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Contexte de réalisation :
Tout d’abord, il faut parler de l’émergence de mon PIC. Ma classe de stage était composée de quinze élèves de 5e année : huit filles et sept garçons. Comme dans la majorité des classes, une grande « rivalité des sexes » (appelons ça comme ça) régnait et scindait le groupe en petites cliques. Je désirais donc amener les élèves à réaliser un projet commun, où tous auraient un rôle à jouer. Je voulais qu’ils réalisent qu’ils étaient capables de grandes choses en travaillant ensemble; beaucoup plus qu’en étant divisés. D’autre part, j’ai remarqué que ce groupe avait besoin de travailler le français à différents niveaux : l’organisation du texte, l’orthographe, la grammaire, etc. J’ai donc proposé divers projets aux élèves qui, selon moi, nous permettraient de travailler ses différents points. Après un conseil de classe mouvementé, le vote est tombé : le projet du journal de classe a été adopté par la majorité sous un tollé d’applaudissements.

L’ébauche du projet :
À mes yeux, le projet était intéressant et intégrateur au sens où plusieurs aspects du PFE pouvaient s’y greffer. Le problème était plutôt de cibler ce qui serait traité et ce qui serait mis de côté. J’ai toutefois décidé de laisser beaucoup de latitude aux élèves puisqu’il s’agissait de leur problème. Afin de mieux structurer le projet, je l’ai divisé en quelques étapes :

I. L’autopsie d’un journal

C’est à ici que nous nous sommes questionnés à savoir « Qu’est-ce qu’un journal? » D’abord, j’ai donné un devoir aux élèves. Ils devaient découper et ramener un article de journal qui les intéressait pour que nous l’analysions. Cela nous a donc amenés à nous poser les questions « Qu’est-ce qu’un article? », « Est-ce qu’une publicité est un article? », « Comment est structuré un article? ». Puis, nous avons passé en revue le vocabulaire relié aux journaux (la une, l’article, l’éditorial, la critique, les sections, le chapeau, etc.) En sous-groupes, les élèves avaient à feuilleter divers périodiques afin d’y trouver diverses informations : « Quels sont les différentes sections du périodique? », « Quel est le nom du journal? », «Est-ce un quotidien ou un hebdomadaire? », « Quel est le titre de la manchette? », etc.  

II. L’ébauche du journal

Après voir déterminé qu’un journal traitait de l’actualité locale, régionale ou internationale, nous avons décidé qu’un journal de classe devait traiter de l’actualité de la classe et de l’école. Par la suite, les élèves ont fait une tempête d’idées afin de cibler le genre d’articles qui composerait leur journal. Certains voulaient parler de leurs passions, d’autres voulaient décrire le fonctionnement de la classe, des élèves voulaient couvrir les évènements spéciaux qui se déroulaient à l’école en début d’année, quelques-uns voulaient publier des poèmes et autres compositions d’élèves. Afin de mettre  un peu d’ordre là-dedans, j’ai noté les suggestions et lorsqu’un élève était certain de son sujet, il venait l’inscrire sur une feuille que je gardais à l’avant de la classe après avoir obtenu mon autorisation. Nous avions établi certains critères : chaque élève devait avoir un sujet unique, et tout le monde devait participer à la rédaction du journal en y composant un minimum d’un article. Afin d’être certains que tout le monde aurait le même temps pour travailler sur son projet, nous avons décidé de réserver une période « Projet journal » à notre horaire cyclique.

III. La mise en page

Venait maintenant le temps de composer les articles. Cette étape m’a réellement permis de cibler tous les besoins de mes élèves en français. Lorsque je constatais un besoin pressant, je prévoyais une chronique de français pour y répondre. Par exemple, les élèves avaient de la difficulté avec la conjugaison de certains verbes qui ont une variation dans le radical ou bien avec les temps composés. Nous en avons donc profité pour voir ces notions en classe, pour faire des ateliers et des exercices reliés à cela, etc. J’ai aussi constaté qu’une poignée d’élèves ne maîtrisaient pas des notions qu’ils devraient normalement maîtriser depuis longtemps : utilisation du pronom pour éviter la reprise d’information, l’orthographe de certains mots, la conjugaison des verbes Être et Avoir. J’en ai donc profité pour offrir de la récupération à ces élèves ou pour les référer à des « élèves-experts » de la classe qui pourraient certainement les guider.

