Description du PIC
Contexte
J’ai réalisé mon projet au préscolaire à l’école Beausoleil dans la ville de Victoria sur l’île de Vancouver. Étant donné que mon stage se déroulait dans une école francophone en contexte majoritairement anglophone, la francisation était primordiale en début d’année scolaire et cela d’autant plus à la maternelle! Lors d’une rencontre du personnel, les enseignantes et la directrice avaient discuté de leur préoccupation quant à la forte présence de l’anglais dans les échanges entre les enfants. Nous avions constaté qu’ils jouaient en anglais aux récréations et qu’ils n’avaient pas de vocabulaire de jeu en français. Également, dans ma classe de maternelle, seulement 5 élèves sur 19 parlaient bien français. Dans le but de socialiser et d’interagir avec les autres, les élèves utilisaient majoritairement l’anglais. De là m’est venue l’idée pour mon PIC!
Interventions menées
J’ai donc décidé de créer une banque de jeux francophones et de les enseigner à mes élèves lors de la récréation du mardi (15 minutes) et de retourner y jouer avec eux dehors le jeudi (30 minutes). J’ai demandé à des élèves de 2e et de 3e année d’être des animateurs avec moi lorsque j’étais à l’extérieur, mais aussi pour le reste de la semaine afin d’aider les maternelles à continuer de jouer en français. Je suis allée les recruter dans leur classe et j’ai été étonnée par l’engouement pour m’aider à jouer en français avec les maternelles. Cet apprentissage par les pairs, qui peut aussi être vu comme une forme de tutorat, permettait à tous les élèves de l’école de jouer en utilisant du vocabulaire de jeu en français. Lorsque j’apprenais un jeu à ma classe, d’autres élèves de l’école voulaient se joindre aux jeux. Il s’agissant également d’un facteur de motivation pour tous les élèves.
Mes intentions étaient de :
- Fournir du vocabulaire de jeu en français pour aider les élèves à socialiser et répondre à leur besoin de francisation;
- Répondre à une préoccupation de l’école et de la classe;
- Favoriser le temps à l’extérieur, car plusieurs études démontrent l’importance de passer du temps en nature pour les jeunes enfants;
- Mettre à profit l’enseignement par les pairs;
- Développer une relation positive favorisant un climat d’apprentissage sain dans ma classe;
- Favoriser l’apprentissage par le jeu et donner le goût d’apprendre aux enfants;
- Développer un sentiment d’appartenance et de compétence dans ma classe de maternelle pour les motiver à parler français.
Résultats
Mardi 5 novembre | Jeudi 7 novembre |
Les enfants forment un cercle. Un animateur commence en disant : « As-tu vu mon gorille ?» Il continue en choisissant un enfant sans le nommer, mais en le décrivant petit à petit tout en circulant autour du cercle. Exemple : Il porte un pantalon bleu. Il a les cheveux bruns. Il porte un chandail blanc, etc. Lorsque l’enfant s’est reconnu, il part à courir à l’extérieur du cercle et tente d’attraper l’animateur ou le joueur qui l’a choisi. Ce jeu favorisait l’utilisation des mots-questions, du vocabulaire des vêtements et de celui des couleurs. | Consolidation du jeu « As-tu vu mon gorille? » Utilisation de mes animateurs le reste de la semaine* Observations : Lorsque je sortais avec mes élèves pour les jeux, les élèves des autres classes voulaient participer. Nous avons donc établi qu’ils pourraient y jouer les autres jours avec les animateurs de 2e et 3eannée.
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Mardi 12 novembre | Jeudi 14 novembre |
Mon intention était de faire un relais-mimes » : Ce jeu aurait permis d’acquérir du vocabulaire sur des thèmes variés tout en captant l’attention des enfants puisqu’ils y courent et bougent beaucoup! Toutefois, les enfants n’avaient jamais mimé et ce fut trop complexe pour le peu de temps qu’on avait à une récréation. Nous avons donc continué de jouer au jeu de la semaine précédente, car les élèves l’aimaient beaucoup et les autres classes y jouaient aussi! | Consolidation. Utilisation de mes animateurs le reste de la semaine* Observations : À quelques reprises dans la semaine, j’ai observé différents élèves, principalement les mêmes 6-7 élèves, rejouer à « As-tu vu mon gorille » sans moi. |
Mardi 19 novembre | Jeudi 21 novembre |
But du jeu : Être le dernier joueur qui reste qui ne s’est pas fait toucher. Il devient la « tag » de la partie suivante. Le nombre de joueurs est illimité et le jeu s’adresse à tous les groupes d’âge. Déroulement : Il faut choisir une personne qui sera la « tag », cette personne se place au centre du terrain, les autres joueurs se placent à une extrémité du terrain. La personne au centre nomme une couleur (exemple bleu). Toutes les personnes qui ont sur elles du bleu traversent en marchant puisque la « tag » ne peut les toucher. Les personnes qui n’ont pas de bleu sur elles doivent traverser en marchant ou en courant sans se faire toucher. Le jeu se poursuit ainsi et la personne au centre nomme à chaque fois une couleur différente de la précédente. Les personnes qui se font toucher par la « tag » deviennent elles aussi une « tag ». Le jeu se termine quand