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jan 20 2018

 

Les élèves de ma classe avaient une cohésion de groupe assez faible. Des conflits survenaient régulièrement entre les élèves en classe et encore plus sur la cour d’école. Les garçons de ma classe semblaient bien s’entendre entre eux à l’exception d’une occasionnelle tricherie à un jeu de ballon. Ce sont surtout les filles qui vivaient ces conflits régulièrement. Mon enseignante associée, le TES de l’école et moi-même avons eu connaissance de plusieurs incidents impliquant des insultes, du rejet et même des batailles auxquelles nos élèves étaient mêlées.

Comme l’une des orientations du projet éducatif de l’école est d’assurer la réussite du plus grand nombre d'élèves possible en développant la motivation et le sentiment d'appartenance, j’ai choisi d’organiser un projet qui nécessite que tous les élèves de ma classe travaillent vers un même but pour en arriver à une création collective. Je tenais à ce que mon projet permette aux élèves d’être en situation d’interdépendance positive afin que le travail de chacun ait un impact sur le produit final. Le projet se voulait une expérience positive de coopération pour le groupe en entier, une occasion de développer un bon niveau de confiance entre les élèves et un sentiment d’appartenance au groupe même pour les enfants les moins populaires.

 

J’ai sélectionné un sujet que je sais qui intéresse mes élèves : les légendes. C’est d’abord en parlant avec une élève lors d’une sortie scolaire que j’ai su qu’elle se considérait comme une experte en légende. En la questionnant, je me suis aperçue qu’elle connaissait uniquement des légendes urbaines. La semaine suivante, j’ai lu à la classe la légende de la Corriveau, qui se déroule en 1763, juste après la conquête de la Nouvelle-France, que nous venions de voir en univers social. L’histoire a eu beaucoup de succès et les enfants m’ont demandé de lire d’autres légendes québécoises. Je souhaitais en sélectionnant mon sujet en partant des intérêts des enfants qu’ils soient plus facilement motivés à participer au projet.

 

Le produit final prend la forme d’un documentaire, créé entièrement par les enfants sous ma supervision. Ce type de création demande une grande préparation (recherche, préparation de matériel, rédaction de textes, etc.), mais offre la chance aux élèves de participer de différentes façons à l’élaboration du projet. Tout documentaire exige la participation de beaucoup de gens jouant différents rôles. Les élèves ont donc pu choisir d’exercer un rôle qui correspond à leurs forces et leurs intérêts personnels.

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Avant de transmettre des informations, il nous fallait d’abord trouver des informations. Les élèves ont effectué une recherche sur Internet et pris en note les données trouvées sur une feuille conçue expressément pour cela. J’ai conservé ces feuilles afin de m’assurer que les informations étaient justes et suffisantes concernant chaque sujet ainsi que pour avoir des traces écrites du travail de chaque élève.

Une fois le documentaire terminé. Nous l’avons visionné ensemble en classe et les élèves ont par la suite rempli une feuille d’appréciation et d’autoévaluation. En ce qui concerne la partie autoévaluation, la grande majorité des élèves portaient un jugement positif sur le travail qu’ils avaient accompli. Un seul élève s’est donné 0/5 en justifiant qu’il n’avait pas fait grand-chose. Cela dit, le rôle qu’il jouait était celui qu’il avait choisi et l’autre élève qui avait le même rôle a jugé son travail comme très bien fait et s’est donné 5/5.

Comme je souhaitais avoir des traces écrites de l’évolution du sentiment d’appartenance de mes élèves, j’ai fait remplir un questionnaire visant à évaluer la force de ce sentiment chez les élèves avant le début du projet et une fois le projet complété. Les enfants devaient dire s'ils étaient tout à fait d'accord, plus ou moins d'accord ou tout à fait en désaccord avec  une série d’énoncés. Les énoncés  provenaient d’un article dans le périodique Psychology in the schools (Goodenow, 1993).

J’ai comptabilisé les réponses des élèves avec des points, jusqu’à un maximum de 32. Les graphiques ci-dessous représentent le nombre d’élèves tombant dans chaque échelle de résultats. On constate qu’il n’y a plus personne ayant un résultat se situant entre 7 et 12 points à la fin du projet alors qu’il y en avait 4 avant le commencement. Il y a également une augmentation de 4 personnes se trouvant entre 27 et 32 (la section la plus haute). La moyenne des scores est aussi passée de 21,8 à 24,7. La tendance est donc généralement positive.[[{"fid":"982","view_mode":"default","fields":{"format":"default"},"type":"media","attributes":{"height":"594","width":"541","class":"file-default media-element"}}]]

Finalement, j’ai de nombreuses traces vidéo de la création de notre documentaire. En le visionnant, je remarque beaucoup de sourires et de rire de la part des acteurs, experts, animateurs et caméramans. Cela me donne l’impression que les élèves ont bien apprécié leur expérience.

Bref, même s'il reste toujours du chemin à faire, je crois que l'expérience a été positive pour les élèves et que la cohésion de groupe s'améliore peu à peu.

Cohorte