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PROJET D’INTERVENTION EN CONTEXTE

Contexte de classe
À l’automne 2015, j’ai réalisé mon dernier stage en enseignement dans une classe de préscolaire ayant une pédagogie différente, soit la pédagogie Waldorf. «  L’essence de la pédagogie Waldorf est de veiller non seulement au développement intellectuel des enfants, mais aussi à leur développement émotionnel et physique, tout en respectant le rythme et l’unicité de chacunDans toutes les matières, la pédagogie Waldorf vise à éduquer à la fois les mains, le cœur et la tête en faisant appel à la volonté, au sentiment et à la pensée. On retrouve à travers tout le processus éducatif Waldorf les travaux manuels, les manipulations concrètes et les arts. » Il y avait 20 élèves dans la classe, soit 10 garçons et 10 filles. Dès le début du stage, il y avait beaucoup de conflits entre les élèves autant dans la classe qu’à l’extérieur soit lors des récréations ou encore lors des périodes de diner. En général, les situations conflictuelles se produisaient particulièrement lors des moments de transitions et des jeux libres. Il arrivait aux enfants d’être maladroits dans leur manière de s’exprimer et dans leurs comportements réactifs. Je me devais donc de leur donner des outils et des stratégies pour les aider à développer des habiletés sociales de résolutions de conflits. Tous les élèves avaient besoin de soutien pour apprendre à mieux vivre ensemble et à jouer ensemble harmonieusement. Ce projet avait alors pour but de soutenir les élèves afin de les aider à apprendre comment gérer leurs conflits, à partager et à se respecter les uns les autres.

Ma collègue de stage qui était dans la classe de première année à la porte voisine avait le même genre de défis que moi dans sa classe. Nous avons donc commencé à réfléchir ensemble à une façon d’introduire un système de résolution de conflits efficace pour améliorer notre gestion de classe et les habiletés sociales des élèves. C’était une évidence pour nous qu’avant de travailler sur les apprentissages cognitifs, il fallait travailler le vivre ensemble. Pour ce faire, notre porte d’entrée était les contes et l’univers merveilleux, élément pédagogique privilégié dans la pédagogie Waldorf pour enseigner aux élèves de cet âge. Nous avons finalement créé un personnage issu d’une forêt enchantée qui allait transmettre aux élèves les bonnes attitudes sociales que nous souhaitions voir naitre au sein de nos classes. Tout au long du projet, le lutin allait apporter en classe plusieurs objets trouvés dans la forêt qui allait devenir des symboles des étapes d’une bonne résolution de conflits. Nous espérions ainsi créer des images intérieures chez les élèves afin de leur permettre d’intégrer de façon durable ces leçons d’habiletés sociales.

Description du projet
Il s’agissait donc de donner aux enfants des stratégies et des outils pour qu’ils soient en mesure de mieux gérer leurs émotions et leurs conflits au quotidien. Ces stratégies/outils étaient transmises aux élèves par le biais de petites histoires racontées ainsi que par de courtes activités ludiques introduites par une lettre du lutin Brin d’Amour. Ce petit lutin aux grandes oreilles a entendu et vu beaucoup de conflits au cours de ses nombreux voyages et il souhaite transmettre ses trucs et conseils aux élèves de la classe.

Boite aux lettres magiques
Quelques fois par semaine, il y avait une lettre envoyée d’un petit lutin qui était déposée dans la boite aux lettres magique. Chaque lettre était adressée aux enfants et leur permettait d’apprendre de nouvelles choses en ce qui a trait à la résolution de conflits.

Conseils pratiques
De plus, il y avait au besoin, un petit mémo ou un conseil pratique qui était déposé dans la boite magique pour faire un petit rappel aux enfants d’un bon comportement à adopter. Ces mémos servaient d’outil de rappel pour les élèves présentant des difficultés en résolution de conflit. Ils pouvaient également être utilisés de manière individuelle pour tenter d’aider stratégiquement et d’outiller davantage un enfant en particulier.