il ne reste qu’une seule personne qui n’a pas été touchée. Ce jeu permettait de travailler le nom des couleurs ainsi que leur reconnaissance tout en gardant les enfants actifs. | Consolidation du jeu traverse couleurs avec aide d’une animatrice. Utilisation de mes animateurs le reste de la semaine* Observations : Les élèves ont beaucoup de plaisir à faire ce jeu et ils y participaient bien, mais certains élèves se désintéressent rapidement et semblaient vouloir jouer à des jeux libres à la place. Je voyais un progrès chez plusieurs élèves. Ceux-ci se souvenaient de mots appris pendant les jeux extérieurs et me les répétaient en classe. Les élèves n’avaient pas reproduit le jeu de Traverse couleurs en mon absence. La plupart des garçons jouaient à incarner des avions supersoniques presque tous les jours et les filles étaient depuis plusieurs jours dans la peau d’une famille d’oiseaux. *** Prise de photos/ vidéos |
Mardi 26 novembre | Jeudi 28 novembre |
Jeux symboliques Suite à mes observations des semaines précédentes, j’avais décidé de faire du jeu symbolique avec mes élèves. Je savais que les jeux de motricité globale ou de règles étaient difficiles pour quelques élèves et qu’aux récréations, mes élèves jouent naturellement généralement à des jeux de rôles. Pour m’adapter à leurs intérêts, j’ai donc demandé à mon animateur de 3e année d’animer le jeu des avions et de faire du modelage pour l’utilisation du français dans le jeu. De mon côté, je suis allée jouer à la famille oiseau et j’enrichissais le jeu en questionnant les enfants, en les faisant reprendre certaines phrases en français plutôt qu’en Anglais et en faisant participer le plus d’élèves possibles. | Consolidation des jeux de rôles en français à partir des idées créatives des élèves. Utilisation de mes animateurs le reste de la semaine* Nous avons joué au dragon contre les oiseaux et cela a permis à tous les élèves de la classe d’interagir ensemble dans le même grand jeu.
Observations : Étant donné que je m’étais introduit aux jeux des élèves plutôt que de leur en proposer de nouveaux qu’ils ne répétaient pas toujours en mon absence, j’ai vu davantage de progrès dans l’utilisation du français dans le jeu. J’ai écouté les élèves parler à chaque récréation du matin et ils ont réutilisé des mots de vocabulaire en français qui étaient adaptés à leur jeu. |
Mardi 3 décembre | Vendredi 6 décembre |
Jeu symbolique des animaux et des dragons. Les élèves plus timides se joignaient au reste du groupe et participaient au jeu. Les élèves jouant aux oiseaux la semaine précédente ont acquis du vocabulaire qu’ils ont décidé de transférer au jeu des dragons. Leur jeu se complexifie et je n’interviens presque plus par rapport au français. Quel progrès! Observation du mercredi/jeudi : Les élèves jouaient de plus en plus en français à leurs jeux habituels! Les autres élèves (surtout ceux de 1ere année) se joignaient à mes élèves. Ils semblaient tous motivés par l’apprentissage de nouveaux mots utiles.
| Jeux libres en français : J’avais décidé de faire une période de jeux libres à l’extérieur pour voir les intérêts des élèves et leur fournir du vocabulaire utile. 1/3 des élèves ont joué au soccer et je leur ai appris des verbes (botter, faire la passe, éviter, intercepter, etc.) et des noms (but, ballon, devant, derrière, etc.) Les autres ont joué aux lutins du père Noël. Ils fabriquaient des cadeaux et réutilisaient du vocabulaire appris en classe. Je guidais le jeu au besoin et je reformulais certaines phrases ou je leur apprenais des mots utiles pour le jeu. ** Impossibilité de prendre des photos et des vidéos en même temps que je jouais. Observations : Les élèves qui avaient tendance à jouer en parallèle avec les autres s’intègrent davantage au groupe. Le fait de m’ajuster aux jeux des élèves, en plus de leur en avoir présenté des nouveaux, a été fructueux. Les surveillantes de récréations m’ont mentionné avoir été témoins d’une amélioration quant à l’utilisation du français dans les interactions entre mes élèves. Les élèves disent : « Yeah! » le jeudi lorsque je leur annonce qu’on va jouer dehors en français. |
Conclusion
Suite à mon PIC, j’ai pu voir une amélioration par rapport à l’utilisation du français dans les échanges sociaux des élèves aux récréations, mais ce ne fut pas facile à documenter étant donné que j’étais dans le feu de l’action. Je semble avoir réussi à stimuler la motivation intrinsèque de plusieurs d’entre eux pour l’apprentissage du français. Le fait de jouer avec mes élèves à l’extérieur de la classe deux fois par semaine, bien que cela fut parfois un défi au niveau de la gestion de classe, a été grandement bénéfique pour le développement de ma relation positive avec les élèves et de celle au sein du groupe. J’ai su mettre à profit l’apprentissage par les pairs, mais si je pouvais refaire le même projet, je prendrais plus de deux animateurs par semaine pour m’aider à filmer et photographier les élèves pendant leurs jeux. Je crois sincèrement que mon PIC a contribué au développement des sentiments d’appartenance et de compétence dans ma classe de maternelle.