Mon projet d’intervention en contexte portait sur l’apprentissage de l’autorégulation chez les élèves de maternelle. En effet, nous avions observé mon enseignante-associée et moi que les élèves avaient des difficultés à s’autoréguler. Par exemple, ils avaient beaucoup de difficulté à respecter le droit de parole, à réussir à arrêter de rire lorsque nous avions vécu un moment drôle, à résister à la tentation de s’avancer vers les images de l’album au moment de l’histoire, à garder ses mains sur soi et à ne pas toucher les autres, à résister à la tentation de souffler la réponse lors de la routine car on ils la connaissent. De la difficulté à être patient lors des moments d’attentes. à maintenir sa concentration lors des ateliers ou de la causerie, pour certains élèves. Lors de la routine, nous devions souvent demander à des élèves de retourner à la table car ils n’avaient pas su s’autoréguler en grand groupe au tapis. La majorité des comportements pour lesquels nous devions donner des conséquences étaient intimement liés à l’autorégulation comportementale.

L’autorégulation est le processus par lequel les élèves maîtrisent leurs pensées, leur comportement et leurs émotions pour réussir à vivre pleinement des expériences d’apprentissage. Shanker définit celle-ci comme << la capacité de gérer ses propres états d’énergie, ses émotions, ses comportements et son niveau d’attention de manière socialement acceptable afin d’atteindre des objectifs positifs. Il précise toutefois que cela va au-delà de la maîtrise de soi : il s’agit plutôt de l’habileté à reconnaître les facteurs stressants, et à utiliser les ressources internes et externes de manière efficace pour récupérer ou redevenir concentré, alerte et calme. >> 

S’avoir s’autoréguler ce n’est pas inné, mais ce qui est merveilleux c’est que l’autorégulation, ça s’enseigne! Les élèves qui entrent à l’école y entrent sans une solide capacité d’autorégulation! Ainsi, un enseignement explicite et une démarche d’intervention précoce est nécessaire et c’est donc ce que j’ai entrepris par mon projet PIC!

Tout d’abord, puisque l’autorégulation est un concept assez abstrait pour des enfants de cet âge, il s’agissait de rendre cela concret à leurs yeux et d’avoir des rappels visuels dans la classe. J’ai pu rendre cela concret pour les élèves en leur décrivant l’analogie du petit moteur ; il y a le tracteur qui ne va pas assez vite, la voiture ‘’normale’’ qui va juste à la bonne vitesse pour apprendre et la voiture de course qui va trop rapidement. Avec mes élèves il a été bénéfique de donner des exemples de comportements observables pour chaque ‘’voiture’’ afin qu’ils saisissent bien quelles sont mes attentes. Par la suite, je leur ai montré des moyens de se placer en mode ‘’voiture normale’’ : nous avons essayé la pleine conscience par des méditations pour enfants, différentes respirations, les jouets sensoriels et les pauses actives, nous avons également mis une horloge au tableau pendant les ateliers pour voir le temps s’écouler. Pour ce qui est de l’autorégulation comportementale nous avons discuté en causerie de l’espace personnel des gens, de l’importance de respecter ‘’la bulle’’ des gens et les moyens pour le faire. Nous avons par la suite collé des bulles au sol près du lavabo pour faire la file en respectant l’espace des autres. Quel bonheur par la suite d’entendre les élèves parler de leur ‘’bulle’’ et de les voir faire la file sans toucher aux autres. J’ai également fait vivre aux enfants une activité de musique où ils devaient se pratiquer à attendre leur tour. Ils devaient reproduire une suite de sons seulement lorsque je nommais leur nom.

Les traces qui en découlent sont des observations prises dans un journal de projet sur les comportements des élèves suite à nos activités portant sur l’autorégulation. Il y a tellement de façons intéressantes d'instaurer un climat qui promouvoit et favorise l’autorégulation. Par exemple, aménager un coin calme, allouer des moments de détente mentale durant les périodes de transition, etc.