Contexte et problème auquel je souhaitais répondre
Tout d’abord, pendant mon dernier stage, j’étais dans une classe de niveau préscolaire. Au sein de celle-ci, il y avait 13 élèves. Parmi eux, nous pouvions compter six enfants de quatre ans, six enfants de cinq ans ainsi qu’un enfant de six ans. À titre informatif, le milieu scolaire est classé à 7 dans l’échelle de défavorisation. Dans la classe, j’ai remarqué que le respect des règles et des consignes pouvait être difficile. En observant quotidiennement les élèves, j’ai pu constater que plusieurs éprouvaient des lacunes au niveau des habiletés sociales. Premièrement, attendre son tour était difficile. Par exemple, pour prendre la parole au tapis, pour choisir son atelier, pour participer pendant les jeux collectifs, etc. Les élèves ne voulaient pas toujours partager également (ex.: le robot, les voitures, les trains et autre(s) pendant les jeux libres). Par ailleurs, proposer son aide et encourager ses camarades se faisaient plutôt rare. C’étaient toujours les mêmes enfants qui encourageaient et aidaient les autres. Aussi, il pouvait être difficile pour certains élèves de respecter les règles dans un jeu (ex.: tricherie pendant le jeu des couleurs ou élèves qui se mettent plus de pierres dans leur contenant du système de récompenses). Enfin, plusieurs enfants jouaient toujours avec le même ami ou seuls et verbaliser calmement un message à un camarade était difficile.
Résumé de mon projet qui s’intitule « Main dans la main »
En lien avec mes observations, j’ai décidé de réaliser un projet qui permettrait de solliciter la collaboration et les échanges entre les élèves, ce qui s’insère dans les habiletés sociales. Le projet s’est concrétisé pendant cinq semaines où nous avons fait sept périodes en tout. Durant ces périodes, les élèves étaient amenés à faire des jeux d’équipe où ils devaient s’encourager, s’entraider, respecter des règles, partager du matériel, travailler en collaboration avec les autres, etc. Lors de ces périodes appelées « Main dans la main » (symbole de collaboration), nous pouvions également effectuer des créations collectives où les élèves devaient respecter les idées des autres, communiquer, comprendre l’importance du travail d’équipe, etc. De plus, nous pouvions faire des cercles de présentations où les élèves présentaient des jeux de la maison. Ils pouvaient ensuite jouer en équipe pour susciter la collaboration. Durant les périodes, nous faisions une à deux activités et c’est moi qui dirigeais pour éviter d’avoir plusieurs questions sur différents jeux et pour pouvoir mieux les observer. Les équipes changeaient chaque semaine pour que les élèves apprennent à travailler avec d’autres personnes que leurs amis. Lors du projet, un système à pompons a été instauré, en concordance avec les périodes de jeux et créations d’équipe. De façon collective, les jeunes devaient remplir le pot à pompons pour un privilège classe. Au début du projet, ils ont choisi ensemble ce privilège, soit d’avoir un dîner spaghetti avec moi (motivation). Les élèves pouvaient faire diverses actions pour avoir droit à des pompons :
- Partager un jouet ou un jeu.
- Aider un ami ou proposer son aide.
- Encourager les autres et, par le fait même, avoir une belle attitude lors des jeux.
- Faire une bonne action pour quelqu’un.
- Attendre son tour.
- Être à l’écoute des idées des autres.
- Participer aux activités proposées dans le cadre du projet.
- Respecter les règles dans un jeu.
Ils ont tous contribué, à leur manière, à obtenir le privilège de groupe à la fin. J’ai créé une affiche avec des pictogrammes pour que les élèves se souviennent que faire pour obtenir des pompons et j’effectuais des rappels à chaque début de période avec cette affiche imagée. Pour terminer la description de mon projet, voici des exemples de jeux et de créations qui ont été réalisés (en équipe) pour travailler la collaboration chez les élèves :
- Période d’introduction : lecture interactive de l’album « Tout le monde » d’Élise Gravel pour entamer le sujet, discussion autour de la collaboration, présentation du projet qui est intitulé « Main dans la main » et choix du privilège.
