Mon stage en responsabilité s’est déroulé à l’école de Château-d’Eau, dans une classe de maternelle 5 ans. La classe est formée de 17 élèves. 15 élèves ont comme langue maternelle le français et les autres parlent respectivement l’anglais et le swahili. Trois élèves ont nécessité un plan d’intervention. L’un pour ses difficultés à s’exprimer et à entrer en contact avec les autres, le second pour son besoin fréquent d’attention et enfin le dernier nécessitait un plan d’intervention pour son diagnostic de TDAH. En effet, il est médicamenté depuis ses deux ans, mais a été arrêté pour l’été, avant la maternelle. Il a été réévalué en octobre pour de la nouvelle médication et est encore en essaie pour trouver la bonne dose. La majorité des élèves viennent de milieux favorisés et sont très motivés à l’idée d’entrer en maternelle. Ils aiment apprendre et beaucoup savaient déjà écrire leur nom dès leur entrée à l’école. Ils ont donc un désir d’apprendre, mais avaient de la difficulté à s’exprimer. En effet, dès mes premières observations, ce qui m’a marqué le plus, c’est la difficulté des enfants à exprimer leurs émotions. Cela menait donc fréquemment à des crises de larmes, des crises de colère, des conflits et nécessitait, pour l’enseignante, beaucoup de gestion. Mon projet d’intervention en contexte est donc davantage une étude et une expérimentation de la gestion des émotions au préscolaire. Ce projet pédagogique, qui émerge du contexte de ma classe, a été mis en place afin de répondre au besoin des élèves qui est d’exprimer et d’identifier leurs émotions. J’ai séparé mon PIC en séquences, répartie sur la totalité de mon stage, puisque je crois qu’il était nécessaire d’outiller mes élèves quotidiennement.
Interventions menées
En intervenant auprès des enfants en difficulté ou inquiets lors des premières journées d’école, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas de coin tranquille pour leur permettre de retrouver leur calme et réfléchir à leurs sentiments. J’ai donc construit un tipi que j’ai placé à un endroit stratégique, c’est-à-dire un endroit où je peux voir les enfants, mais où ils sont posés et sans possibilité d’être dérangés par les autres.
- L’initiation au tipi
Comme je ne voulais pas que les enfants associent le tipi à un lieu à utiliser seulement lorsqu’ils sont en crise ou qu’ils l’interprètent comme étant une conséquence, j’ai introduit le tipi avec la lecture interactive du livre « Qu’est-ce qui me rend heureux? » (« Qu’est-ce qui me rend heureux? » de Marie-Agnès Gaudrat et illustré par Carme Solé Vendrell (éditions Les Arènes)), présenté par le psychiatre Christophe André. Un livre où des interrogations simples liées au bonheur étaient posées à chaque page. Deux réponses étaient illustrées pour la même question. Chaque question permettait donc d'aborder différents points de la vie, surtout le rapport aux autres. Les enfants ont donc été amenés à réfléchir et s’exprimer sur ce qui les rend heureux et sur les valeurs d’altruisme, de bienveillance et sur la joie de vivre. Dans les jours suivants, ils étaient invités à passer du temps dans le tipi (géré par un sablier) et à réfléchir sur ce qui les rend heureux. Ainsi, deux bonshommes sourire leur étaient fournis dans le tipi pour leur rappeler de penser précisément à deux moments, objets ou personnes qui les rendent heureux. Ils disposaient également d’objets leur permettant de se détendre tels que des balles de stress, un toutou, un miroir pour observer leur sourire, etc.
- Lectures interactives
S’en ai suivi, des lectures interactives de différents albums très pertinents où les enfants étaient amenés à s’interroger et à découvrir différentes émotions. Nous en discutions et nous partagions nos expériences et nos conceptions de chaque émotion, avant, durant et après chaque lecture. Les albums suivants ont été fort intéressants;
- -La couleur des émotions, de Anna Llenas, Éditions Quatre Fleuves.
- -Léon et les émotions, de Annie Groovie, Groovie éditions.
- -Programme Vers le pacifique. (2001), La résolution de conflits au préscolaire, guide d’animation. Québec, Canada: Institut Pacifique.
- -Qu’est-ce qui me rend heureux? de Marie-Agnès Gaudrat et illustré par Carme Solé Vendrell (Éditions Les Arènes)
- - Qu’est-ce qui me fait peur ? de Marie-Agnès Gaudrat et illustré par Carme Solé Vendrell (Éditions Les Arènes)
- -Qu’est ce qui me rend triste? de Marie-Agnès Gaudrat et illustré par Carme Solé Vendrell (Éditions Les Arènes)
- -Qu’est-ce qui me rend courageuse ? de Marie-Agnès Gaudrat et illustré par Carme Solé Vendrell (Éditions Les Arènes)
- « Vers le pacifique »
Les ateliers « Vers le pacifique » s’intégraient très bien à mon projet d’intervention en abordant la connaissance de soi, la confiance en soi, le respect des autres, etc. Je m’assurais donc de planifier ces ateliers assidument. Grâce à des exposés théoriques, des exercices pratiques, des jeux de rôles et des mises en situation, ces ateliers développent chez les enfants des habiletés sociales leur permettant d’établir des relations plus harmonieuses avec leurs pairs et une meilleure gestion de leurs conflits. Programme Vers le pacifique. (2001), La résolution de conflits au préscolaire, guide d’animation. Québec, Canada: Institut Pacifique.
