J’ai réalisé mon stage 4 dans une classe de deuxième année. Les élèves provenaient de milieux familiaux favorisés et ils ne présentaient pas de besoins particuliers très prononcés. En effet, les troubles de comportements et d’apprentissages n’étaient pas très marqués et le groupe fonctionnait très bien au quotidien. Les élèves cheminaient bien dans les apprentissages scolaires. Dans cet ordre d’idées, j’ai voulu imaginer un projet qui permettrait aux élèves de se dépasser et d’apprendre tout en étant motivés. J’ai ciblé l’écriture comme la composante amenant le plus de défis à mes élèves et j’ai observé que plusieurs élèves étaient nerveux quand il était temps d’écrire ; ils n’avaient pas d’idées, ils avaient peur de faire des erreurs ou ils manquaient de motivation. Les élèves pouvaient écrire dans leur journal de bord lors de moments libres, mais aucun ne choisissait cette activité. En début d’année, nous avions écrit un livre collectif en nous basant sur le livre Une patate à vélo d’Élise Gravel et j’avais été impressionnée par l’implication de mes élèves dans ce projet. J’ai donc proposé à mes élèves l’écriture d’un « livret documentaire » sur un thème qui les passionnait. 

Après avoir fait une tempête d’idées des différents thèmes possibles, chaque élève a pu choisir un sujet (les sujets ont ensuite été approuvés). Puis, les différentes étapes de création ont été modélisées par la création d’un livret documentaire de groupe. Avant de laisser les élèves écrire leur introduction, par exemple, nous avons discuté de ce qu’est une introduction, j’ai affiché plusieurs introductions au tableau que nous avons lu et commenté, et ensuite nous en avons composé une en classe pour notre livre sur les rennes (sujet choisi en groupe). Des conseils d’écriture (personnalisés et de groupe) ont aussi été proposés aux élèves afin de rendre leurs livrets plus riches et complets. Chaque élève a donc composé une introduction, une conclusion ainsi que 5 pages informatives sur son sujet. J’ai profité de l’aide des orthopédagogues qui sont venues me soutenir pour une période d’écriture afin que nous puissions aider les élèves de manière plus personnalisée. L'accent n'a pas été mis sur les erreurs de langue, mais davantage sur le développement des idées, sur lécriture des phrases complètes et sur le plaisir d'écrire pour partager ses connaissances (les erreurs de langue ont été corrigées dans l'optique de fournir un produit final de qualité qui pourrait être partagé aux parents). Quelques élèves ont consulté des livres sur pour s’inspirer, mais la plupart n’ont pas eu besoin de ce support, et certains ont fait des recherches à la maison sans que cela ne soit demandé. Également, chaque élève a été amené à formuler une rétroaction anonyme à un autre élève afin de l’aider à améliorer son travail.

Pour motiver les élèves, je leur ai proposé d’écrire leur brouillon dans un cahier spécial d’auteur, puis nous avons, à l’aide du logiciel Keynote, transformé nos brouillons en vrais livres d’auteur que nous avons fait imprimer. Chaque élève avait hâte de montrer son livret à ses amis et sa famille, tous les élèves étaient très concentrés lors des périodes de travail et j’ai pu être témoin d’une implication impressionnante. Après le projet, l’écriture de livrets a été ajoutée aux activités que les élèves pouvaient faire lors de temps libres, et j’ai vu un grand nombre d’élèves écrire de manière autonome sur divers sujets au lieu de faire un casse-tête ou de la lecture, ce qui n’était pas le cas au paravent. Les élèves ne levaient plus la main pour savoir comment écrire chaque mot, ils écrivaient plutôt pour le plaisir et dans l’optique de partager leurs connaissances, comme un auteur, avec leurs camarades.