Aller au contenu principal

Mon projet avait un objectif très bien défini : apprendre aux élèves de ma classe d’accueil à coopérer. Les enfants avaient besoin de vivre des réussites ensemble, ils devaient découvrir ce que leurs efforts combinés leur permettraient d’accomplir. Je tenais également à ce que le projet vienne des élèves afin qu’il rejoigne leurs valeurs et réponde à leurs besoins à l’école. Nous en avons donc discuté en groupe et les élèves ont choisi de mettre sur pied une campagne de sensibilisation au respect de l’environnement. Il s’agissait évidemment du respect de la nature, mais également de celui de leur école qu’ils trouvaient souvent négligée et sale malgré le travail acharné de l’équipe d’entretien (le fait que l’école compte 700 élèves ne facilite pas leur tâche). Les élèves ont donc décidé de fabriquer des affiches, de diffuser des messages à l’intercom de l’école et de concevoir un album qui serait exposé à la bibliothèque de l’école. J’ai pour ma part joué le rôle d’un guide tout au long du projet. Je leur fournissais des pistes de solutions à leurs problèmes tout en m’assurant que le projet soit terminé à temps.

 

Nous avons débuté par la fabrication des affiches. Les élèves travaillaient en équipe de 4 ou 5 et puisqu’il s’agissait des équipes habituelles (ilots de travail), ils n’avaient pas choisi leurs coéquipiers. C’était un choix volontaire, je souhaitais qu’ils apprennent à travailler avec des individus qu’ils connaissent moins bien, les pousser à discuter de leurs idées et à s’ajuster à une certaine dose d’inconnu.

[[{"fid":"385","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":"","field_file_image_title_text[und][0][value]":""},"type":"media","link_text":null,"attributes":{"height":2448,"width":3264,"style":"width: 640px; height: 480px;","class":"media-element file-default"}}]]

La première période de «création» fut plutôt laborieuse. Nous avions pourtant convenu de l’importance de bien respecter les idées des autres et de maintenir un climat de classe convenable, mais les choses se sont déroulées autrement. J’ai eu à gérer beaucoup de conflits au sein des diverses équipes. C’était quelque peu prévisible, mais j’ai tout de même été surpris d’avoir à intervenir autant. Nous avons dû avoir une bonne conversation afin d’établir plus clairement ce qu’implique d’accepter les idées des autres (écouter, négocier, faire des compromis, etc.) Dès la deuxième période de travail en équipe, les résultats étaient palpables, il y eut une très grande amélioration du dialogue entre les enfants et, conséquemment, du climat de classe. La création des affiches a permis aux élèves de «se réchauffer» avant d’entreprendre un projet plus ambitieux : la création d’un livre.

 

Le livre se voulait en quelque sorte la pièce maitresse du projet. Je n’avais pas prévu que les élèves allaient proposer et endosser un tel ouvrage et j’ai dû m’ajuster rapidement. Nous avons d’abord établi quel genre d’ouvrage nous voulions créer : un album. Nous avons ensuite combiné nos esprits afin d’écrire les premières pages, j’ai également profité de ce moment pour enrichir le texte avec les élèves. Nous avons ensuite réparti les élèves en diverses équipes : auteurs, illustrateurs, planification, mise en page, poursuite des affiches. Les élèves disposaient d’une grande liberté puisque je souhaitais pouvoir observer les moyens qu’ils se donneraient afin de mener à terme le projet. Une élève a entre autres entrepris de collectionner et classer toutes les illustrations pour le projet, un autre s’est proposé pour trouver des emplacements stratégiques pour les affiches dans l’école et deux élèves qui ne trouvaient pas leur place au sein des diverses équipes (l’une m’avait même avoué ne pas aimer notre projet) m’ont proposé de composer en dyade des messages de sensibilisation qu’elles iraient réciter à l’interphone de l’école. Petit à petit, chaque élève trouvait un rôle qui lui convenait, ils se mettaient au travail rapidement au début de chaque période et j’intervenais de moins en moins, j’observais.

[[{"fid":"386","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":"","field_file_image_title_text[und][0][value]":""},"type":"media","link_text":null,"attributes":{"height":2448,"width":3264,"style":"width: 640px; height: 480px;","class":"media-element file-default"}}]]

Nous avons dû apporter certains ajustements afin de nous assurer de pouvoir terminer notre livre à temps lors de la dernière semaine. Nous avons donc créé de nouvelles équipes d’illustrateurs. J’ai encouragé les élèves à choisir des partenaires de travail avec qui ils étaient peu familiers afin qu’ils puissent tisser de nouveaux liens dans la classe et les résultats ont été très intéressants. La majorité des enfants semblaient maintenant conscients de l’importance de leur rôle au sein du projet, les élèves plus surs d’eux laissaient tout de même une place aux plus discrets et le fait d’avoir un but collectif m’aura été une belle source de motivation. Nous avons terminé notre livre à temps et les élèves étaient très fiers lors du dévoilement.

[[{"fid":"387","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":"","field_file_image_title_text[und][0][value]":""},"type":"media","link_text":null,"attributes":{"height":3056,"width":4592,"style":"height: 480px; width: 721px;","class":"media-element file-default"}}]]

Il n’a jamais été question d’évaluer les élèves de manière traditionnelle lors du projet. D’abord, la première moitié du projet s’étant déroulée juste avant la parution du premier bulletin, les élèves étaient légèrement saturés. Ensuite, je crois que les objectifs du projet se prêtent bien à l’observation et à la prise de notes.

 

J’ai d’abord observé et noté l’implication des élèves lors des périodes de remue-méninges en groupe. Les élèves plus bavards se sont démarqués davantage que les autres, mais dans l’ensemble, la plupart des élèves ont bien participé. Seulement 4 élèves ont peu ou pas contribué aux discussions. J’ai aussi beaucoup observé les élèves lors des périodes de travail en équipe. Je cherchais surtout à voir avec quel sérieux et quelle rigueur les individus plus extravertis traitaient la tâche et le niveau d’implication des élèves moins confiants. L’important pour moi était de pouvoir constater une certaine évolution au fil des périodes et à la suite de mes interventions. Certains élèves ont mis plus de temps avant de sortir de leurs coquilles, mais je suis fier des résultats.

 

Mots-clés : coopération, implication, communication, liberté, partage

Cohorte