Rapidement au cours de notre formation, il a été possible d’apprendre que la lecture joue un rôle fondamental, voire primordial, dans le développement des habiletés d’écriture en plus d’avoir un impact dans les différents domaines d’apprentissage. Toutefois, lorsque la lecture ne fait pas partie du quotidien des élèves ou encore que ceux-ci n’ont pas trouvé un genre littéraire permettant de répondre à leurs goûts personnels, il est difficile pour l’apprenant de voir son importance et son influence dans les apprentissages.

Contexte

C’est dans un tel contexte que j’ai débuté mon dernier stage de la formation enseignante. En effet, ma classe de stage comprenait des élèves n’ayant pas tous le français comme langue maternelle. En effet, le français, l’anglais, l’espagnol, le grec et l’italien étaient toutes des langues maternelles qui gravitaient dans ma classe. C’est pourquoi j’ai constaté, dès le début de l’année scolaire, qu’ils n’étaient pas tous au même niveau de compréhension en français en ce qui a trait à la lecture. De plus, j’ai remarqué rapidement que, lors des routines du matin, un grand nombre d’élèves ne lisaient pas de livre de lecture, d’autres passaient un temps important à changer de livres plutôt qu’à en lire un, et d’autres se concentraient uniquement à la lecture de revues ou de livres tels les « Guides de l’auto » ou « Trouver Charlie ». De même, au cours de ce temps dédié à la lecture, certains apprenants me demandaient de dessiner plutôt que de lire. Ainsi, sur les 26 élèves, environ cinq d’entre eux aimaient réellement la lecture et lisaient chaque matin. Dans un même ordre d’idées, plusieurs élèves affirmaient verbalement (environ une dizaine) ne pas aimer la lecture ni le français. Ensuite, en raison de la COVID-19 et des mesures sanitaires prises dans mon milieu de stage, la bibliothèque de l’école était uniquement accessible au groupe une fois aux deux mois. Ainsi, aucun prêt ne pouvait être fait par les élèves. Cependant, un certain nombre de livres pouvaient être empruntés par le titulaire de la classe et conservés pendant un certain temps. Par conséquent, les élèves ne disposaient pas d’une période par cycle de bibliothèque. Ils étaient contraints à rester en classe et à lire les livres de la bibliothèque de classe. Puis, lors de la lecture en grand groupe de certains albums jeunesse, un certain nombre d’élèves n’étaient pas attentifs aux propos lus ou ne prenaient pas le temps de regarder les images présentées.

En somme, de ces manifestations observées, il semblait que les élèves de la classe présentaient un réel besoin en lecture (motivation et goût pour la lecture).

Interventions

C’est donc à partir de ce souci professionnel et des observations effectuées que j’ai élaboré mon plan d’intervention en contexte (PIC), soit de développer et de transmettre le plaisir de lire.

Mon projet comprenait quatre grandes étapes qui se sont déroulées du mois d’octobre au mois de décembre. Au cours de la première étape, un questionnaire a été distribué aux élèves en lien avec leurs habitudes de lecture, leurs intérêts, les livres qu'ils ont déjà lus et qu'ils aimeraient relire, etc., et ce, dans le but de connaître les habitudes de lecture des élèves et de créer une banque de livres à ajouter dans la bibliothèque de classe. À la suite de ce questionnaire, l’album « Un livre, ça sert à quoi ? » de Chloé Legeay a été lu en guise d'amorce. Une discussion a été effectuée en grand groupe de manière à discuter de l'importance de lire et de ce que les livres nous apportent comme apprentissage et plaisir personnel, et quels sont les comportements d’un bon lecteur et comment peut-on les observer. C’est à la suite de cette discussion qu’une petite activité d’appréciation littéraire de groupe a été effectuée avec l’album « Le vieux Thomas et la petite fée » de Dominique Demers, et ce, en prévision du premier projet. Puis, le premier projet a été réalisé. Les élèves devaient apporter un livre de la maison qu’ils ont aimé lire et qu’ils voulaient faire découvrir aux élèves de la classe. Les livres présentés ont été ensuite ajouté à la bibliothèque de classe.

