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jan 27 2015

 

Bonjour à tous, 

Je me prénomme Annie et j’ai réalisé mon stage IV dans une classe de troisième année. Celle-ci était constituée de 24 élèves, soit 12 garçons et 12 filles. Étant donné que j’avais la chance de vivre ce stage dans ma région natale, je connaissais déjà plusieurs enfants dans ma classe. Parmi eux, rares étaient ceux qui présentaient des problèmes de comportements et quelques-uns démontraient certaines difficultés au niveau de leurs apprentissages, mais la problématique était loin d’être généralisée. Ainsi, en début d’année, j’ai observé attentivement les comportements de mes élèves, la façon qu’ils travaillaient ainsi que leur conception et leur appréciation de l’école. J’ai remarqué que, parfois, la plupart d’entre eux démontraient un désintérêt en ce qui concernait leurs apprentissages, notamment lorsqu’il était question d’user des manuels scolaires. Au début de ma prise en charge, j’ai rapidement compris que ces enfants avaient besoin de vivre des expériences concrètes, de manipuler et de participer activement à leurs apprentissages. J’avais donc pour objectif de leur donner le goût d’apprendre et de leur faire voir à quel point l’école pouvait être agréable, et ce, en tout temps. Étant naturellement une enseignante dynamique et créative, j’ai commencé mes prises en charge en force en leur partageant une gamme de pratiques pédagogiques différentes et toutes aussi stimulantes les unes que les autres. J’ai jugé primordial de prendre le temps de bien connaître mes élèves et d’enseigner en prenant en considération leurs intérêts. Déjà là, j’ai constaté une belle amélioration quant à leur motivation et leur engagement, mais je n’étais pas entièrement satisfaite, car je savais que je pouvais faire encore mieux. J’ai donc pris un temps précieux afin d’échanger avec eux dans le but de bâtir un projet pédagogique unique au cours de mon stage. Toutes les idées de projets de mes élèves tournaient autour des sciences : les animaux, en majorité, les planètes, les plantes, l’électricité... J’avais le nécessaire afin de m’investir pleinement dans un projet qui stimulerait assurément l'intérêt de mes élèves et augmenterait leur désir d’apprendre : nous allons vivre la naissance de poussins en classe! 

1. Préparation du projet 

Avant d’entamer mon projet, j’ai dû m’assurer qu'il n'y avait aucune éventuelle allergie chez mes élèves et j'ai dû demander l'autorisation à ma direction. Ceci étant fait, je me suis assurée d’avoir les ressources nécessaires pour pouvoir mener à terme ce projet. Faire éclore des œufs de poussins en classe peut sembler, pour certains, quelque peu banal, mais je vous assure qu’il faut être bien outillé pour y arriver. Certes, il est d’une importance capitale d’être en possession de nos moyens et d’avoir une bonne connaissance en ce qui concerne le phénomène. J’ai donc dû faire le nécessaire afin de trouver des gens capables de m’aider dans l’élaboration de mon projet, car je partais de rien. J'ai fait une multitude de lectures et j'ai échangé avec de grands connaisseurs afin d'élargir mon champ de connaissances. Enfin, il faut être conscient(e) qu’il est possible qu’aucun œuf n’éclot si une erreur est commise au cours de la période d’incubation. Ainsi, nous devons être prêt(e) à vivre un éventuel échec et être capable d’assurer l’efficacité du projet sans la présence de poussins, car il serait dommage d’avoir enseigné avec acharnement les diverses notions pour «rien». Néanmoins, à l’automne, peu de gens possèdent des œufs fécondés, car il n’est pas conseillé de faire naître des poussins avant l’hiver. Les coûts d’électricité des poulaillers durant la période hivernale sont trop élevés et les poussins risquent de mourir s'ils manquent de chaleur. Aux Îles-de-la-Madeleine, il n’y a aucun éleveur de poussin professionnel; tous sont amateurs, mais ils sont grandement impliqués et motivés dans leur pratique. Tout de même, j'ai téléphoné à toutes les personnes susceptibles d’avoir des œufs et seulement une personne a été en mesure de me fournir suffisamment d’œufs pour l’élaboration de mon projet (24 œufs). J’ai également dû trouver quelqu’un qui pourrait me prêter le matériel dont j'avais besoin, soit :

