Contexte sous-tendant l'élaboration du projet 

Le projet intégrateur que j'ai planifié et piloté a pris place dans une classe de double niveau au deuxième cycle. Les entretiens de début d’année avec les enseignants du cycle inférieur et avec l'orthopédagogue ont révélé que trois élèves de la classe éprouvaient des difficultés majeures en lecture (accès lexical, trouble du langage, lacunes dans l’association graphophonémique, décodage ardu, etc.). J'ai donc rapidement été informée que la lecture, en ce qu’elle représentait une lourde tâche cognitive, n’était pas une activité appréciée par ces élèves. Dès cet instant est né mon désir de renverser la perception négative que pouvaient avoir certains élèves de la lecture. Chérissant ce souhait, j’ai donc débuté l’année scolaire en portant un regard attentif sur la relation que semblaient entretenir les élèves de la classe avec le monde de la lecture. J’ai constaté que lors des premières périodes de lecture quotidiennes, plusieurs élèves s’opposaient à l’acte de lire et demandaient s’ils pouvaient plutôt écrire ou dessiner. Lorsque je m'informais auprès d'eux sur ce qui motivait leur demande, ils m’expliquaient qu’ils n’aimaient pas lire, que c’était ennuyant et long. Deux semaines ont suffi pour constater l’urgence d’agir, considérant d’autant plus qu'il est attendu des élèves du deuxième cycle qu'ils prennent leur envol en lecture. 

Description du projet

Le projet intégrateur ayant été élaboré en regard aux besoins observés en contexte de stage s'intitule «Les marchands de bonheur littéraire». Il s'agit d'un projet entrepreneurial qui, comprenant trois grandes phases de réalisation, visait la transmission du plaisir de lire chez les élèves. En un premier temps, l'objectif était de faire vivre aux élèves des expériences positives liées à la lecture. Cela s'est traduit par une organisation physique stratégique de la classe en vue de faire la promotion d'oeuvres littéraires variées, par la réalisation d'une série d'activités décloisonnées ludiques mettant en valeur la littérature et par l'institutionnalisation à l'horaire de moments de partage autour d'expériences et de découvertes littéraires offrant. En un deuxième temps, après avoir instauré en classe un climat positif en regard à l'acte de lire, le projet a pris une tangente entrepreneuriale et a été réalisé dans le cadre du Défi OSEntreprendre lancé par l'organisme du même nom. Dans l'optique de retransmettre le plaisir de lire développé au cours de la première phase du projet, les élèves ont été amenés à planifier de manière coopérative une offre de services s'adressant aux autres classes de l'école (du préscolaire au deuxième cycle). Ainsi, en invitant les enfants de ma classe à piloter dans d'autres classes les activités littéraires qu'ils ont préféré vivre, cette phase du projet visait à transmettre le plaisir de lire à plus grande échelle. Finalement, la troisième phase de ce projet entrepreneurial consistait à l'organisation et à la réalisation d'un bazar de livres dans le but d'amasser des fonds entièrement dédiés à l'achat d'oeuvres littéraires de qualité pour soutenir l'enseignement à tous les niveaux scolaires. Ainsi, c'est grâce au partenariat avec une équipe de parents bénévoles et avec une classe du troisième cycle que cet évènement visant le partage du plaisir de lire a été vécu.

Résultats obtenus et traces

Bien que le projet «Les marchands de bonheur littéraire» ait été très exigent en terme de temps et d'implication de la part de différents acteurs (élèves, classes de l'école, parents), plusieurs faits observés semblent montrer qu'il a su développer chez les élèves le plaisir de lire. Au gré des expériences positives liées à la lecture qui ont été vécues en classe, l'attitude de plusieurs élèves ont grandement changé à l'égard de l'acte de lire. Par exemple, lors des périodes de lecture individuelle quotidiennes, la grande majorité des élèves en sont venus à réellement s'engager dans une activité de lecture. Ces élèves qui pouvaient exprimer auparavant leur mécontentement lorsqu'arrivait cette période sont ceux qui en sont venus à exprimer leur déception lorsque la période de lecture prenait fin. Par ailleurs, les élèves ont commencé à réclamer plus de moments de partage sur les oeuvres littéraires, les auteurs ou les illustrateurs qu'ils ont découverts. Les élèves présentant des difficultés d'apprentissage en lecture n'en faisaient pas exception. Cela a donné naissance à un mouvement de «coups de coeur littéraires» alimenté par les élèves et que j'ai évidemment grandement encouragé. Les expériences variées, ludiques et valorisant la lecture qui ont été vécues en classe semblent avoir été très appréciées des élèves puisque les commentaires reçus lors des retours collectifs traduisaient souvent un désir de revivre les activités. L'idée de l'offre de services est notamment née de la volonté exprimée par les élèves de partager les expériences littéraires vécues avec leurs amis. Ainsi, l'offre de services a semblé grandement nourrir le plaisir de lire des élèves; ceux-ci se sont réellement engagés dans le projet et semblaient très fiers de présenter leurs livres préférés à travers le pilotage d'activités dans d'autres classes. Grâce aux retours effectués dans les différents groupes de l'école ayant reçu nos services, grâce aux commentaires des enseignantes et à ceux d'enfants lors des récréations, j'ai pu constater que la réalisation du projet a eu un impact positif sur la perception de la lecture chez les élèves de l'école. Finalement, la relation des élèves à la lecture n'a été que nourrie par la réalisation du bazar de livres; plusieurs élèves ont témoigné quant au changement de leur perception en regard à la lecture. Lisant tous ensemble dans le gymnase et partant à la découverte de petits trésors littéraires, les élèves, les parents et les enseignants ont partagé leur enthousiasme et leur plaisir à l'égard de l'évènement. Nous avons ainsi pu amasser près de 1 800$, soit environ 500$ par cycle, lesquels ont été complètement dédiés à l'achat d'oeuvres littéraires pour soutenir l'enseignement et continuer à transmettre le plaisir de lire dans les classes de l'école.