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Contexte

J’ai effectué mon stage dans une classe flexible de 5e année de l’école Saint-Louis-de-France. Pour tous les élèves, il s’agissait d’une première expérience de classe flexible. Les élèves pouvaient faire des choix de places selon leurs besoins en tout temps. Mon enseignante associée et moi souhaitons que ce contexte plutôt particulier soit exploité à son plein potentiel, c’est-à-dire que les élèves en viennent réellement à faire des choix selon leurs besoins et non selon leurs envies, de façon autonome. Tout de même, il arrivait quelques fois que je doive leur imposer des changements de place, car ils n’avaient pas fait les bons choix.

En plus de celui de la classe flexible, il y avait d’autres défis relatifs à l’autonomie dans ma classe. Les élèves venaient souvent me voir pour savoir quoi faire lorsqu’une tâche est terminée ou lorsqu’ils rencontraient des difficultés mineures dans leurs exercices. Ils se désorganisent rapidement lorsque leur besoin immédiat n’était pas répondu (que je n’étais pas disponible pour répondre à leur question ou pour leur rappeler les consignes). Certains avaient également besoin de rappels réguliers concernant les routines. Je souhaitais amener mes élèves à être plus autonomes afin de pouvoir en venir à les encadrer différemment: accompagner les élèves dans leurs choix et les renforcer leurs bons choix plutôt que de leur imposer. 

 

 Interventions menées

Nous avons commencé par cibler, en plénière, des contextes dans lesquels un élève de 5e année peut faire preuve d’autonomie. Cette liste des manifestations de l’autonomie est devenue leur liste de défis. Après une autoévaluation de leurs compétences face à ces énoncés, chaque élève a ciblé un défi d’autonomie sur lequel il souhaitait travailler pour la semaine, puis en équipes, selon les défis choisis, ils ont dressé une liste de moyens à privilégier pour réussir leurs défis. 

 

Nous avons consigné tous les moyens relevés par les élèves pour atteindre leurs défis dans une « banque de moyens». Il s’agit d’un outil créé par les élèves pour les élèves. Lors de l’autoévaluation hebdomadaire, les élèves se plaçaient en équipes selon leurs défis, regardaient les moyens ciblés par les élèves ayant eu le même défi qu’eux auparavant et ajoutaient des moyens à la liste, s’ils avaient d’autres idées. 

Chaque semaine, nous avons fait un retour sur les défis et les élèves ciblaient, parmi les moyens utilisés, celui qui avait été le plus signifiant pour eux. La feuille d’autoévaluation leur a permis de faire un suivi de leurs défis et d’en choisir un nouveau chaque semaine (si leurs défis hebdomadaires étaient atteints). 

Nous avons affiché les défis de chaque élève dans la classe. L’idée était que chaque élève puisse avoir un rappel visuel de son défi en tout temps. Nous avons affiché un défi à la fois, afin de ne stigmatiser aucun élève. Avec ce style d’affichage, impossible de relever l’élève qui aurait 3 défis d’autonomie à travailler versus celui qui en a 15. Le but n’est pas de classer les élèves, c’est d’offrir un rappel visuel ainsi qu’une occasion pour la classe de souligner les bons coups. Pour cela, j’ai laissé des post-its près de l’affichage et j’ai encouragé les élèves à noter les bons coups des autres élèves relativement à leurs défis. J’ai également renforcé les bons coups en utilisant ce système. 

 

 Résultats 

J’aurais souhaité avoir plus de temps pour ce projet. Une période de 4 semaines est bien peu pour un défi de cette envergure. L’autonomie, ça se développe continuellement. Tout de même, la plupart des élèves ont réussi à faire 3 à 4 défis. J’ai vu les élèves mettre beaucoup d’efforts sur leurs difficultés, que ce soit de ranger leur sac le matin sans rappel ou de prendre des initiatives. Certains étaient très fiers de me dire quand ils avaient pensé à leur défi. Il faut dire que mon système reposait entièrement sur la motivation intrinsèque. Le désir de faire mieux pour s’améliorer. Peut-être que certains le faisaient pour me faire plaisir, aussi, mais il reste qu’il n’y avait aucun bonbon, aucun privilège à la fin, contrairement à beaucoup de systèmes travaillant l’autonomie avec des niveaux. Mes élèves auraient peut-être été plus investis si ça avait été le cas, mais cela ne correspondait pas vraiment avec les valeurs de notre classe. 

 Après coup, je réalise que le projet a peut-être apporté davantage aux élèves au niveau de la découverte de moyens, de stratégies pour réussir leurs défis. En partageant ainsi les moyens à l’aide de la banque, les élèves étaient amenés à en tester plusieurs et à trouver celui qui fonctionnait le mieux pour eux. Ce n’est pas parce qu’un élève a réussi à faire son défi pendant une semaine que c’est réglé, c’est intégré, et qu’il le fera désormais de manière automatique. Mais, l’élève a trouvé des stratégies qui fonctionnent pour lui. Maintenant, il ne lui reste qu’à faire l’effort des appliquer. Je ne serai pas là pour poursuivre ce projet, mais il aurait certainement évolué dans ce sens si ça avait été le cas. 

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Cohorte