Mon stage se déroulait dans le secteur de Saint-Augustin-de-Desmaures, un secteur dont le milieu socioéconomique est majoritairement favorisé. J'ai effectué mon stage à l'école des Pionniers en maternelle. J'avais un groupe-classe de dix-sept élèves. Plus de la moitié des élèves sont des élèves qui ont de la facilité à exprimer leur besoin, mais le font de manière impulsive. La majorité du groupe a beaucoup d'énergie et a besoin de bouger régulièrement et fréquemment dans une journée. Quelques élèves partent facilement dans leurs pensées sans en nécessairement être conscient, prennent peu d'initiative lors des périodes en plénière et semblent écouter de manière passive. 

Mon projet consistait à faire découvrir aux élèves des manières diverses pour répondre à leurs besoins physiologiques et cognitifs. Cela dit, lors des semaines intensives de prise en charge, les élèves avaient l'occasion d'être à l'écoute de leur état et de trouver des moyens de répondre à leurs besoins. Afin d'amorcer le projet, j'ai entamé une discussion avec les élèves portant sur la vie en groupe-classe et leur façon de modifier leur comportement en fonction de l'environnement. Dans divers contextes la dynamique de mon groupe-classe se caractérise comme étant bavard, énergique, et comme ayant une très courte durée d'attention. Cette dynamique se remarque assez rapidement, et ce,  peu importe la visite venant dans la classe ou peu importe l'enseignant, exemple, lors des ateliers de la psychologue sur les fonctions exécutives du cerveau, lors des ateliers de l'ergothérapeute portant sur l'impact d'une bonne posture de travail et d'écoute pour la santé et le développement, lors d'une visite au Musée, lors de la visite d'ambulanciers, lors de la visite de l'infirmière, lors de la prise en charge par des remplaçants et lors d'activités interclasse. Avant de choisir ce projet, j'ai recueilli des photos de la position assise des élèves au sol au début d'une période et au moment où ceux-ci commençaient à gigoter. J'ai tenu compte du temps que ceux-ci arrivaient à maintenir une bonne position. À la lumière de mes observations et des données recueillies, j'ai pu constater que la majorité des élèves du groupe avaient une très courte durée attentionnelle. Ainsi, puisque le but principal du projet est de partir des besoins de mes élèves, j'ai donc choisi de partir de cet élément. J'ai choisi celui-ci puisque c'était celui qui revenait le plus fréquemment. J'ai également choisi cet élément, car j'ai remarqué que cette tendance amenait les élèves à retirer peu de bénéfice sur le plan des apprentissages et puisque cela concerne une grande majorité d'élèves, cela affectait par le fait même le climat de classe. Au regard de cette situation, je me suis questionnée à savoir de quelle manière je pourrais aider les élèves à allonger leur capacité à maintenir leur attention. C'est donc l'idée de leur donner l'occasion de dépenser leur trop-plein d'énergie que je me suis arrêtée. C'est alors que mon projet s'est dirigé vers l’idée d’intégrer des moments d’activation physique variés à travers le quotidien de la vie de classe des élèves. De cette manière, j’ajuste le rythme des apprentissages afin de répondre à leurs besoins. En effet, de nombreuses recherches affirment que l'exercice physique a des impacts sur la capacité d'attention. Afin d'intégrer cette