Contexte: Lors des moments destinés à l’alimentation dans ma classe de maternelle 4-5 ans (collation/diner/événements spéciaux), j’ai constaté que certains élèves ne prenaient pas compte du sentiment de satiété et mangeaient toutes leurs collations dans l’avant-midi, ou demandaient des collations fournies par l’école, même s’ils avaient déjà beaucoup mangé. Cette situation est ambiguë, car nous ne sommes jamais certains si tous les enfants déjeunent le matin, ou mangent le matin. Chaque jour, mon enseignante associée et moi ne voulions pas que cela ait un impact sur leur appétit à l’heure du diner, et en fin de journée. Nous devions intervenir auprès des enfants pour leur rappeler de ne pas manger tout le contenu de leurs collations et de s’en garder pour l’après-midi, ou pour se garder de la place pour diner. Lors du diner, les élèves n’avaient pas faim et ne touchaient presque pas à leur lunch. Cela me faisait pourtant bizarre de décider pour eux les quantités "suffisantes" pour leur corps à eux. Je me suis donc remise en question à savoir s'il s'agissait de la bonne chose à faire et, sinon, comment il serait possible de viser davantage vers une autonomie de leur part à ce sujet.
Interventions menées: Tout d'abord, je voulais prendre conscience des connaissances initiales sur les sentiments de la "faim" et de la "satiété". J'ai donc commencé en abordant ces sujets au quotidien. Par exemple, lors des mini-causeries de la journée, lors des collations et des diners. Je voulais savoir si les élèves savaient écouter les signaux de leur corps selon s'ils avaient faim ou assez mangé.
Ensuite, afin de mieux définir mon rôle, j'ai contacté une nutritionniste. Elle m'a bien informée et j'ai été en mesure de changer ma pratique. En effet, mon réflex "d'arbitrer" les repas était normal: il s'agit de jeunes enfants et on ne veut pas qu'ils aient faim ou mangent à se rendre malade. Par contre, en prenant cela sur nos épaules, les élèves n'apprennent pas à le faire eux-mêmes. Elle m'a donc conseillé de les laisser aller d'eux-mêmes et d'adapter mes interventions par la suite. Ainsi, lorsqu'un élève n'avait plus de collation l'après-midi, car il les avait mangés le matin, il prenait ce qu'il n'avait pas mangé de son diner (si c'était le cas), mais c'était beaucoup moins plaisant pour lui. Ainsi, je pouvais faire un retour avec lui pour lui permettre de faire une rétroaction sur lui-même.
*À noter que je ne laissais aucun enfant mourir de faim en classe et que j'avais des collations en réserve aux cas ou*
J'avais prévu une rencontre avec la nutritionniste à l'école avec les élèves, mais cela n'a pas été possible.
Ainsi, nous avons visionné ce vidéo ensemble: https://www.youtube.com/watch?v=YgmjxOB2WzU, et nous avons continué d'aborder ces sujets au quotidien. J'ai fait des retours fréquents avec eux lorsqu'une situation se présentait. Par exemple, lors de la lecture du livre "Albertine Petit-Brindamour déteste les choux de Bruxelles" d'Anne Renaud. Nous avons aussi illustré un estomac au tableau et nous y faisions référence lorsque nous discutions de notre faim et des signaux que notre corps nous donne. Les élèves étaient en mesure de dire s'ils avaient beaucoup faim, peu ou pas du tout. Cela était plus visuel pour eux.
Résultats: Vers la fin de mon stage, les élèves étaient davantage en mesure d'exprimer leur faim ou leur sentiment de satiété. Tous les élèves répartissaient leurs collations en s'assurant d'en avoir pour l'après-midi.
Ce projet consiste à savoir comment introduire avec bienveillance les sujets de "faim" et "satiété" au préscolaire. Ayant pour but de favoriser de saines habitudes alimentaires, la stratégie pédagogique privilégiée implique de miser sur l'autonomie des élèves. L'enseignement et la sensibilisation aux différentes sensations et signaux émis par leur corps visent à éventuellement permettre une reconnaissance et une autorégulation de leur part.
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