J’ai réalisé mon projet d’intervention en contexte dans une école défavorisée de la Moyenne-Côte-Nord. Il s’agissait d’une classe de 4eannée constituée de 14 garçons et de 6 filles. Dès le début de l’année scolaire, j’ai observé que la majorité des élèves avaient de la difficulté en lecture.
Les examens de dépistage en lecture instaurés de la commission scolaire nous ont permis de constater que les élèves de cette cohorte avaient davantage de difficulté que celles des années précédentes. Plusieurs d’entre eux ne lisaient pas le texte avant de répondre aux questions ou simplement ne le comprenaient pas suffisamment pour pouvoir réutiliser l’information ou bien retourner dans le texte. Lorsqu’ils lisaient à voix haute, ils sautaient des mots, faisaient de mauvaises prédictions et avaient de la difficulté à respecter la ponctuation. Pour certains, leurs compétences à décoder et à mettre de l’intonation étaient semblables à celles des élèves de premier cycle. C’est alors devenu évident pour moi que leur motivation à lire et leur réussite en lecture étaient toutes deux compromises, j’ai donc choisi comme problématique pour mon PIC la fluidité en lecture.
J’ai d’abord écouté les élèves lire. J’ai pris un texte adapté à leur niveau, et pendant une minute ils lisaient. Je leur disais de lire à leur rythme et que ce n’était pas une course. Après une minute, je comptais le nombre de mots lu. Ça m’a aussi permis de les entendre lire à voix haute et prendre des notes de mes observations.
Comme première activité, j’ai révisé des concepts de base : les phonèmes et les graphèmes. J’ai utilisé des cartes de son. Je leur en montrais une, puis je segmentais le son. Par exemple, pour « val », je segmentais chaque lettre « v-a-l ». Nous avons fait quelques exemples ensuite, puis j’ai commencé mon activité. Je segmentais en phonème un mot inventé et ils devaient indiquer quels mots étaient le bon parmi ceux affichés sur le TBI. Ainsi, ils devaient faire de la fusion pour trouver la réponse. J’ai utilisé l’application Plickers, ce qui m’a permis de recueillir des traces des réponses des élèves.
Pour la deuxième activité, j’ai fait de la segmentation. Chacun pigeait un mot inventé, puis il devait le segmenter. Encore une fois, j’ai fait un retour sur les phonèmes et j’ai modélisé quelques exemples. Comme nous avons fait l’activité en plénière, tous ont pu bénéficier de l’exercice des autres.
Ensuite, je voulais leur montrer que l’expression lors d’une lecture donne beaucoup plus de sens à l’histoire et rend l’activité beaucoup plus agréable. J’ai d’abord lu un texte en n’y mettant aucune expression, puis je l’ai relu en lui donnant vie avec de l’expression et des voix pour les personnages.
Cette activité m’a servi d’amorce pour la prochaine activité qui était un théâtre de lecteur. En équipe de 5 ou 6 élèves, ils ont pris connaissance d’une pièce de théâtre adapté pour le 1ercycle. Ils devaient choisir un personnage et lire la pièce ensemble. Leur défi était d’ajouter de l’intonation et de se pratiquer à lire le texte pour que la lecture soit fluide. Pour bonifier l’expérience, ils étaient encouragés à bouger et à parler comme un personnage. Ils ne devaient pas apprendre le texte par cœur, mais bien lire par groupe de souffle. Avec un surligneur, ils devaient indiquer les mots où l’intonation était importante.
Pour terminer, j’ai refait l’exercice de départ. J’ai conservé le même texte et j’ai observé les élèves lire pendant une minute. Les progrès étaient impressionnants malgré le peu de temps. La majorité lisait en moyenne entre 10 à 20 mots de plus en une minute. Un ou deux élèves plus faibles s’étaient peu améliorés ainsi que les 5 lecteurs qui étaient les plus rapides.