variante à la dynamique de classe, j'ai intégré un système permettant aux élèves de choisir d’eux-mêmes les moments où ils ressentent le besoin de bouger, de s'activer pour retrouver leur capacité attentionnelle et leur éveil en classe. Une flèche jaune était alors aimantée au tableau et pouvait intercepter n’importe quelle activité en cours, et ce, à n’importe quel moment. Pour ce faire, les élèves devaient lever la main, réclamer la flèche et demander son utilisation. Du côté des apprentissages, les élèves sont amenés de cette façon à prendre conscience de leurs besoins et de trouver une solution pour y répondre : la flèche. Cette flèche leur permet d’intercepter le cours et de s’activer pendant cinq minutes intensives pour dépenser leur trop-plein d'énergie, ou l'inverse, pour retrouver l'état d'éveil afin de mieux participer aux activités proposées. Au début, je les aidais à prendre conscience des moments qui leur seraient bénéfiques et je leur nommais les comportements qui m'ont permis de percevoir qu'ils ressentaient probablement le besoin de bouger. De cette manière, je les amenais à comprendre ce à quoi sert la flèche et à quel moment ils pouvaient l'utiliser. De plus, en leur mentionnant les moments opportuns, je les amène progressivement à être à l'écoute de leurs besoins et à les nommer, ce qui fait partie d’un des apprentissages à faire à la maternelle (compétence 2 : affirmer sa personnalité, composante 1 : répondre progressivement à ses besoins physiques, cognitifs, affectifs et sociaux —> exprimer ses besoins et trouver des moyens d’y répondre) (PFEQ, 2006, p.57). Cette façon de faire s'inscrit par ailleurs dans l'approche de l'enseignement explicite. Puisque ce sont des enfants de cinq ans, il leur est difficile de faire ces prises de conscience. Ainsi, en les accompagnant et en leur faisant remarquer les indices observables de leur corps, je les aide à prendre conscience de leur état physique et physiologique (s’ils sont disposés ou ils ne le sont plus et remédier à la situation en informant un adulte). De plus, puisque ce droit d'affirmer leur besoin ne leur a pas été offert depuis le début d'année, il se peut que ceux-ci ne soient pas portés à penser à demander l’utilisation de la flèche. Ainsi, en leur donnant des exemples de moments idéaux, je les aide à intégrer ce nouveau système. Il est important de préciser que ce projet et l'intégration de la flèche ont pour but de répondre au besoin du plus grand nombre de mon groupe. Ainsi, lorsqu'un élève nommait son besoin de bouger et réclamait la flèche, la stratégie du vote à main levée était privilégiée. Il fallait que plus de la moitié du groupe acquiesce pour que la flèche puisse être utilisée. Lorsque l'utilisation de la flèche était acceptée, l'enseignante partait un Time-Timer de cinq minutes et les élèves devaient commencer les exercices proposés aussitôt. Afin d'assurer l'efficacité de la flèche et qu'elle ait les effets escomptés (améliorer la concentration et la capacité d'écoute), à la sonnerie du Time-Timer les élèves devaient sans délai revenir s'asseoir sur leur petite bande au sol et recentrer leur attention sur la tâche. Dans le cas où l'utilisation de la flèche faisait l'effet contraire, c'est-à-dire, les énerver au lieu de les calmer, il en revenait à l'enseignante de choisir les moments d’utilisation de la flèche.  

