous-groupe de besoins avec les élèves qui présentent des difficultés d’apprentissage. Ainsi, les élèves complètent les travaux inscrits sur la liste «à faire» sans jamais interrompre l’enseignement donné en sous-groupe. Les élèves savent ce qu’ils doivent faire et connaissent l’attitude à adopter puisque tout ceci a été modelé et pratiqué. De plus, les forces des uns sont au service des autres afin que le groupe se supporte et soit parfaitement autonome. Ces périodes d’autonomie complète sont d’une durée d’environ 30 minutes et elles ont lieu de deux à trois fois par semaine.
La différenciation de l’enseignement est au cœur même de ce projet puisque c’est une démarche qui propose à chacun des élèves un travail qui lui est propre. Effectivement, que ce soit pour le 15% à 20% d’élèves qui nécessitent un enseignement supplémentaire ou encore pour l’élève qui a toujours tout terminé, ce projet fait en sorte de les supporter tous. Pour y arriver, il faut tout d’abord définir ce qu’est l’autonomie et l’autogestion avec les élèves et bien sûr s’entraîner à devenir une classe autonome. De plus, plusieurs ateliers d’apprentissage individuel sont nécessaires afin de pourvoir adéquatement les élèves qui sont plus rapides. Afin de rendre possible ce projet, il faut aussi donner plus de pouvoir aux élèves en leur distribuant des rôles à jouer pendant ces périodes. Le but étant d’éviter à tout prix de demander l’aide du professeur qui est occupé à enseigner en sous-groupe de besoins. Ainsi, la classe se supporte d’elle-même pendant que les difficultés et les stratégies sont révisées. C’est un peu comme la création d’une microsociété où le travail de chacun favorise celui de l’autre et ainsi de suite.
Étapes du projet
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1.Définition de l’autonomie/autogestion | Discussion en grand groupe sur ce qu’est l’autonomie et l’autogestion. Faire la différence entre une personne autonome et un groupe autonome (entraide). |
2.Pratiquer l’autonomie | Suite à l’explication et au modelage de l’activité, avec un chronomètre, calculer le temps d’autonomie de la classe lors des périodes de lecture (technique selon la méthode RAI). Si un élève lève les yeux de son livre, il faut arrêter le chronomètre. Inscrire le temps obtenu à un endroit visible de tous. Donner des défis de temps à atteindre et incorporer graduellement le travail personnel à ces périodes. |
3.Mettre en place des ateliers | Pour les élèves plus rapides, il est primordial de mettre en place des ateliers (dans la classe où j’ai réalisé mon stage, j’ai utilisé les ateliers RAI). Ceux-ci doivent se faire en autonomie complète. C’est-à-dire que chacun des ateliers doit contenir le matériel nécessaire à sa réalisation, des instructions détaillées et le corrigé. Une grille avec les noms des élèves et la totalité des ateliers doit aussi être affichée dans la classe. De cette façon, les élèves peuvent inscrire un «x» sous les ateliers complétés et ainsi éviter de les refaire. |
4.Forces au service du groupe | Les élèves sont invités à réfléchir à propos de leurs forces et à les mettre au service du groupe. Chacun doit trouver une force qui se situe du côté académique et une autre qui est plutôt en lien avec leur caractère. Cette étape peut être difficile pour certains, c’est pourquoi il est important de donner plusieurs exemples aux élèves et de les guider dans leur démarche. Les élèves travaillent individuellement et inscrivent leurs forces sur un petit papier qu’ils déposent dans une boîte fermée. C’est ensuite au professeur d’inscrire les résultats sur une feuille prévue à cet effet. Cette feuille lui sera utile lors de la sélection des mini-profs (voir prochaine étape). |
5.Mini-profs | Quelques élèves jouent le rôle de mini-profs lors des périodes d’autonomie : responsable des ateliers, gardien du silence, gardien du temps, expert en math, expert en arts plastiques, etc. Certains rôles assurent un climat propice au travail tandis que d’autres servent de référence pour les matières scolaires. Il est important d’expliquer et de modeler le travail fait par les mini-profs afin que tous se sentent à l’aise dans leur rôle. Ainsi, lorsque le professeur est occupé à travailler en sous-groupe de besoins, les mini-profs viennent en aide aux élèves qui ont des questionnements et ils assurent le bon déroulement de la période. La liste des mini-profs est visible de tous et elle varie selon le travail à accomplir. Les élèves en difficulté peuvent aussi devenir mini-profs, ils possèdent des forces tout comme les élèves plus forts. |
6.Autoévaluation et billets | À la fin de chaque période d’autonomie, les élèves sont invités à remplir une fiche d’autoévaluation. Ceci leur permet de faire le point sur ce qu’ils ont accompli et sur leur attitude face au travail. Un point de cette fiche leur demande aussi d’évaluer le climat de la classe en général. De plus, les élèves peuvent compléter, selon leur désir, des billets afin de remercier un élève, souligner une action, critiquer de façon constructive un évènement, etc. Ces billets sont déposés dans une boîte fermée et seront utilisés lors du conseil de coopération (voir prochaine étape). |
7.Petit conseil de coopération | La mise en place d’un conseil de coopération en lien avec les périodes d’autonomie est, selon moi, un bon moyen de responsabiliser les élèves et de leur donner un plus grand pouvoir de décision. Les points abordés lors du conseil sont tous reliés à ces périodes de travail en autonomie. L’ordre du jour est déterminé par l’enseignant mais ce sont les élèves qui dirigent le conseil (suite à un ou des modelages). Ils débutent par la lecture des billets puis le président amène les points un à un. Par exemple, les mini-profs peuvent être invités à parler de leur expérience et l’ensemble des élèves du climat de la classe ou encore chacun peut proposer des suggestions et les élèves passent au vote, etc. Un résumé est inscrit sur l’ordre du jour par le ou la secrétaire. |
Traces
- Amélioration des résultats suite aux rencontres en sous-groupe
-Sentiment d'efficacité et d'appartenance au groupe pour l'élève
- Billets et notes prises lors des conseils de coopération
- Changement d'attitude pour certains élèves (ils se sentent utiles malgré leurs difficultés, les élèves forts demandent parfois l'aide des ceux en difficulté et ceci à un effet surprenant sur ces derniers)
- Désactivation du réflexe qu'avait l'élève de toujours référer au professeur
Mots-clés
- Forces
- Coopération
- Autonomie du groupe