 

Durée du projet
La mise en place et l’application de mon projet s’échelonnent principalement sur quatre à cinq semaines. Toutefois, étant donné que c’est un projet qui vise l’apprentissage des habiletés sociales de résolution de conflits durables, il sera donc préférable de l’utiliser jusqu’à la fin de l’année scolaire. À la fin des quatre étapes de résolution de conflits, les élèves apportaient à la maison leur roue des 4 étapes réalisée en classe avec de l’aquarelle.

Étapes  avec signification des couleurs pour la roue de la résolution de conflits
1. Se calmer (proposition de différents moyens) ROUGE
2. Se parler (exprimer les faits, ce qui s’est passé, dire ses sentiments et en écoutant l’autre exprimer comment il s’est senti) BLEU
3. Chercher (explorer des solutions possibles) JAUNE
4. Trouver (s’entendre sur une solution satisfaisante pour les deux personnes - une solution gagnant/gagnant) VERT

Déroulement du projet

1.   Lancement du projet

Objectif : reconnaitre une situation conflictuelle.

Présentation du petit lutin Brin d’Amour, aux grandes oreilles. Il vient du pays des fougères. Découverte de la boite aux lettres avec plusieurs objets dont les enfants comprendront la signification au fil des semaines.

Pour mieux connaitre les connaissances des élèves en ce qui a trait à la résolution de conflits, le petit lutin questionne les enfants. Il leur demande ensuite de dessiner une situation de conflits qu’ils ont vécus dernièrement. Les dessins sont déposés dans la boite aux lettres et envoyées au Lutin Brin d’amour.

 

2.   Se calmer (détente)

Colère représentée par une plante pleine d’épines. Causerie sur l’importance de se calmer avant d’entrer en contact avec les autres et les moyens utilisés pour se calmer (respirer, changer de pièce pour relaxer, faire du dessin, aller dans sa chambre).

Technique de respiration et séance de relaxation au retour de la récréation du midi. Un petit galet tout doux représente le calme après s’être senti comme une plante épineuse.

 

3.   Se parler et s’écouter (jeu du téléphone)

À partir d’un dessin de conflit d’un élève, modélisation des points importants pour se parler et s’écouter avec des élèves à l’avant de la classe. Le cristal de la parole donne le droit de parole à celui qui le détient et l’autre doit écouter attentivement avec son coquillage.

Jeu du téléphone en classe pour démontrer l’importance de l’écoute du message.

 

4.  Reconnaitre les sentiments

Pour attirer leur attention sur l’aspect « je dis comment je me suis senti » de l’étape précédente, le petit lutin a apporté une paire de lunettes aux enfants pour leur montrer à bien observer comment ils se sentent et observer les autres pour mieux interpréter leurs sentiments. Activité de mimes des émotions de bases (colère, tristesse, joie, peur) en grand groupe pour s’exercer à mieux les reconnaitre. Les élèves devaient mettre leur paire de lunettes pour devenir de fins observateurs. Activité de mimes en petits groupes pour réinvestissement.

Réalisation d’une aquarelle avec les quatre couleurs de la roue de résolution de conflit.  

 

5.   Trouver des solutions

Étape symbolisée par un champignon : « Tout comme il y a plusieurs lamelles sous un seul champignon, il y a plusieurs solutions possibles pour un conflit ». Voilà ce que le petit lutin a appris au pays des gnomes dans ses nombreux voyages… Petite mise en scène avec deux chevaux en laine qui sont attachés ensemble à une corde. Chacun des animaux veut aller de son côté pour manger la nourriture qui s’y trouve, mais aucun n’y arrive évidemment! Diverses solutions proposées par les élèves pour les aider. (Y aller chacun son tour, unir leur force pour couper la corde, etc.)

 

6.   Chercher LA solution gagnant/gagnant

Après avoir trouvé différentes solutions possibles afin de résoudre le conflit entre les deux chevaux, les enfants ont eu à trouver la solution la plus satisfaisante pour les deux chevaux, la solution gagnant/gagnant. Cette étape était symbolisée par un cœur en or réalisé avec deux bouts de fils : « Quand les deux partis s’unissent pour trouver une solution gagnant-gagnant, le cœur est complet et brille! »

Au fil des jours, j’ai remarqué l’importance à cette étape de montrer à l’enfant comment faire. Il faut d’abord vérifier auprès de chacun s’il est d’accord avec la solution choisie. Certains enfants ont besoin d’aide pour prendre leur place, car ils veulent soit faire plaisir ou ont tendance à trop céder. Il faut alors prendre le temps de les amener à renforcer la confiance en soi. D’autres enfants ont à apprendre à faire des compromis ou à attendre leur tour. Il faudra donc les accompagner pour les amener à prendre les bons choix.

