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J’ai fait vivre mon PIC dans le cadre de mon stage à une classe de 3e année à l’école de l’Escalade. J’avais dans ma classe 26 élèves, dont 6 ayant des plans d’intervention et une élève immigrée de la Roumanie qui parlait bien français, mais qui avait un niveau de lecture et d’écriture équivalent à la 1re année. J’ai construit mon PIC en tentant de déceler les besoins que mes élèves avaient. Au niveau des apprentissages, ma classe était plutôt forte. J’ai constaté que leurs besoins apparaissaient surtout en lien avec les comportements. Les élèves fonctionnaient bien en classe, mais lorsqu’ils arrivaient dans la cour d’école ou au service de garde, les problèmes de comportements se multipliaient (insultes, chicanes, tricherie, batailles, manipulation, etc. et ce surtout chez les garçons). J’ai donc voulu mettre en place un projet qui permettrait de donner aux élèves des stratégies de prévention et de résolution de conflits.

En premier lieu, j’ai construit un grand thermomètre que j’ai présenté aux élèves pour leur faire comprendre que lorsqu’on vit une situation conflictuelle, c’est comme si la température faisait grimper notre thermomètre intérieur. On a chaud et on a de la difficulté à contrôler nos émotions. Je leur ai expliqué que le but de ce projet était donc de leur donner des stratégies pour apprendre à faire descendre leur température pour éviter que leur thermomètre explose et que cela génère un conflit. Nous avons commencé par identifier des situations conflictuelles que nous pouvions vivre à l’école, que ce soit en classe, sur la cour d’école, au service de garde, etc. J’ai précisé aux élèves de bien garder en tête ces situations, car elles allaient nous servir plus tard dans le projet. À l’aide d’un grand carton (voir Annexe), j’ai préalablement sélectionné des comportements qui étaient à éviter pour ne pas se retrouver dans une situation conflictuelle et des comportements qui étaient préférables d’adopter si jamais on se retrouve dans une telle situation. J’ai ensuite inscrite deux colonnes sur le carton, soit celle des comportements à éviter et celle des comportements à adopter. Avec les élèves, nous avons joué à classer les comportements dans la bonne colonne. Les comportements à éviter étaient : crier, insulter, agresser physiquement, tricher, dire des mensonges et faire une alliance contre quelqu’un. Les comportements à adopter étaient : se détendre à sa façon, demander des explications, dire comment on se sent, faire preuve d’empathie, dire la vérité, demander des excuses, accepter des excuses et demander l’aide d’un adulte. Après avoir classé les comportements, cette affiche devenait notre référentiel pour tout le reste du projet. J’ai mis à la disposition des élèves des fiches d’autoévaluation qu’ils pouvaient remplir lorsqu’ils avaient vécu une situation conflictuelle, peu importe l’endroit ou le moment dans l’école. Sur cette fiche, ils pouvaient cocher les comportements qu’ils avaient adoptés au moment où le conflit s’est déroulé. À l’endos de la fiche, les élèves pouvaient écrire ce qu’ils auraient dû faire différemment pour ne pas envenimer le conflit. Nous gardions différents moments en classe pour faire des retours en grand groupe sur les fiches qui avaient été remplies par les élèves.

Par la suite, en équipe de deux, les élèves devaient choisir une des situations conflictuelles que nous avions identifiées pour l’illustrer en bande dessinée. J’ai choisi ce médium de présentation étant donné que la BD était le thème de l’école pour cette année. Les élèves devaient en premier écrire un scénario à partir d’une feuille donnée dans lequel on devait trouver à la fois des comportements à éviter qui créaient un conflit et des comportements à adopter qui réparaient le conflit. Une fois que j’avais approuvé le scénario de leur BD, les élèves pouvaient la créer à l’aide du site internet Pixton, un site qui permet de faire des BD numériques.

La troisième étape du projet consistait à faire du théâtre de situation. À partir des BD que les élèves avaient créées, ceux-ci avaient un maximum de deux périodes pour se pratiquer à jouer leur BD sous forme de « sketch ». Tout ce qui se trouvait dans la BD numérique devait être joué dans le sketch. Je devais donc voir les comportements à éviter et à adopter qu’ils avaient choisis. Une fois les deux périodes de pratiques passées, les équipes passaient à tour de rôle pour présenter leur sketch. À la fin de chaque sketch, les élèves spectateurs devaient identifier les comportements qui ont créé le conflit et les comportements qui ont aidé à régler le conflit. Ils pouvaient également proposer d’autres comportements qui auraient pu être adoptés et expliquer comment ces comportements auraient pu aider à régler le conflit.

En bout de ligne, je ne sais pas si le projet a été concluant, car les troubles de comportements des élèves ciblés ont continué à être présent sur la cour d’école et au service de garde. J’ai même dû intervenir sur le groupe de garçons ciblés une fois le projet terminé car ceux-ci s’étaient inventé « un jeu » qu’ils avaient appelé le KO, où ils devaient se bousculer et se frapper et réussir à se sauver pour toucher à un poteau et ainsi être en sécurité. Un des garçons de ce groupe obligeait les autres à jouer, car sinon il ne les considérait plus comme ses amis.

J’ai tout de même quelques traces écrites de fiches d’autoévaluation, mais j’ai dû expliquer la procédure aux élèves à plusieurs reprises car ceux-ci ne remplissaient pas la fiche au complet. Voyant que les fiches étaient parfois incomplètes et que les élèves ne se souvenaient plus du conflit vécu lors des retours en grand groupe, j’ai décidé de mettre en place un conseil de coopération. Si les élèves avaient vécu un conflit et qu’il voulait en parler, ils pouvaient demander à ce qu’il soit placé à l’ordre du jour. Cette façon de procéder était beaucoup plus efficace, car les élèves savaient qu’ils allaient devoir discuter du conflit et ils pouvaient un peu se préparer à l’avance.

Cohorte