Plusieurs élèves dans notre classe démontraient de l’agressivité (frappaient les adultes ou leurs pairs, essayaient de s’enfuir de la classe, lançaient des jouets, etc.), étaient prompts (parlaient sans attendre leur tour, criaient pour parler ou criaient lors de confrontations avec l’adulte ou les autres élèves, etc.) et ne voulaient pas partager. D’autres élèves semblaient manquer d’estime de soi (besoin de l’adulte pour s’assurer qu’ils font la bonne chose et/ou éprouvaient de la gêne à parler en public) ou semblaient se mettre une pression incroyable sur les épaules pour écouter à la lettre ce que nous leur disions. En outre, d’autres élèves présentaient des troubles de langage.
J’ai donc mis en place un mélange de « quoi de neuf » et du conseil de coopération. Ces deux concepts de Célestin Freinet me permettaient de connaître les élèves et de les initier à un processus de prise de décision, de réflexion et d’entraide. Effectivement, la discussion « Quoi de neuf ? » m’a permis de connaître leurs intérêts, leur manière de penser et leurs émotions en plus de simultanément créer un lien avec eux alors que le conseil de coopération les a incité à penser de manière critique pour instaurer des règles, des choix ou de l’aide juste et équitable.
Quoi de neuf : Les élèves ont pris goût à exprimer comment ils se sentaient. Il était donc plus facile pour moi de les accueillir ou d’effectuer un retour avec eux. En somme, une meilleure régulation des émotions et une augmentation du respect des autres ont été perçues. De plus, puisque nous discutions de nos intérêts, non seulement il m’était plus facile de créer des liens avec eux, mais des liens entre les élèves eux-mêmes se sont également tissés, avec un impact positif sur la dynamique de classe. En outre, les moments « quoi de neuf » étaient aussi des moments qui ont mis de l’avant la collaboration du groupe lorsque j’avais mis en place un système parallèle. Les élèves ont donc pris goût à effectuer des gestes collaboratifs durant la journée et nous pouvions en discuter ensemble en fin de journée pour voir les répercussions dans la classe et au sein de l’école. Les élèves ont ainsi tiré une fierté à s’entraider.
Avec le conseil de coopération, les élèves ont appris à parler aux autres élèves avec respect et bienveillance, puisqu’ils veillaient à ne pas les accuser, mais plutôt à dire comment ils avaient perçu une situation ou un évènement. Avec cette attitude, ils et elles ont appris à voter, à donner leur version des faits sans accuser l’autre, à changer les règlements de la classe et à les réajuster lorsqu’ils n’étaient pas respectés. Ils ont aussi appris à valoriser les élèves autour d’eux en les félicitant pour des bonnes actions ou comportements.
En général, ces deux méthodes, souvent entremêlées, ont aussi permis aux élèves de nommer leurs intérêts et points de vue avec beaucoup plus d’aise qu’en début d’année. Ils ont gagné en volubilité et ils faisaient preuve de moins de gêne. Ils se sont aussi beaucoup améliorés en ce qui a trait au respect des autres, au tour de parole, aux conséquences de leurs actions, etc.
Les traces que j'ai conservées sont les suivantes:
- la planification des rencontres
- une vidéo
- quelques décisions prises par les élèves (notes et photos du tableau blanc)