Mon projet consistait à proposer différentes activités aux élèves, de façon ponctuelle, afin de favoriser le développement de leur attention.
Intentions d’intervention :
Le projet s’adressait à l’ensemble des élèves de la classe, car l’enseignante et moi avions remarqué que plusieurs d’entre eux avaient une capacité d’attention assez faible. Travailler l’attention était un besoin omniprésent dans la classe. Puisque « l’attention n’est pas une habileté passive, mais plutôt une série d’aptitudes et de stratégies cognitives que les enfants doivent développer et utiliser à bon escient [1]», il est nécessaire de les guider et de les soutenir dans cet apprentissage. C'est ce que j'ai tenté de faire par le biais de mon PIC.
Bien entendu, certains élèves éprouvaient moins de difficultés attentionnelles que d’autres. Pour ces élèves, le projet constituait une intervention préventive. L'objectif était de leur permettre d’améliorer leur attention et d'ainsi contribuer à leur réussite tout au long de leur parcours scolaire, car « les fonctions d’apprentissages dont la mémorisation dépendent directement de l’attention.[2] » En effet, c’est l’attention qui conditionne l’efficacité des autres activités cognitives sollicitées à l’école.
Observations faites quant à l’attention dans ma classe de stage:
-Difficulté à rester immobiles (bouger sur sa chaise, se tourner vers l’arrière, fouiller dans leur bureau, etc.) lorsque des consignes sont données ou lorsque les élèves sont en travail individuel à leur place.
-Difficulté à rester assis à leur place lors des moments en grand groupe et lors du travail individuel (difficulté à rester centré sur ce qui est demandé).
-Difficulté à se souvenir des consignes données (plusieurs répétitions sont nécessaires).
-Peu de résistance lors de la lecture silencieuse le matin, du moment de travail individuel au retour du dîner, de la calligraphie et de différentes tâches à faire individuellement.
Les principales étapes:
1. Introduction de la comptine « branché » (comptine de madame Jo-Anne Edger et adaptation libre par l’équipe du préscolaire et de 1ère année de l’école du Soleil-Levant). Celle-ci était utilisée pour préparer les élèves à être attentifs en début d’activité et en cours d’activité au besoin pour les amener à se recentrer sur la tâche à accomplir.
2. Introduction de l’activité « la conscience corporelle » qui consiste en un concours d’immobilité au cours duquel les élèves sont invités à rester immobiles le plus longtemps possible. L’activité a pour but de développer la capacité d’auto-contrôle corporel des élèves et à les aider à prendre conscience de leur corps ainsi que de la maîtrise qu’ils peuvent ou non avoir sur leur besoin de bouger.
3. Introduction du « jeu des consignes » qui consiste en des séries de consignes simples que les élèves exécutent après qu’une lecture en ait été faite. Elle stimule la mémoire auditive à court terme qui est essentielle à la capacité attentionnelle. Tout en la développant, les élèves sont amenés à prendre conscience de stratégies leur permettant de mieux l’utiliser.
4. Introduction de l’activité « la mémoire auditive à court terme » qui consiste à stimuler et à développer la mémoire auditive à court terme afin d’améliorer la capacité mnémonique des élèves. Ces derniers sont invités à se rappeler d’une série de chiffres qui leur est lue avant de l’écrire sur une feuille. La série est lue une seule fois puisque le but de l’exercice est de bien saisir du premier coup.
Constats:
Comptine « branchée » :
Chaque vendredi ou jeudi s’il y avait une journée pédagogique, je choisissais un moment où j’utilisais la comptine (un moment où la nécessité se faisait sentir) et je comptais le nombre d’élèves qui étaient en position de travail. Pendant la semaine, il m’arrivait souvent, surtout au début, de répéter la comptine une deuxième fois afin de faire en sorte que chacun se mette en position d’écoute. Par contre, la dernière journée de la semaine, je ne la faisais qu’une seule fois. Je voulais ainsi voir qui était prêt à travailler après une seule répétition.
-Il y a eu une amélioration visible du nombre d’élèves en position de travail à la fin de la comptine. Par contre, ce ne sont pas tous les élèves qui la chantent et qui font les mouvements. Comme le but de l’activité est d’être prêt à travailler, donc d’avoir une position de travail, cela importe peu si le résultat y est.
-Lorsque le résultat est de 18/19, il s’agit toujours du même élève qui n’est pas en position de travail à la fin de la comptine. Celui-ci présente des particularités qui font en sorte que c’est plus difficile pour lui. Par contre, j’ai observé à quelques reprises qu’il est capable lui aussi de le faire.
-Je n’ai pas été en mesure de calculer la durée du maintien de la position de travail. Par contre, j’ai vu une amélioration au fil du temps.
