Suite à l’observation du contexte de ma classe, j’avais identifié un problème : la période d’étude du matin (routine de 15 minutes lors de laquelle ils devaient étudier). Ils n’appréciaient pas du tout ce moment de la journée et ils m’en faisait part régulièrement (le problème concernait l’ensemble des élèves). De plus, en les observant, j’avais remarqué que l’objectif de départ n’était pas atteint : ils n’étudiaient pas. Effectivement, ils ne faisaient que sortir leurs cahiers et ils perdaient leur temps. J’avais donc décidé de faire un projet qui visait à rendre les périodes d’études plus agréables afin de réellement atteindre l’objectif souhaité : qu’ils étudient. 

Les routines d’études se faisaient tous les jours impairs du cycle (1,3,5,7 et 9). Dès que les élèves avaient terminé leur routine d’entrée, ils allaient rejoindre leur équipe pour commencer rapidement la routine d’étude. Chaque jour, nous étudions quelque chose de différent : (Jour 1 : les tables, jour 3 : le vocabulaire, jour 5 : la conjugaison, jour 7 : la notion de mathématique et jour 9, la notion de grammaire). Pour chaque contenu, il y avait une activité différente.

Comme il y avait 21 élèves dans ma classe, j’avais créé 3 équipes de 7 élèves (équipes stratégiques). Après chaque routine, nous décernions la victoire à l’équipe gagnante. Je comptabilisais les résultats dans une grille et à la fin du cycle, nous faisions un petit podium pour classer les 3 équipes.

Les tables

J’ai créé des cartes bingo contenant des réponses aux multiplications (de 1 à 12). J’animais cette activité. Je dictais des tables et s’ils l’avaient dans leur grille, ils pouvaient colorier la case. Lorsqu’ils avaient un bingo, ils levaient la main, j'allais les valider et le bingo comptait pour 1 point. Cette activité se faisait de manière individuelle, mais les points étaient comptés par équipe. (Comme le but était de les étudier, les élèves pouvaient utiliser leur outil : feuille de tables). 

Le vocabulaire

Course à relais (nous restions à l’extérieur pour faire cette activité). Les trois équipes étaient placées côtes à côtes, en file. Le premier de chaque équipe courait jusqu’au cône et pigait un mot de la liste de vocabulaire en cours. Il devait l’écrire sur le tableau blanc effaçable. Lorsque c’était fait et que j'avais validé l’orthographe, il repartait pour aller taper dans la main de l’autre membre de son équipe qui partait à son tour. L’équipe gagnante était celle qui terminait la liste de vocabulaire en premier.

La conjugaison

Un élève par équipe tenait le tableau blanc. Je donnais un verbe à conjuguer, par exemple : aimer, à la première personne du pluriel, au futur simple. Ils avaient 20 secondes pour consulter les membres de leur équipe et ils devaient ensuite écrire la réponse sur le tableau blanc effaçable. Je validais les réponses, ceux qui avaient la bonne récoltaient 1 point. L'élève passait ensuite le tableau blanc à un autre membre de l’équipe.

La notion de mathématique

Jogging mathématique fourni par Décimale. Au TBI, je projettait le jogging et les élèves y répondaient dans leur cahier Canada de mathématiques. Je ramassais les cahiers et j’en faisais la correction rapide au cours de la journée. Cette activité se faisait de manière individuelle, mais les points étaient comptabilisés par équipe.

La notion de grammaire

Je préparais un questionnaire sur les notions de grammaire à étudier aux élèves. En équipe, ils devaient se consulter pour identifier la bonne réponse à chaque question. Un porte-parole par équipe donnait la réponse qui avait fait consensus et ils devaient expliquer leur choix par des arguments grammaticaux. Chaque équipe qui avait la bonne réponse récoltait un point.

Mes intentions étaient bien précises avec la mise en place de ce projet. En effet, je souhaitais rendre la période d’étude efficace, ce qui était la principale mission, mais je voulais aussi offrir un encadrement plus serré à mes élèves qui m’en avaient fait sentir le besoin. Effectivement, ils étaient peu à l’aise d’étudier de manière autonome et ils n’avaient pas nécessairement de stratégies d’étude efficaces non plus. Par ailleurs, j’avais aussi remarqué que plusieurs élèves avaient besoin de développer leurs habiletés sociales (communiquer respectueusement leurs idées, notamment). Ce projet a donc aussi permis aux élèves de s’habituer à travailler en équipe afin d’atteindre un but commun. Ils devaient faire preuve d’esprit d’équipe, d’entraide et de respect.

Avec du recul, je considère que les résultats de mon projet sont très positifs. En effet, les élèves étaient beaucoup plus investis dans la période d’étude qui était devenue une partie de plaisir pour eux. Par le choix des approches pédagogiques que j’ai fait, j’ai réussi à mobiliser leurs intérêts afin qu’ils soient motivés, ce qui était mon problème initial. Effectivement, les périodes d’études avant le tournoi n’étaient pas bien utilisées et les élèves n’étudiaient pas. Lors du tournoi d’étude, j’ai constaté que ces périodes étaient rapidement devenues significatives et efficaces : les élèves étaient tous engagés dans la tâche, comme c’était intéressant de les entendre discuter et construire leurs connaissances ensemble ! Ils ont vraiment apprécié le projet et ils m’en redemandaient toujours plus (même les journées où ce n’était pas à l’horaire !). Lorsque j’ai terminé mon stage, je leur ai demandé ce qu’ils avaient le plus aimé lors de mon passage dans la classe et pour la majorité, c’était la routine tournoi. Alors pour moi, c’est mission accomplie ! De plus, les élèves sont maintenant mieux outillés pour étudier de manière autonome puisque je leur ai montré plusieurs façons ludiques de le faire. D’ailleurs, plusieurs ont réinvesti les approches que je leur avais proposées, ce qui me confirme l’efficacité de mon projet.