  • Un incubateur;
  • Un tourniquet à œuf automatique (pour éviter que je doive me rendre à l’école la fin de semaine et les soirs de semaine afin de tourner les œufs);
  • Un thermomètre pour mesurer la chaleur dans l'incubateur;
  • Un thermomètre pour mesurer l’humidité dans l'incubateur;
  • Un récipient pour mettre de l’eau ou des éponges afin d’éviter que les œufs sèchent durant la période d’incubation;
  • Une mireuse à deux entrées afin de pouvoir comparer nos observations (j’en ai également fabriqué une à main à l’aide d’une lampe de poche et de pellicule spéciale);
  • Une pouponnière;
  • Une lampe infra-rouge;
  • Un récipient à nourriture et de la moulée à poussin;
  • Un récipient suspendu pour l’eau;
     

2. Déroulement du projet (résumé)

Durée du projet : 21 jours + 4 périodes

Période 1 : Introduction sur l’univers vivant, présentation des notions sur les ovipares et les vivipares. Classification des différentes espèces en équipe de 4 personnes, puis vérification en grand groupe. La réalisation finale sera affichée en classe. À la fin de la période, réalisation de l’expérience de l’œuf dans le vinaigre (éveil des conceptions initiales des élèves sur les résultats attendus).

Période 2 : Anatomie de l’œuf, pour éventuellement comprendre la différence entre l’œuf fécondé et l’œuf de l’épicerie et, surtout, le développement embryonnaire. Activité d’observation et d’association à l’aide de véritables œufs, d’une représentation géante et de mots-étiquette.

  • Observation d’un œuf de l’épicerie, en équipe de deux personnes – Présentation des différentes parties (albumen, vitellus, chambre à air, coquille, membrane coquillère, chalaze) et de leur fonction dans le développement embryonnaire.
  • Vérification de l’expérience de l’œuf dans le vinaigre (observation de la membrane coquillère) 

Emporter un œuf bouilli (œuf à la coque) en classe fin de voir l’espace qu’occupe la chambre à air.

 Matériel nécessaire :

  • 24 œufs
  • 24 assiettes d’aluminium
  • Œuf avec la coquille dissolue (œuf dans le vinaigre) – tenter l’expérience 72 heures avant le cours.
  • Œuf à la coque
  • Journal de bord (je craque pour toi mon coco!)
  • Affiche «œuf»
  • Mots-étiquettes

 

 

 

 

 

 

 

Période 3  (1er octobre): Début de l’incubation des œufs en classe, éveil des conceptions initiales, distribution des responsabilités des élèves durant le projet.

  • Responsable de la chaleur (noter les données);
  • Responsable de l’humidité (noter les données);
  • Responsable de la nourriture (après la naissance);
  • Responsable de l’eau (après la naissance);

Présentation des principaux éléments du projet, confection du calendrier du petit éleveur. 


 

 

 

 

 

 

 

Début du mirage : Mirer un œuf de l’épicerie, le mettre dans la première entrée de la mireuse et le laisser là pour toute la durée du projet. Que remarquons-nous ? À chaque jour, nous allons mirer un œuf de l’incubateur et dessiner l’évolution dans le journal de bord ainsi que sur le calendrier du petit éleveur (un élève différent qui fait un dessin chaque jour (15 élèves impliqués), 4 feront un compte-rendu de l’évolution des œufs durant les fins de semaine et les 5 autres confectionneront le calendrier géant et s’assureront qu’il soit bien présenté).

 

 

 

 

 

 

 

Période 4 (8 octobre): Validation de nos premières hypothèses. Qu’est-ce qu’un poussin (besoins, milieu de vie, fécondation, etc.)

Période 5 (15 octobre): Le développement embryonnaire (lien entre les observations/dessins des élèves et la réalité, besoins de l’embryon pour grossir, etc.) Présentation de vidéos illustrant le phénomène.

Période 6 (20 octobre) : Observation et manipulation des œufs non-fécondés qui furent retirés de l'incubateur au 18e jour-> DÉCOUVERTE ! 

 

 

 

 

 

 

 

Il y avait un œuf qui semblait non-fécondé mais qui, en réalité, contenait un petit embryon. Émettre des hypothèses : Pourquoi et quand l’embryon est-il mort? Quelles sont les éventuelles possibilités justifiant l’arrêt de son développement? 