Nous avons aussi décidé de diviser le journal en différentes sections qui regrouperaient les articles traitant des mêmes thèmes (les compositions d’élèves, les  passions d’élèves, etc.) Finalement, j’ai fait la découverte (par le biais d’un autre enseignant) d’un programme informatique qui permettait de créer facilement la mise en page d’un journal de classe tout en ayant de grandes possibilités et un aspect esthétique très satisfaisant (plus que brocher des pages écrites sur Microsoft Word). Le programme en question se nomme « Fais ton journal ! »

IV. Projets en parallèle

      a) Déterminer le nom du journal

Le nom d’un journal est très important! Il se doit d’être accrocheur, d’avoir un sens, une signification! Les élèves ont donc dû établir les critères qu’ils jugeaient importants pour le nom de leur journal. Une élève a soulevé que dès la première semaine de cours, les élèves avaient dû se choisir un totem et un nom de classe. Ils avaient choisi d’être les « Chiens futés ».  Et puisque le journal traitait de l’actualité de la classe, il serait logique que son nom soit en lien avec le nom de classe. Nous avions dès lors un thème et les élèves ont inscrit sur un morceau de papier différentes idées que nous avons par la suite écrites au tableau. Après avoir éliminé les moins populaires, nous avons conservé les cinq suggestions les plus en vogue. Les élèves devaient ensuite arriver à un consensus général. J’exigeais l’unanimité pour déterminer le titre du journal. Dans un conseil de classe, à tour de rôle, ils ont dû prendre la parole afin de défendre leur point, de soumettre des arguments, tout en respectant l’avis des autres. Cet échange fait dans le calme et de façon civilisée leur a permis de se mettre d’accord.  Notre journal avait maintenant un nom : Le Nonosse Express!

b) ​Projet d’arts plastiques

Parallèlement au projet de composition, nous avons également lancé un concours pour déterminer quelle serait la page couverture de notre journal. Les élèves voulaient une image qui représentait le nom du journal, mais trouvaient important que celle-ci soit faite par un élève de la classe. Sans plus tarder, nous avons lancé le concours! Tous les élèves devaient participer et le grand gagnant verrait son œuvre se retrouver à la une du Nonosse Express. Certaines consignes et restrictions quant à la réalisation du dessin ont été énoncées. Afin de courir la chance de gagner, la réalisation devait répondre à toutes les restrictions mentionnées. Sachant que leur réalisation avait une chance de se retrouver sur la page couverture, tous les élèves se sont appliqués et ont fait preuve d’une grande originalité. Suite à un vote, les élèves ont choisi le dessin qu’ils désiraient utiliser en guide de représentation pour le journal.

c) Projet d’entrepreneuriat

Le projet prenait de l’ampleur et les élèves étaient décidés à le rendre encore plus intéressant. Certains de leurs proches avaient eu vent de la rédaction du journal et ont demandé s’il était possible pour eux de s’en procurer et si oui, à quel prix. Les élèves ont tout de suite vu l’opportunité et ont décidé de la saisir : ils allaient vendre leur produit. Mon enseignante associée et moi avons fait les démarches auprès de la commission scolaire pour nous informer du coût d’impression d’un document de 28 pages réalisé par des élèves (ce n’est pas rien!) Par la suite, il fallait déterminer un prix de vente. Cela nous a permis d’explorer la notion de « profit ». Si un journal coûte 75¢ à produire, quel prix devrions-nous demander pour sa vente? Le prix ne doit pas être trop élevé si nous désirons des acheteurs. Mais il ne doit pas être sous le coût de production si nous ne voulons pas perdre de l’argent en fin de compte. Une nouvelle question a été soulevée « Que faire avec le profit obtenu? » Les élèves ont décidé qu’avec cet argent, ils financeraient une activité de classe qui plairait à tous. Un comité de trois élèves a été mis sur pied afin de faire la publicité du journal dans l’école, mais aussi en dehors des murs de l’établissement. Un petit kiosque a même été installé dans une entreprise locale où travaille la mère d’un élève. Très vite, enseignants, parents, amis et gens du village étaient intéressés à faire l’acquisition du journal pour encourager  la classe de 5e année qui avait travaillé pendant de nombreuses semaines sur ce projet. Si bien qu’une seconde vague d’impression fut nécessaire pour répondre à la demande.

d) Pistes à explorer

Nous avons décidé, pour cette première édition du journal (les élèves ont tellement apprécié qu’ils désirent en faire un deuxième), de nous concentrer sur l’actualité de la classe et de l’école. Mais rien ne nous aurait empêchés de faire un journal traitant d’une matière précise. À titre d’exemple, nous aurions aussi très bien pu composer un journal qui renfermerait divers articles traitant des notions vues en Géographie-Histoire à la première étape. Chaque élève aurait eu un thème ou un segment d’histoire à expliquer sous forme de rubriques informatives et nous aurions, de cette façon, couvert tout ce qui avait été traité pendant cette période. Le résultat aurait été tout aussi intéressant! Bref, les possibilités sont vastes et c’est à vous de déterminer ce que vous désirez exploiter et explorer avec vos élèves!

Documents
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