 

7.   Construction de la roue de résolution de conflits

Durant une période de bricolage, chaque enfant a découpé ses quatre couleurs en suivant la ligne directrice et les a ensuite collés en suivant l’ordre des couleurs. Pour terminer leur roue, ils avaient le choix de faire un dessin libre ou encore de dessiner les outils que nous avions utilisés en classe pour se souvenir des étapes de résolution de conflit.

 

8.   Fin du projet pour le stage

Retour général sur l’ensemble des étapes de résolution de conflits et remise à chaque élève de leur roue de résolution de conflit réalisée en classe pour qu’ils puissent l’utiliser à la maison.

 

Outils d’évaluation
Au tout début du projet, j’ai ressorti les critères d’évaluation reliés à chacune des étapes du projet afin d’évaluer quels étaient les défis de chaque élève par rapport à leur façon de résoudre les conflits. Cette feuille a aussi été remplie à la fin de mon stage afin de voir si les enfants avaient cheminé grâce à mon projet d’intervention en contexte.

Pour chaque activité qui introduisait une étape de résolution de conflit, je notais les commentaires et réactions des enfants de même que leur intérêt et leur engagement dans l’activité.

Afin de garder des traces de mes interventions et de mes observations, j’ai utilisé des grilles d’observations ayant de grands espaces pour pouvoir écrire en détail les faits.

 

Résultats du projet

Dans le cadre du projet, les élèves ont eu l’occasion de pratiquer à plusieurs reprises les différentes étapes de résolution de conflits. L’accompagnement de l’adulte était nécessaire pour la bonne mise en application des différentes étapes du processus de résolution de conflits. Je tenais à ce que la fondation de leurs nouvelles habiletés soit durable et significative pour eux. Je me devais donc d’être présente et de leur donner tout le soutien dont ils avaient besoin pour bien apprendre ces habiletés. De ce fait, chacune des étapes du processus de résolution de conflits devient l’occasion de travailler certains indicateurs reliés aux compétences du programme du préscolaire (PFEQ). Ces compétences visent le développement global de l’enfant. De nombreuses situations, dans le vécu quotidien de la classe, offrent des opportunités pour les travailler lorsqu’on sait les reconnaitre. On peut ainsi, choisir en fonction de chaque enfant quels indicateurs sont prioritaires dans son développement personnel.

L’aide de l’adulte à chacune des étapes du processus de résolution de conflits permet aux enfants de développer de multiples habiletés sociales qu’il peut ainsi exercer et consolider dans le vécu quotidien de la classe. Peu à peu, chacun à son rythme va s’approprier cette démarche qui va l’aider à résoudre de plus en plus par lui-même ses conflits.

Ce projet a beaucoup évolué au fil des jours et s’est adapté selon les différents contextes vécus avec les élèves. J’ai remarqué que plusieurs élèves utilisaient quelqu’une des techniques de résolution de conflit de manière autonome. Il y avait une certaine ouverture à se détacher du problème pour tenter de devenir meilleur, comme le lutin Brin d’Amour. Bref, ce que j’en retiens le plus en tant qu’enseignante, c’est l’importance de rester centré sur les besoins réels des enfants tout en étant en contrôle des objectifs d’apprentissages souhaités. Comme précisé plus haut, pour que ce projet fonctionne auprès des élèves et pour que ceux-ci réussissent à s’approprier les habiletés sociales de résolution de conflits, il doit s’échelonner sur une longue période, soit toute une année scolaire. En leur laissant le temps d’apprendre, à leur rythme, ils réussiront donc à se les approprier de manière durable.

 

Citation tirée du site Internet de l'école des Enfants-de-la-Terre : 
http://www.enfants-de-la-terre.org/

Cohorte