- Période 1 de jeux : le jeu des tours en verre.
- Période 2 : jeux de la maison à se présenter et à jouer en équipe (j’ai choisi trois jeux simples parmi ceux des élèves. J'ai opté pour ceux qu'ils sont facilement capables de jouer et/ou qu’ils connaissent déjà comme un jeu de mémoire).
- Période 3 : jeu du cerceau et début du dessin géant (création) en équipe.
- Période 4 : fin des créations, présentations de ces dernières (rapidement) et jeu de la cuillère.
- Période 5 : jeu des sauts.
- Période 6 : constructions en équipe et conclusion du projet.
Autres idées qui auraient pu être pertinentes: création d'un spectacle de marionnettes en équipe ou jeu de mimes.
Interventions menées auprès des élèves
Mis à part l’apprentissage par le jeu et le choix du privilège de groupe pour motiver les élèves dont j’ai déjà parlé précédemment, pendant le projet, j’ai surtout effectué des interventions individualisées auprès des élèves. Par exemple, lorsqu’un élève n’était pas d’accord avec un autre pour une construction, je les questionnais sur ce qu’ils pouvaient faire pour s’entendre. Sinon, j’ai fait, en grande majorité, du renforcement positif. Je faisais des rétroactions tout au long du PIC, notamment lorsque je voyais qu’un ami se démarquait des autres ou qu’un bon coup avait été fait. Je pouvais aussi demander aux élèves comment ils avaient procédé et donner des astuces (rétroaction de type métacognitive). À la fin de chaque période, je revenais d’autant plus avec les élèves sur ce que j’avais observé, sur ce qui avait bien été et moins bien été. L’objectif était de trouver des pistes et solutions ensemble pour s’améliorer de période en période. À la suite de cela venait la remise des pompons où je donnais des pompons à tous les élèves qui avaient bien participé et j’en donnais en plus à ceux qui se sont démarqués (ex. : partager, proposer de l’aide, encourager, etc.). Je ne pouvais évidemment pas tout observer, mais j’ai fait du mieux que j’ai pu.
Résultats, observations et traces disponibles
Lors du projet, j’ai pris des notes de mes observations chez les élèves, mais aussi sur ce que j’aurais pu améliorer ou bonifier pour les prochaines fois. C’était sous forme de journal de bord. J’avais aussi une liste des élèves et je notais comment cela avait été pour chaque période avec un symbole (ex. : étoile pour une période excellente au niveau des habiletés sociales et plus précisément la collaboration, sourire pour une atteinte des attentes, ligne droite pour une petite difficulté en cours de période et « baboune » pour une période difficile). Cet outil me permettait alors de voir la progression de chaque élève pendant le projet. En regardant les données, je constate qu’il n’y a plus d’enfants qui obtiennent des « babounes » dans les deux dernières périodes du projet. Il y a beaucoup de sourires (élèves dans les attentes). C'est bien! Par ailleurs, mon projet se déroulait lors des cinquièmes périodes, car c’était ce que mon enseignante associée souhaitait. En revanche, je ne le conseille pas, car les élèves étaient souvent plus fatigués, agités et moins réceptifs. J'aurais aimé exploiter davantage ce projet à son plein potentiel. Je remarque d’ailleurs par mes notes écrites que ceux qui ont obtenu une « baboune » avaient eu une moins bonne journée, ce qui s’est transposé dans le PIC à la dernière période. Une autre remarque est que les résultats variaient selon les équipes des élèves, mais aussi selon l’intérêt qu’ils portaient envers le jeu de la période. Il faut capter leur attention avec un jeu ludique et attrayant. Enfin, pour avoir une meilleure idée de l’efficacité du projet, il aurait probablement fallu que je le fasse sur une plus longue durée (même si j’ai pris cinq semaines), car les habiletés sociales ne deviennent pas nécessairement meilleures du jour au lendemain. J’ai pu voir que le groupe était plus « soudé » vers la fin, mais les élèves ont encore du chemin à faire individuellement malgré l’amélioration du groupe.