C’est à la suite de ces présentations que la deuxième grande étape a commencé, soit la réorganisation du coin lecture de même que son fonctionnement. Ainsi, les livres ont été classés par genre, des étiquettes pour identifiées les genres littéraires ont été apposés à la bibliothèque de classe, une section a été aménagée afin d’y déposer les livres loués à la bibliothèque de l’école, un auteur vedette de même que certains de ses livres ont été exposés, une affiche « Livreflix » a été créée et ajoutée au coin lecture afin de promouvoir quotidiennement certains livres présents dans la bibliothèque de classe de même que des livres numériques ou audios, un décompte des livres lus par l’ensemble des élèves de la classe a été placé dans cette section de la classe, des petites étiquettes d’appréciation littéraire ont été rendues disponibles aux élèves afin que ces derniers puissent les apposer sur les livres lus et appréciés, puis des signets sur lesquels les élèves devaient écrire des défis de lecture ont été mis à la disposition des élèves. Lorsque la bibliothèque de classe a été réaménagée, une présentation officielle a été effectuée en classe.

La troisième étape consistait principalement a utilisé au quotidien le nouveau fonctionnement de la bibliothèque de classe. Ainsi, tous les lundis, un nouvel auteur était mis en vedette, des nouveaux livres étaient mis en vedette et des nouveaux livres étaient mis en promotion sur l’affiche « Livreflix » de même que des rétroactions personnalisées et parfois même des recommandations littéraires étaient apposées sur les bureaux des élèves. Le matin, une courte présentation était effectuée. Par la suite, une à deux fois par semaine, je lisais en grand groupe un ou deux livres mis en vedette pour lesquels il y avait un accès interdit. Puis, les vendredis avaient lieu des discussions en grand groupe afin de parler du fonctionnement du coin lecture, d’éléments à modifier de même que la réalisation individuelle d’une fiche de rétroaction et l’écriture d’un nouveau défi de lecture en prévision de la semaine suivante. Enfin, au cours de cette étape, les élèves devaient présenter cette fois-ci un livre de la bibliothèque de classe qu’ils avaient lu et qu’ils voulaient faire découvrir.

Puis, la quatrième étape consistait à réaliser un deuxième projet, soit lire un album jeunesse en équipe de deux aux élèves de maternelle. Dans le but de permettre la réalisation de ce projet, un court atelier de groupe a été vécu en classe afin de travailler la façon de lire un livre à un auditoire. À la suite de cet atelier, les élèves se sont pratiqués et filmés en train de lire le livre choisi. Les vidéos ont été distribuées par la suite aux enseignantes du préscolaire. Puis, le PIC s’est terminé par une discussion de groupe de manière à discuter du projet vécu et des retombées sur leur motivation à lire. 

Résultats

Les résultats ont été ceux escomptés. Effectivement, plus le projet avançait plus il m’était possible de faire des observations sur l’atteinte de l’objectif de mon PIC : lecture réelle de tous les élèves lors des routines du matin, la plupart des élèves terminaient réellement un livre avant d’en prendre un autre, variété dans les élèves qui allaient augmenter le nombre de livres lus pour la classe, plus grande implication des élèves dans la deuxième présentation orale, discussions multiples avec certains élèves, lors des routines du matin, sur leur lecture, et plusieurs commentaires positifs de la part des parents quant à la motivation de lire de leur enfant.

Traces disponibles

Tout au long de la mise en place de mon PIC, diverses traces ont été recueillies : enregistrements vidéos des différentes périodes dédiées au PIC; diverses photos prises (p. ex. coin lecture, routine du matin, réalisation de certaines activités); tenu d’un journal de bord dans lequel j’inscrivais mes différentes observations, les modifications apportées ou encore le déroulement du PIC; grilles d’observation lors des routines du matin, grilles de compilation des résultats pour les oraux et grilles recensant les différents défis de lecture des élèves au fil des semaines; traces écrites des travaux réalisés par les élèves (p. ex. les feuilles de préparation aux oraux complétées par les élèves, fiches de rétroaction); puis recueil dans un tableau des retombées individuelles pour chaque élève lors d’un entretien individualisé avec chacun d’entre eux.

Les traces recueillies étant diverses et nombreuses, vous pourrez, en pièces jointes, observer certaines photos et documents en lien avec la réalisation de mon PIC.