Activité « la conscience corporelle » (la statue):
-Il y a eu une amélioration de plus de 3 minutes pour l’ensemble de la classe (mis à part 2 élèves qui ont un TDAH).
-À tout moment, lorsque je sens les élèves agités, je me sers de notre jeu de « statue » pour leur rappeler qu’ils sont capables de rester immobiles pendant plusieurs minutes. Cela les motive à être bien à l’écoute et à réinvestir les stratégies qu’ils ont développées lors du jeu. Au besoin, je leur demande de me redire les trucs qu’ils utilisent lors de celui-ci. Le jeu de la statue devient donc, en quelque sorte, un outil dont je peux me servir de façon quotidienne afin d’éveiller les élèves au fait qu’ils sont capables de rester immobiles pour une longue période de temps. J’ai observé que ce simple rappel les met au défi. Les élèves, ne voulant pas moins bien performer que dans le jeu, s’efforcent de rester alertes, car ils se savent capables de le faire. Cela fait ainsi appel à leur côté affectif.
Le « jeu des consignes » :
J’ai tenté à quelques reprises de faire le « jeu des consignes » avec les élèves. Chaque fois, bien que je leur expliquais qu’il n’y avait que moi qui avais le droit de taper des mains, plusieurs d’entre eux s’amusaient à le faire.
J’ai remarqué que cette activité apportait une stimulation supplémentaire aux élèves. En plus de leur donner des consignes, ils devaient attendre que je tape des mains. Ils étaient ainsi stimulés par cet autre ordre de consigne. En me voyant taper des mains, eux aussi voulaient se joindre à moi et ne comprenaient pas pourquoi ils ne pouvaient pas répéter l’ensemble des actions que je posais comme c’était le cas dans les autres activités proposées.
Dans les minutes suivantes, chaque fois que je demandais quelque chose, les élèves me disaient que je n’avais pas tapé dans mes mains. Le but de l’activité était de mémoriser des consignes en s’aidant d’une gestuelle. Bien que je leur expliquais chaque fois qu’il y avait des moments précis pour jouer à ce jeu, ils n’étaient pas capables de faire la coupure. Pour eux, le fait de taper des mains représentait le centre de l’activité et les consignes devenaient tout à fait secondaires. Après une dizaine d’essais, voyant que je n’arrivais pas à développer la capacité de mémorisation avec cette activité, j’ai décidé de mettre mon énergie ailleurs et de mettre davantage l’accent sur une autre activité permettant le développement de la mémoire auditive : l’activité « la mémoire auditive à court terme ».
L’activité « la mémoire auditive à court terme » :
-Les résultats démontrent une progression d’un essai à l’autre, sauf pour la journée du 7 novembre. En effet, le nombre d’élèves ayant réussi les 5 séries est plus faible que la fois précédente. Je crois que le fait que l’activité a été faite après deux longues évaluations peut avoir eu un impact sur les résultats, car les élèves ont dû fournir beaucoup d’efforts au point de vue cognitif dans les minutes précédentes, et ce, de façon soutenue. Les autres essais, quant à eux, ont eu lieu en fin de période de travail dans un contexte un peu plus détendu.
-Après chaque essai, les élèves étaient invités à partager les stratégies qu’ils avaient utilisées afin de mémoriser les séries de chiffres, par exemple répéter les chiffres en boucle dans leur tête, faire un « rap » avec les chiffres ou même s’en faire une image mentale lorsqu’ils les entendaient. En classe, lorsque les élèves avaient à mémoriser certains éléments comme les choses à mettre dans leur sac le soir ou le matériel à sortir pour une activité, je les invitais à se rappeler ces différentes stratégies. Ils ont ainsi été éveillés à l’importance de se doter de trucs afin de se remémorer des éléments énumérés.
Ainsi, un réinvestissement quotidien des acquis développés par cette activité en contexte de classe a été fait. Même s’il n’y a pas de résultat quantifiable quant à savoir comment cette activité a influencé le comportement des élèves en contexte régulier de classe, il est possible d’affirmer qu’il y a eu un changement positif dans leur comportement, ce qui témoigne du transfert d’acquis.
Mots-clés qui résument mon projet : attention, concentration, auto-contrôle et stratégies.
[1] Alain CARON, Programme Attentix: gérer, structurer et soutenir l'attention en classe. Montréal: Chenelière/McGraw-Hill, 2002 [ie 2001], 2001, p. 15.
[2] Suzie BEROARD et Michèle DREIDEMY, Concentration, méthode 3C et réussite scolaire, Martinique : Mémoire moniteur méthode éducative 3C : concentration, calme, contrôle, 2011-2012, p. 11.
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