Le but de la flèche est donc de les amener à en prendre conscience par eux même de leur(s) besoin(s), les affirmer et y répondre. Dans le cas proposer le moyen pour y répondre était l'exercice physique (l'utilisation de la flèche). La raison pour laquelle je n’ai pas offert divers choix pour répondre à leur besoin était de leur faire découvrir les bénéfices de l’exercice physique sur leur capacité attentionnelle. C’est donc en expérimentant ce moyen qu’ils pouvaient concrètement découvrir les bénéfices de celui-ci. À la fin de chaque activation, je leur faisais également faire une courte routine d’étirement et de respiration thoracique. Le but de la flèche était également de donner du pouvoir aux élèves dans la journée afin d’augmenter leur motivation à être en classe, renforcer la chimie du groupe, renforcer le sentiment de bien-être et aussi de voir que leurs besoins peut être entendu et écouté lors d’une journée en classe.

Pour pouvoir tirer des conclusions concluantes quant à l’efficacité du projet, il aurait fallu qu'il ait été implanté et observé sur une période de plus d'un mois. Les élèves ont commencé à prendre conscience de leur besoin au cours de la deuxième semaine du troisième bloc. Ainsi, cela laisse peu de temps pour voir si ce moyen était efficace et apprécié par les élèves.

Les compétences touchées dans ce projet sont entre autres la compétence 1 et la compétence 2. Pour la compétence 1 : agir avec efficacité dans différents contextes sur le plan sensoriel et moteur, mon projet touche entre autres la composante 1 : élargir son répertoire d’actions,  dans laquelle il expérimente des actions de motricité́ globale variées (Just dance, zumba, stations d’exercices, dé d’entrainement, etc.) et porte attention à ses réactions sensorielles et corporelles (découvrir ce que représente l’état de sérénité, lien avec le monstre des émotions), la composante 2 : adapter ses actions aux exigences de l’environnement, dans laquelle l’élève se situe dans l’environnement physique et expérimente des séquences d’actions (proposées par l'enseignante : 5 minutes d’activation + atelier de motricité global) et la composante 3 : reconnaitre des façons d’assurer son bien-être, dans laquelle il est amené à prendre de bonnes postures, s’exercer à la détente, identifier de bonnes habitudes de vie pour sa santé (afin de travailler le tonus et l’écoute active). La compétence 2 : affirmer sa personnalité est également touchée dans mon projet. C’est principalement la composante 1 : répondre progressivement à ses besoins physiques, cognitifs, affectifs et sociaux, dans laquelle il est amené à exprimer ses besoins et trouver des moyens d’y répondre, qui est ciblée.

Afin de faire du renforcement positif et de favoriser la reconnaissance des bénéfices de l'exercice physique sur l'apprentissage dans la routine quotidienne d'une journée, un système de renforcement a été ajouté. Les élèves avaient la chance de gagner une étoile lorsqu’ils arrivaient à rester centrer sur la tâche ou sur l’autre sur une période minimale de cinq minutes consécutives. De plus, afin de renforcer l’esprit de groupe et l’entraide, cela devait se produire auprès des dix-sept élèves et non de seulement la moitié. C’est l’enseignante qui nomme leur réussite et appose une étoile aimantée au tableau. Au cout de trois étoiles aimantées accumulées au tableau, le groupe gagnait une récompense (voir affiche Classe étoile). Ces récompenses avaient été choisies par les élèves cela pouvait être par exemple, prolonger le temps de jeux libre, faire une période de bricolage au choix, apporter un jeu de la maison, choisir sa place pour manger la collation, etc. Pour gagner une étoile, ils devaient regarder dans les yeux la personne qui parle, participer aux diverses questions posées en levant la main, avoir une bonne position assise et rester dans sa bulle, et ce, pendant cinq minutes minimales. Les idées de récompenses ont été écrites sur une roulette. C’est l’ami(e) du jour qui avait la chance de tourner la roulette.  Une fois la récompense déterminée, l’enseignante colle une étoile sur l’affiche Classe étoile.

Afin d’offrir des moments supplémentaires dans lesquels les élèves pouvaient dépenser leur énergie au cours de la journée :

• Intégration d’une balle pour réviser les apprentissages en grand groupe : Je leur pose une question, les élèves lèvent la main, je nomme l’élève à qui j’envoie la balle, celui-ci l’attrape, répond et renvoie la balle à l’enseignante. Je travaillais les muscles du bras, l’articulation et la technique du lancer à travers cette séance.

• Intégration de yoga lors de la période de détente.

• Ajout de période de classe extérieure : J’animais un jeu de groupe dehors permettant aux élèves de réviser les apprentissages et d’activer leur corps en même temps. 

• Déplacement sur les divers parcours pour aller chercher leur collation : Je nommais la couleur et les élèves devaient passer par ce chemin et faire l’exercice pigé pour aller chercher leur collation, revenir et pour aller porter leur boite à lunch.

• Débuter les journées avec une période de jeux extérieurs dans les modules (3 à 4 fois par semaine).