Période 6  (22 octobre): Éclosion des œufs, notions sur l'éclosion (les trois étapes de l'éclosion ainsi que les besoins du poussin à sa naissance), observations, validation de nos hypothèses émises lors des dernières périodes. Préparation des courts exposés (pratiques les 23, 24, 27 et 29 octobre). 

 

 

 

 

 

 

 

Période 7 : Comment se transforment-ils ? (Duvet au plumage, différenciation sexuelle, etc.)

29 octobre : L’heure des adieux

Nous avons gardé les poussins en classe durant une semaine. Le mercredi de la fête de l’Halloween, nous avons invité toutes les classes de l’école à venir les voir pour une dernière fois. Les enfants ont préparé un petit exposé expliquant l’ensemble projet. De plus, durant une période d’art plastique, ils ont réalisés des cartes d’invitation pour les classes et les membres du personnel. Après l’école, les parents furent également invités à venir voir nos petits poussins (entre 15h30 et 17h30). Tous se sont présentés et nous avons même reçu la visite des parents d’enfants des autres classes. C’était l’euphorie dans la classe, les enfants étaient tellement fiers de présentés leurs petits poussins à leur famille. J’ai reçu des commentaires plus que positifs de la part des parents de mes élèves et ces derniers se sont montrés très reconnaissants envers tout ce que je partageais à leur enfant. À notre grande surprise, le papa d’une de mes élèves m’a demandé s’il était possible qu’il emporte les poussins à la maison. Il disait avoir un poulailler et tout ce dont il était nécessaire pour assurer la survie de ces animaux. Bien que j’avais déjà trouvé une famille à nos adorables poussins, je n’ai pu lui refusé. La belle Mariloup est donc retournée à la maison avec eux. Elle emporte régulièrement des photos des poussins en classe afin de montrer leur évolution à ses pairs. Elle invite aussi quotidiennement des amis à aller les voir, c’est vraiment génial ! 

Les bienfaits de ce projet :

Le projet « Je craque pour toi mon coco » est sans aucun doute la plus belle réalisation de mon stage IV. Le résultat du travail que j’ai mené avec acharnement a eu un effet impressionnant dans toute l’école. Je considère avoir accompli avec brio l’objectif que je m’étais fixé, soit d’assurer l'engagement de mes élèves à l’école et leur démontrer à quel point il est possible d’apprendre tout en s’amusant. Mes élèves arrivaient en classe, chaque matin, avec des étoiles dans les yeux. Ils étaient contents d’être à l’école et démontraient une telle passion dans leurs apprentissages. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est que les élèves étaient motivés et engagés en tout temps, et ce, même lorsqu’il n’était pas question des poussins. Ils me donnaient l’impression d’apprécier extrêmement ce qu’ils vivaient et cela se reflétait dans tout ce qui englobait l’école. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est le fait qu’ils me remerciaient constamment et me disaient à quel point ils se trouvaient chanceux de vivre une telle expérience. J’ai été surprise de voir à quel point des enfants étaient reconnaissants. Lorsque les œufs ont éclos, nous avons gardé les poussins en classe dans une pouponnière. Mes élèves disaient que la douce mélodie qu’ils faisaient en piaillant les aidait à se concentrer. Ils faisaient également de l’autogestion, car ils ne voulaient pas que les poussins soient dérangés : Le silence régnait constamment en classe. Vraiment, ce projet m’a confirmé à quel point il était primordial d’impliquer les élèves dans leurs apprentissages, de leur faire vivre des expériences concrètes et stimulantes et que le fait de sortir du cadre «traditionnel» peut avoir des impacts plus que bénéfiques sur la motivation et le rendement de nos élèves. Il est important d’enseigner avec passion, de considérer leurs intérêts et de ne pas avoir peur d’innover dans nos pratiques pédagogiques. Les parents de mes élèves m’ont également partagés des commentaires plus que satisfaisants et plusieurs m’ont dit qu’ils n’avaient jamais vu leur enfant aussi heureux et motivé à l’idée d’aller à l’école. Je vous invite à tenter l’expérience, vous ne le regretterez pas !

Je vous partage finalement une vidéo qui résume parfaitement notre projet. Je tiens à préciser que j’ai eu l’accord parental afin de la diffuser dans le cadre de ce cours. J’ai également inséré quelques commentaires des parents de mes élèves à la fin de celui-ci qui démontre bien l’impact que ce projet à eu sur leur enfant J Bon visionnement !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cohorte