Mon projet d’intervention en contexte consistait à soutenir l’apprentissage de la lecture et de l’écriture en première année du primaire, par le biais de la lecture interactive enrichie (LIE), une approche conçue par Dr Pascal Lefèvre, orthophoniste. Lors de mon stage, la LIE était déjà présente dans le paysage pédagogique de l'école, car la direction, l’orthophoniste et les enseignantes avaient déjà eu l'occasion d'en constater les bienfaits auprès de tous les élèves du préscolaire et du premier cycle, et ce, peu importe leur niveau d’aisance en français. Au mois de septembre, j’ai donc eu l’occasion d’observer à quelques reprises et avec émerveillement l’orthophoniste de l’école faire la lecture à mon groupe d'élève en mettant à profit cette stratégie d'enseignement.
Il s'agit une technique d’enseignement efficace visant à prévenir les difficultés en lecture et en écriture. De fait, plusieurs élèves de ma classe de stage étaient allophones et l’apprentissage de la langue représentait un grand défi pour certains d’entre eux. De plus, durant mon stage, deux élèves ont été diagnostiqués comme présentant un trouble de langage sévère. Face à de tels besoins et bénéficiant de plusieurs ressources pour me soutenir dans le projet, j’ai donc eu le désir de m’initier à LIE en tant qu’enseignante.
Un des atouts de la lecture interactive enrichie est d'offrir la possibilité aux jeunes élèves de développer tant leurs compétences de haut niveau (comprendre un texte, faire des inférences, interpréter un texte, réagir, utiliser un vocabulaire riche, etc.) que celles dites de plus bas niveau (association graphème-phonème, calligraphie, mémoire orthographique, mémoire de travail, etc.), et ce, malgré le fait qu'ils ne soient pas encore autonomes en lecture et en écriture.
Il est possible de rassembler les savoirs touchés par la LIE en quatre composantes : 1. la conscience de l’écrit : les conventions de l’écrit telles que le titre, les majuscules et minuscules, le point à la fin de la phrase, etc.; 2. le langage littéraire : spécifique à la littérature, par exemple les temps de verbe, les mots plus riches, etc.; 3. les inférences : en dégageant les élèves des difficultés reliées aux compétences de bas niveau, ces derniers développent leur capacité à comprendre et prédire ; 4. la conscience phonologique : des activités de conscience phonologiques sont intégrées à l’histoire. Il est donc possible d’aborder un grand éventail de savoirs lors des périodes de lecture interactive enrichie. De ce fait, il importe de planifier ses lectures pour cibler les savoirs prioritaires à aborder.
Dans une démarche de formation enseignante ayant pour objectif de devenir peu à peu autonome avec la lecture interactive enrichie, j’ai choisi de travailler et d’observer les éléments suivants chez les élèves de ma classe de stage tout au long de mon projet d’intervention en contexte. Ce sont des objectifs pédagogiques que j'ai intégrés à mes périodes de LIE : la conscience phonémique (segmentation et fusion phonémique) ; les stratégies de lecture suivantes : inférer le sens à partir du contexte ou de l’illustration ; ces conventions de l’écrit : la majuscule en début de phrase, le point en fin de phrase, l’espace entre les mots et l’ordre des mots.
Évidemment, ces éléments d'apprentissage de la langue étaient réinvestis lors de plusieurs autres situations d'enseignement et d'apprentissage chaque semaine. Il est donc difficile de voir les conséquences directes de la LIE sur les apprentissages des élèves de ma classe de stage, car pour ce faire, il aurait fallu comparer deux groupes d'élèves. En trois mois et demi, j'ai tout de même observé de grands progrès en lien avec les objectifs nommés précédemment ainsi que dans la participation active des élèves lors des lectures d'album.
Lors de ce projet d'intervention en contexte, j'ai piloté trois cycles de LIE. Chacun de ces cycles était associé à un album jeunesse et comprenait trois situations d'enseignement et apprentissage d’environ une heure chacune. La première période était caractérisée par la lecture d'un album avec interruptions. J'avais alors recours au modelage et mon principal travail d’enseignante était de mettre un micro sur ma pensée. Ensuite, lors de la deuxième période, une seconde lecture du même album était effectuée avec de nouvelles interruptions. Cette fois, l’enseignante commettait des erreurs évidentes afin de faire réagir les élèves pour les amener à intégrer les apprentissages effectués lors de la première lecture tout en développant l’esprit critique. Enfin, pour la troisième période, je prenais le crayon et à travers une démarche d’écriture collective on procédait à la réécriture d’un passage de l'album jeunesse que nous avions lu à deux reprises.