Contexte :
J’ai effectué mon stage dans une classe multi-âge de 1re et de 2e année. Dans cette classe de 18 élèves se situant dans le quartier Duberger–Les Saules, la différenciation était au cœur des apprentissages, car l’écart entre certains élèves était grand. Cet écart était certainement visible entre les élèves de première année et ceux de deuxième, mais aussi entre les élèves d’une même année. Malgré les différences, j'ai pu remarquer que lorsque nous avions des périodes d’écriture, la majorité des élèves avait une attitude négative envers celle-ci causée, entre-autres, par le manque d'intérêt, par la peur de choisir ses idées, par la difficulté avec la calligraphie, etc. À mes yeux, rendre l’écriture stimulante et significative était une nécessité surtout pour des enfants qui sont à leurs premières expériences avec l’écrit.Un autre fait observable était le non-respect des autres, notamment le non-respect du droit de parole. Parfois, les enfants oubliaient qu’ils faisaient partie d’un groupe et qu’ils devaient lever leur main et avoir l'autorisation pour parler. Le respect du droit de parole impliquait aussi d’écouter ce que les autres ont à dire.
Pour parvenir à susciter un certain intérêt pour l’écriture et à apprendre à respecter le droit de parole, j’ai cru bon de faire un projet où les élèves devaient faire des choix collectifs. Un projet où l’écriture serait perçue comme un travail agréable et une fierté. Ayant remarqué que les enfants appréciaient feuilleter des albums de la bibliothèque (surtout ceux parlant de monstres) et qu’ils adoraient les moments où nous leur lisions des histoires, l’écriture d’un livre collectif sur un monstre était donc un moyen envisageable pour travailler ces deux éléments.
Échéancier
Première période:
- Lecture de deux livres sur les monstres
- Tempête d'idées sur des éléments principaux de l'histoire (personnages et lieux)
- Création d'un monstre par élève
Deuxième période:
- Vote pour déterminer quel monstre sera le personnage principal
- Lecture de deux livres sur les monstres
- Analyse de deux des trois temps de l'histoire (le début et le milieu)
Troisième période:
- Lecture d'un livre sur les monstres
- Analyse d'éléments principaux de l'histoire et du dernier des trois temps du récit (la fin)
- Début de la rédaction du récit
Quatrième période:
- Suite de la rédaction du récit
Cinquième période:
- Attribution d'une phrase et retranscription de celle-ci par l'élève
- Illustration de la phrase par l'élève
Le projet
Préalablement, nous avons garni la bibliothèque de divers récits sur les monstres et avons lu ensemble quelques-uns de ceux-ci. Parmi ces livres, 5 histoires ont été analysées afin de ressortir certains des éléments nécessaires à la composition d’un récit (les trois temps du récit, les personnages, les lieux, etc.). Par exemple, pour l’histoire de L’île aux monstres nous avons ressorti en grand groupe beaucoup d’adjectifs (des caractéristiques physiques) qui servaient à décrire les monstres. Suite à ces lectures, des banques de mots étaient créées afin d’inspirer les enfants lors de l’écriture.
À la fin de la première période, les enfants devaient créer un monstre. Ensuite, ils devaient voter pour le ou les monstres (maximum 2) qui étaient les mieux décrits. Le ou les gagnants seraient les personnages principaux de notre récit. Une fois le personnage choisi par les enfants, il était temps d’analyser les autres composantes et d’écrire collectivement l’histoire (voir échéancier). Ce sont les élèves qui ont choisi, avec un peu d’aide, le mode de fonctionnement de la prise de parole et des votes. En effet, 2 à 3 enfants venaient à l’avant et étaient responsables soit du droit de parole soit du vote des idées. Le responsable du droit de parole s’assurait que chacun propose ses idées, que chacun écoute les autres et que chacun ait eu l’autorisation de parler avant de le faire. Quant au responsable des votes, il devait vérifier que tous les enfants aient les yeux fermés ou la tête sur le pupitre lors des votes et que chaque enfant lève la main une seule fois pour voter. Pendant ce temps, j’écrivais l'histoire (ce qu'ils me dictaient) au tableau et je verbalisais différentes règles de grammaire (ex : le pluriel, le féminin, la majuscule et le point, etc.). Je faisais aussi de l’orthographe approchée tout en laissais quelques erreurs au tableau. Cela servait à montrer qu’il est possible de recourir à divers outils et trucs qui peuvent m’aider à corriger certains mots.
Une fois l’histoire terminée en grand groupe, les enfants avaient une phrase à recopier individuellement (choisie selon leur aisance avec la calligraphie) et devaient dessiner ce qu’évoquait cette phrase.
Obstacles
- Peur de faire valoir ses idées en grand groupe
- Idées peu variées ou incohérentes
- Difficulté à accepter les idées des autres
- Calligraphie
- Temps manquant
Traces écrites
- Document d’écriture personnel sur le monstre
- Quelques banques de mots
- Le livre collectif