Contexte et problématisation

Lors de mon stage 4, j'ai travaillé dans une classe de première année dans une école en région, composée de 9 élèves, dont 4 garçons et 5 filles. À travers mes observations, j'ai identifié des difficultés spécifiques chez certains élèves, principalement liées au décodage et à la reconnaissance globale des mots, deux compétences essentielles pour développer une lecture fluide. Ces deux compétences sont interconnectées, et il est évident que les difficultés des élèves ne se limitaient pas uniquement à la lecture des mots existants ou des non-mots, mais s'étendent également aux mots fréquents. Cela montre clairement que ces compétences sont liées. En effet, l’apprentissage en lecture repose sur une double voie : l’adressage (reconnaissance globale) et l’assemblage (décodage). Ces élèves bénéficiaient de soutiens en orthopédagogie et en orthophonie pour les accompagner dans leurs apprentissages.

Par ailleurs, des inégalités de compétences en lecture étaient évidentes parmi les élèves, comme l'ont montré les résultats des pistages et des dépistages réalisés. Bien que les élèves s'investissent activement dans les activités d'écriture et de lecture, une faible motivation était particulièrement notable lors de l'étude des mots à la maison. Cette observation a mis en évidence la nécessité de revoir les approches pédagogiques pour rendre cette phase d'apprentissage plus engageante et pertinente. En effet, il est difficile de donner du sens à l'apprentissage des mots globaux lorsqu'on les présente de manière décontextualisée, comme à travers des cartons qui ne permettent pas aux élèves de voir ces mots dans un contexte réel et significatif. 

Les élèves montraient un réel enthousiasme pour les jeux pédagogiques, et cet intérêt pour les activités ludiques s'est également reflété dans leur participation aux projets d'écriture, aux lectures à soi et interactives, ainsi qu'au message du matin et aux entretiens de lecture. De plus, leur motivation était renforcée par des défis et des récompenses, comme l'attribution de diplômes et la reconnaissance de leurs progrès.

Ainsi, le projet avait pour objectif de renforcer les compétences de décodage et de reconnaissance des mots fréquents à travers des activités ludiques et ciblées, tout en créant un environnement dynamique et motivant, propice à la progression de tous les élèves. Ce projet visait également à rendre l’apprentissage plus significatif en contextualisant les mots et en utilisant des supports qui permettent un véritable transfert des compétences en lecture.

Interventions menées

Jeu À l'école des syllabes

Inspiré des histoires de Raconte-moi les sons, ce jeu permet aux élèves de gagner des cartes-consonnes en combinant consonnes et voyelles pour décoder des syllabes. L'accent est mis sur le son des lettres plutôt que leur nom. Le jeu propose des planches et des cartes adaptées aux différents niveaux, avec des mots à trouver contenant la syllabe étudiée, acceptant des formes phonétiquement pertinentes. Les élèves jouent en équipes de 2, de préférence du même niveau. La première séance servait de modelage, puis les séances suivantes étaient dédiées au guidage et à l'observation. Les élèves jouaient à ce jeu une fois par semaine. 

Jeu Récréation

Le but du jeu est de suivre l'ordre alphabétique jusqu'au parc d'amusement. Les élèves utilisent des étiquettes de mots fréquents, avec et sans image, et épellent les mots pour travailler la reconnaissance des lettres. Chaque case représente une lettre du mot, et une case étoile permet d'identifier jusqu'à 5 mots à la fois. Le jeu inclut des cartes de devoir avec des objectifs d’apprentissage sur les graphies complexes (ex. : ou, an, en, in, on) pour dire le son et trouver des mots correspondants. Les élèves jouaient en équipe de 2, avec une première séance de modélisation, suivie de séances de guidage et d'observation. Ce jeu était joué une fois par semaine également. 

Lors des deux jeux, je prenais des notes sur les erreurs commises par les élèves, en particulier sur les sons difficiles à prononcer, les problèmes de prononciation, ainsi que sur la lecture des sons et des mots fréquents nécessitant un travail supplémentaire. Ces observations me permettaient d’ajuster les séances en fonction des besoins individuels, en ciblant précisément les niveaux de difficulté et les mots à renforcer pour chaque élève.

Lecture de livres simples

Les livres gradués soutiennent l’apprentissage du décodage en introduisant progressivement les correspondances graphèmes-phonèmes et les particularités de la langue française. L'échelle repose sur des statistiques sur l’orthographe du français et se base sur des connaissances préalables en décodage ainsi qu’en reconnaissance des mots fréquents. La série de premières lectures se déroule de manière progressive. La Série 1 introduit les graphies simples et les mots fréquents, tout en abordant le concept du pluriel, principalement l'ajout du "s". La Série 2 se concentre sur les graphies complexes telles que "au", "eau", "ou" suivis de "é" ou "è", ainsi que les combinaisons "on", "an", "en" et "in". Cette progression vise à consolider les bases du décodage et de la reconnaissance des mots. La lecture avait lieu deux fois par semaine avec l'élève. À chaque séance, je notais les méprises, rédigeais des observations sur les difficultés rencontrées et sur les autocorrections effectuées, afin de suivre de près la progression de l’élève.

Résultats

Au terme des 4 semaines, la majorité des élèves a montré une amélioration notable dans la reconnaissance des mots globaux. J’ai revu avec chacun tous les mots à l’étude à l’aide d'une tablette magique, ce qui a permis de renforcer leur mémorisation. De plus, certains mots qui n'étaient pas spécifiquement ciblés ont également été reconnus, grâce à leur répétition lors des différentes séances de lecture. J'ai également reçu de nombreux commentaires positifs de la part des élèves, qui ont adoré jouer aux jeux. Ils ont exprimé le désir de finir toute la collection de livres. Même les élèves qui n'étaient pas directement ciblés par l'intervention ont montré un grand intérêt pour les jeux. Ces activités, qui favorisent l'engagement et la motivation, pourraient facilement être intégrées dans la classe, permettant aux élèves de jouer de manière autonome tout en consolidant leurs compétences en lecture.