Notre stage s’est déroulé dans une école internationale dans un contexte particulier. En effet, nous étions en 6e année dans une classe flexible de 52 élèves en co-enseignement. Dans l’école, il n’y a pas de technicien en éducation spécialisé (TES) ni d’orthopédagogue étant donné qu’il y a peu d’élèves présentant des troubles d’apprentissage et/ou de comportement.
Nous avons remarqué que nos élèves étaient très curieux et informés. Ils sont dans un programme international depuis le début de leur scolarité, ce qui leur a permis de s’ouvrir à différentes cultures et à différentes opinions. Ils aiment la discussion et ils aiment apprendre sur de nouveaux sujets. Nos 52 élèves sont impliqués dans leurs apprentissages. De plus, ils sont autonomes et plutôt matures pour leur âge ce qui nous a permis de leur proposer un projet qui va au-delà du programme de formation de l’école québécoise.
En observant les 52 élèves de notre classe flexible, nous nous sommes rendu compte que les élèves parlaient énormément entre eux, qu’ils avaient de la difficulté à savoir quand parler, à ne pas parler en même temps que les autres et, du même fait, à écouter les autres parler, ce qui nous obligeait régulièrement à répondre à des questions auxquelles nous avons déjà répondu. Ils parlent souvent avec leurs voisins de classe, donnent des réponses sans avoir le droit de parole, expriment fortement leurs émotions et réagissent vivement. Il arrivait aussi que des élèves lèvent la main pour répondre à des questions posées, mais lorsqu’ils avaient la parole, ils ne se souvenaient plus de ce qu’ils voulaient dire. La grande majorité de ces défis se déroule au coin rassemblement (coin-causerie) où les élèves sont très près les uns des autres.
Pour répondre à leurs besoins, nous avons décidé de mettre en place un conseil de philosophie lors des moments où nous avions uniquement 26 élèves (les 26 autres étant en spécialité). Durant ces conseils, les élèves sont amenés à réfléchir sur différentes questions qui touchent des problématiques de la société actuelle afin d’exprimer leur opinion lors d’un cercle de discussion. Pour ce faire, nous avons commencé par expliquer aux élèves le fonctionnement du conseil, de même que nos attentes. À la suite de la présentation du projet aux élèves, il y a eu trois conseils. La discussion du premier conseil était en lien avec la possibilité de décevoir nos parents, le deuxième concernait la tricherie à l’école et le troisième visait la surconsommation durant la période des fêtes. Ces sujets sont axés sur le vécu et le quotidien de nos élèves.
Voici le déroulement typique d’un conseil de philosophie :
- Rappel des consignes et du déroulement du conseil ;
- Distribution des responsabilités (droit de parole, respect du droit de parole) ;
- Amorce du conseil (lecture d’un livre, lecture d’un article, observation d’une illustration, analyse de statistiques…) ;
- Discussion en dyade d’environ cinq minutes afin d’alimenter la réflexion (dyades créées par les stagiaires) ;
- Retour en plénière et discussion ;
- Autoévaluation et évaluation par un pair ;
- Si le temps nous le permet, retour sur le déroulement du conseil de philosophie.
Lors des séances, les élèves étaient en mesure de respecter les consignes et il y avait une forte participation de la part de tous. Toutefois, nous souhaitions que les élèves soient en mesure de transférer ces comportements (respect du droit de parole et participation active de tous) lors des enseignements ce qui, à notre avis, n’a pas été totalement le cas. En effet, durant les périodes d’enseignement, les élèves retrouvaient rapidement leurs vieilles habitudes de ne pas réfléchir avant de parler, de ne pas respecter les droits de parole, de réagir vivement au mauvais moment… Cependant, ce projet nous a permis de voir le potentiel de nos élèves ainsi que leur intérêt face à une activité de ce genre.
De plus, nous nous sommes rendu compte que notre conseil de philosophie touchait directement les compétences du 21e siècle suivantes : la pensée critique (analyser et synthétiser l’information), la résolution de problème (analyser, rechercher et organiser les faits, trouver une solution), la communication et la collaboration et l’information, les médias et la maîtrise de la technologie (obtenir, évaluer et utiliser l’information afin de créer des messages).
À la suite de cette constatation, nous sommes persuadées que le conseil de philosophie est une bonne manière d’atteindre nos objectifs en palliant les besoins de nos élèves. Néanmoins, nous croyons qu’intégrer ces compétences à celle du programme de formation à l’aide de différents projets, outre le conseil de philosophie, nous permettrait d’augmenter l’efficacité du transfert des comportements attendus dans diverses situations de la vie des élèves.
Par Cynthia Cayouette et Catherine Morin
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