Mon stage 4 s'est déroulé dans une classe de préscolaire 5 ans de 18 élèves allumés et intéressés. Nous faisions régulièrement des sorties en plein air, et tous les jours, à raison de deux séances de 45 minutes, nous étions en jeu libre. Lors de mes premières semaines de stage, j’ai pu observer que certains de mes élèves pouvaient avoir de la difficulté dans la gestion de leurs émotions lors de ces types de périodes. Certains élèves pouvaient ainsi se replier sur eux-mêmes, se fâcher, bouder ou pleurer de façon démesurée lors de situations de jeux. J’ai donc pensé à créer mon plan d’intervention en contexte en fonction de ces comportements afin que les élèves puissent avoir l’opportunité d’apprendre à reconnaître leurs émotions lorsqu’elles surviennent, à les reconnaître chez les autres, à les exprimer et à comprendre d’où elles viennent. Ces compétences émotionnelles étant nécessaires à la gestion des émotions et à leur utilisation positive (Mikolajczak, 2014). Le but de mon plan d’intervention en contexte touchait ainsi particulièrement les compétences 2 et 3 du programme de maternelle 5 ans, soit « Affirmer sa personnalité » et « Interagir de façon harmonieuse avec les autres » (Ministère de l’Éducation, 2001). Durant les quatre semaines portant la thématique du corps humain, chaque semaine s'est vue ajouter une des compétences émotionnelles nommées plus haut.
Ainsi, la première semaine aborda les l'identification des émotions. Les élèves avaient donc à identifier, chaque matin, avant la causerie, l'émotion qu'ils ressentaient à l'aide d'un pictogramme tiré de l'album Le livre de mes émotions de Stéphanie Couturier et Maurèen Poignonec, qui avait été lu lors de la première journée (voir photo 1). Un atelier était aussi destiné à l'identification des émotions. En effet, les enfants utilisaient le Jeu de mémoire des émotions des Éditions Gladius pour former des paires d'émotions et lorsqu'ils en formaient une, ils devaient raconter un moment où ils avaient vécu cette émotion.
Lors de la deuxième semaine, l'identification des émotions chez les autres a été abordée. Le Jeu de mémoire des émotions a encore été utilisé lors des ateliers pour les petits groupes qui ne l'avaient pas eu en ateliers, puis il a été déposé en accès libre lors des jeux libres. Lorsque je jouais avec des enfants, je leur demandais alors de mentionner un moment où ils avaient été témoins qu'une autre personne avait vécu cette émotion. Nous avons aussi ajouté des mimes d'émotions lors de notre routine de fin de journée, pour deviner certaines émotions chez les autres. L'album sans texte Je marche avec Vanessa de Kerascoët a ensuite été présenté aux élèves qui devaient raconter comment se sentait le personnage principal. Des images tirées de Vers le pacifique présentaient aussi aux enfants des situations similaires où les personnages ressentaient des émotions différentes, les enfants devaient tenter de comprendre ce qui expliquait telle ou telle émotion, par exemple, une petite fille gênée de faire un spectacle devant public, ou une petite fille fière de préparer un spectacle. Les enfants ont donc aussi été invités à porter attention au contexte plus large, pour expliquer l'émotion d'une autre personne.
Lors de la troisième semaine, nous avons abordé l'expression de nos émotions. Le lundi, lors du dessin de la fin de semaine, les enfants étaient invités à illustrer, non seulement ce qu'ils avaient fait, mais aussi quelle émotion cette activité leur avait apportée. Chaque matin, l'ami du jour pouvait également, s'il le souhaitait, parler de comment il se sentait. Lors de courts déplacements, les enfants étaient invités à marcher comme s'ils étaient fâchés, tristes, heureux, etc. Lors de cette semaine, nous avons aussi abordé le fait que chaque personne ne ressentait pas nécessairement la même émotion devant une même situation et que c'était pour cela qu'il était intéressant de pouvoir les exprimer aux autres. En équipe de six, les enfants ont pu discuter des émotions qu'ils ressentaient devant des images représentant différentes situations, par exemple, des médailles, un jouet brisé, etc. Ils devaient ainsi choisir l'émotion et expliquer pourquoi ils l'avaient choisi. Ils pouvaient aussi, de cette façon, se rendre compte qu'une autre personne pouvait ressentir les choses différemment qu'eux. L'album Simone sous les ronces de Maude Nepveu-Villeneuve et Sandra Dumais a été lu aux élèves.
À la quatrième semaine, les enfants avaient tous créé leur « main du bonheur » durant les ateliers (voir photo 2). Il s'agissait d'étamper sa main sur un carton et de dessiner une chose qui nous fait du bien par doigt. Ils ont donc pu afficher leur main à un endroit de leur choix dans la classe. Celle-ci servirait alors pour réguler leurs émotions, c'est-à-dire en allant s'y réfugier s'ils étaient très en colère pour se calmer, par exemple, ou s'ils se sentaient tristes afin de se rappeler des gens qu'ils aiment. L'album Le livre de mes émotions de Stéphanie Couturier et Maurèen Poignonec a finalement été relu en mettant cette fois l'accent sur les solutions apportées dans le livre lorsqu'on vivait ces émotions. Une causerie a ensuite suivi pour trouver d'autres solutions que celles mentionnées dans le livre.
La « main du bonheur » a particulièrement plu aux élèves. Plusieurs ont continué à l'utiliser, particulièrement lorsqu'ils boudaient, ou étaient tristes. Il fallait un peu plus de soutien pour qu'ils pensent à y aller lorsqu'ils étaient en colère.
Médiagraphie :
Mikolajczak, M. (2014). Les compétences émotionnelles : historique et conceptualisation. Dans M. Mikolajczak (dir.), Les compétences émotionnelles. Dunod.
Ministère de l’Éducation du Québec. (2001). Programme de formation de l’école québécoise. http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/education/jeunes/pfeq/PFEQ_programme-prescolaire.pdf
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