- Ateliers hebdomadaires et routine
Lors des ateliers j’en profitais pour créer des activités favorisant la reconnaissance et l’expression de certaines émotions. Par exemple, dans la semaine de l’Halloween, les enfants avaient des visages de fantômes, sorcières, etc. À l’aide d’un dé, ils sélectionnaient une émotion qu’ils devaient ensuite reproduire sur le visage de leur personnage en plaçant les différents éléments appropriés (yeux, bouches, sourcils, etc.). Toutes les pièces étaient amovibles. Ils disposaient aussi d’un miroir pour se regarder et reproduire l’émotion en question. Pour intégrer l’apprentissage, je les questionnais sur leur émotion immédiate et ils devaient la dessiner sur un modèle de visage vierge. J’en profitais également pour leur demander d’approfondir sur leur émotion du moment. Les traces de cette activité sont déposées dans les documents ci-dessous. Finalement, pour ce qui est de la routine, lors des causeries les enfants étaient amenés à s’exprimer sur leurs sentiments. Lorsqu’ils racontaient leur fin de semaine, ils disposaient de pictogrammes pour structurer leurs idées et ils devaient dire, entre autres, comment ils se sentaient lors de l’activité en question. Au début et à la fin de chaque journée, les enfants devaient montrer avec leur pouce comment ils se sentaient et comment ils avaient aimé leur journée. Je voyais donc avec eux pourquoi ils se sentaient ainsi et comment cela pourrait aller mieux pour les enfants qui étaient moins bien. Les enfants pouvaient également être invités à aller dans le tipi pour réfléchir aux moyens d’améliorer leur journée ou leur attitude. Je faisais un suivi avec chaque enfant qui allait au tipi, tout en prenant des notes de chaque situation et des pistes de réflexion et d’amélioration des enfants. En bref, comment ils ont réussi à gérer leurs émotions de manière autonome et s’ils ont utilisé les outils à disposition.
- Yoga
Nous avons eu la chance d’avoir un accès au gymnase de l’école durant une période supplémentaire par cycle. Ainsi, j’ai décidé d’y amener mes élèves pour faire des activités de yoga en grand groupe, un avant-midi par journée cycle. Pratiquant moi-même le yoga, j’ai constaté des bienfaits tels que l’augmentation de la concentration, la diminution du stress, l’amélioration du sommeil, etc. Mais aussi, j’ai remarqué une différence en lien avec ma perception des autres et surtout de moi-même, j’ai plus de capacité d’introspection. Ainsi, je pense que la pratique du yoga avec mes élèves a été bénéfique pour les guider dans l’amélioration de leur gestion émotionnelle et la connaissance de soi. Les postures montrées à mes élèves sont tirées du livre « Yoga pour les enfants avec Namasté le singe » par France Hutchison. Accompagné d’un CD de musique, ce livre est très intéressant et chaque posture est accompagnée d’une description très bien détaillée des bienfaits pour l’enfant. Cela m’a donc aidé à bien cibler les postures enseignées.
Résultats
En ce qui concerne les résultats de mon projet d’intervention en contexte, j’ai pu observer l’utilisation de plus en plus courante d’un vocabulaire relatif aux émotions. Précisément, les enfants étaient capables de nommer leurs émotions. En plus de les nommer, la majorité des enfants étaient capables de les interpréter et de les visualiser chez un autre enfant. Par exemple, « Je suis en colère, car j’ai encore dépassé la ligne de mon dessin », « Je suis triste parce qu’Étienne est fâché contre moi » ou « Léa pleure, car elle a de la peine ». Certains enfants demandaient l’accès au tipi, lors des jeux libres, lorsqu’ils étaient contrariés pour se calmer et pour trouver une solution de retour au jeu. Dans la plupart des cas, leur moment de retrait ainsi que les outils disponibles leur permettaient de s’autoréguler sans l’intervention de l’adulte. Le tipi m’a également permis d’intervenir auprès de deux enfants en particulier, les traces de mes interventions sont disponibles dans la section « documents ». Les ateliers « Vers le pacifique » et l’intégration d’activités favorisant la reconnaissance et l’expression de certaines émotions dans les ateliers hebdomadaires ont permis d’enrichir les connaissances acquises et de les intégrer. Cela m’a également permis d’amasser plus de traces et d’accompagner les enfants à différents moments et pendant différentes activités dans le développement de la gestion de leurs émotions. La respiration et le yoga ont semblé avoir plus d’impact sur la concentration des enfants et sur leur capacité à rester calmes lors des transitions. J’ai finalement constaté une énorme baisse de conflits dans la classe puisque les enfants s’exprimaient davantage et avaient de meilleures aptitudes en résolutions de conflits.
Traces disponibles
Résumé de l’atelier 5 « Vers le pacifique », Résumé de l’atelier d’Halloween sur les émotions, interventions avec le tipi.
Fichier attaché | Taille |
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atelier_5_vers_le_pacifique.docx | 94.97 Ko |
resume_de_latelier_halloween_emotions.pdf | 278.43 Ko |
interventions_tipi.docx | 421.25 Ko |