J’ai fait mon stage dans un milieu socioéconomique défavorisé, dans une classe de quatrième année. Dans la classe, 9 élèves sur 19 ont un plan d’intervention, ce qui est près de la moitié d’entre eux. Chaque élève possède un portrait différent, chacun ayant ses propres forces et ses propres défis. L’autre moitié de la classe est plutôt composée d’élèves qui ont une certaine facilité et qui progressent rapidement dans leurs apprentissages, et ce, dans toutes les matières. J’avais donc constaté un très grand écart entre les différents rythmes d’apprentissage, ce qui m’a amené à instaurer dans la classe la stratégie d’enseignement par les pairs dans le cadre du Projet d’intervention en contexte. Ma principale préoccupation était de déterminer la façon dont je pouvais venir en aide à ceux qui avaient besoin de soutien, sans toutefois perdre de vue les élèves qui avaient plus de facilité (et qui avaient tout autant besoin de progresser dans leurs apprentissages).
J’ai appliqué cette stratégie dans différents contextes, soit en écriture et en mathématiques. Comme intervention, j’ai d’abord amené les élèves à prendre conscience de leurs forces et leurs défis dans ces deux disciplines. Concrètement, ils devaient identifier au moins une force et au moins un défi en écriture, puis en mathématiques. Ensuite, après avoir expliqué brièvement en quoi consiste l’enseignement par les pairs, nous avons déterminé un objectif commun en répondant à la question suivante : « D’ici la fin du projet, que devrions-nous être capables d’accomplir ? » Dans une discussion en grand groupe, nous avons abordé les stratégies d’entraide et les comportements à adopter lorsqu’on vient en aide à quelqu’un, mais aussi lorsqu’on reçoit de l’aide. Nous les avons consignés dans un tableau d’ancrage, qui nous a servi d’aide-mémoire tout au long du projet. J’ai ensuite formé les dyades et les triades en fonction des besoins des élèves et le plus possible en fonction de leurs affinités. Enfin, j’ai procédé à l’enseignement explicite de l’enseignement par les pairs, à l’aide de la modélisation, de la pratique guidée et de la pratique plus autonome.
Il nous a fallu un certain temps d’adaptation pour que chacun des élèves s’approprient leur rôle respectif. La majorité des élèves ayant le rôle de tuteurs arrivaient à appliquer les stratégies apprises de manière adéquate, soit de reformuler ses explications dans d’autres mots, de poser des questions pour déterminer ce que l’autre ne comprend pas, de donner des indices sans donner la réponse, etc. Parfois, il s’agissait d’un défi pour l’élève tuteur de se mettre à la place de l’élève tuteuré ; ils n’arrivaient pas à identifier ce qui pouvait être une difficulté pour un autre élève, puisque pour eux, la notion leur semblait évidente. J’ai évidemment offert du soutien à ces élèves et j’ai offert des rétroactions de manière constante pour rectifier le tir au besoin.
En ce qui concerne les élèves tuteurés, la majorité des élèves étaient très enthousiastes à l’idée de travailler en équipe pour recevoir du soutien, alors que pour d’autres, c’était plus difficile. Il m’est arrivé d’entendre des commentaires du genre : « Moi aussi j’aimerais être mini-prof, pourquoi c’est toujours les mêmes qui apportent leur aide? ». Certains élèves refusaient de se mettre au travail, car ils semblaient « froissés » à l’idée de recevoir de l’aide. Cela a mené à des tensions dans certaines équipes. Initialement, j’avais prévu conserver les mêmes équipes tout au long du projet, mais à la suite de ces observations, j’ai donné l’occasion aux élèves tuteurés d’être tuteurs à leur tour, ce qu’ils ont grandement apprécié. Cela a redonné un certain équilibre au climat de classe en général et a contribué à diminuer les tensions. D’un point de vue académique, le projet a permis aux élèves ayant des difficultés d’obtenir du soutien immédiat en écriture et en mathématiques de la part de leurs pairs, tandis que pour les élèves ayant plus de facilité, cela leur a permis de consolider leurs apprentissages et d’approfondir leur compréhension de différents concepts.
J’ai récolté diverses traces tout au long du projet. J’ai conservé les forces et les défis identifiés par les élèves ainsi que le tableau d’ancrage réalisé au début du projet. J’ai consigné mes observations plus générales dans un journal de bord. Afin de détailler davantage mes observations, j’ai conçu une grille de consignation par équipe afin de constater si l’élève applique adéquatement les stratégies ou non et ce, pour chacun des rôles. À la fin de certaines périodes, j’ai fait remplir aux élèves des feuilles d’autoévaluation à l’aide d’une légende de couleurs, pour qu’ils constatent eux-mêmes leurs progrès dans l’application des stratégies. Il était intéressant de comparer mes observations avec leurs autoévaluations.
Fichier attaché | Taille |
---|---|
St-PierreNoémy_Forces et défis.pdf | 5.28 Mo |
St-PierreNoémy_Tableau d'ancrage.jpg | 240.37 Ko |
St-PierreNoémy_ Autoévaluation (tuteurés).pdf | 3.74 Mo |
St-PierreNoémy_Autoévaluation (tuteurs).pdf | 3.63 Mo |
St-PierreNoémy_Grille de consignation PIC.pdf | 7.98 Mo |