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Mise en contexte et observations

J'ai eu la chance de faire mon stage final dans une classe Montessori de trois niveaux, soit 4e, 5e et 6e année. Cela crée une classe avec une belle diversification où le travail d'équipe et l'entraide sont souvent sollicités. Ce sont des élèves curieux qui ont une soif incroyablement grande d'apprendre. Aussi, ils font preuve d'une grande autonomie et ce sont des jeunes pour qui il est important de prendre sa place. C'est pourquoi, lors de nos nombreuses discussions (une nouvelle dans les médias, un conflit, la jasette du lundi matin...), tous mes élèves veulent avoir leur temps de parole. Ils adorent s'exprimer et dire ce qu'ils pensent.

C'est à ce moment que j'ai commencé à voir surgir un besoin important dans ma classe. Mes élèves ont le désir de prendre la parole, mais le font de façon maladroite. Cela se reflétait également dans les travaux d'équipe. J'ai aussi poussé mes observations dans les évaluations de compréhension de lecture. Les questions nécessitant une réflexion et une prise de position manquaient de contenu et de cohésion dans les idées. Un besoin était très présent chez tous les élèves de ma classe, soit exprimer son opinion de façon précise et la justifier de manière rigoureuse, autant à l'oral qu'à l'écrit. Exprimer son opinion nécessite une structure dans les idées, mais il y a aussi des manières de faire qui sont importantes (parler fort, formulation de phrases complètes et précises, regarder ses interlocuteurs, attendre son tour...). Tous mes élèves présentaient des défis dans au moins un de ces aspects et c'est pourquoi j'ai décidé de bâtir mon PIC autour de cette problématique. Selon moi, ce sont des compétences importantes à avoir, car elles sont autant utiles au niveau académique qu'au niveau des habiletés sociales. 

 

La réflexion

Je me suis mise en action et j’ai commencé à réfléchir à une manière qui serait amusante et efficace de pratiquer la communication orale, mais surtout l’aspect de la formulation de l’opinion et des idées. Tout d’abord, le modelage est pour moi un élément clé pour un apprentissage. Donc, même avant de commencer mon PIC, je faisais du modelage avec mes élèves lorsque cela était possible. Cela pouvait être lorsque je donnais des consignes, par exemple, ou même lorsque je racontais ma fin de semaine. Je faisais aussi des rétroactions à mes élèves sur leur façon de s’exprimer lorsque l’occasion se présentait. Finalement, il m’est venu l’idée d’organiser des débats en classe. Étant donné que les élèves, dans les classes Montessori, sont habitués à travailler sur des plans de travail (documents de feuilles d’activités qui s’échelonnent sur deux semaines), cela ferait changement de leur routine. De plus, cela leur permettrait d’exprimer leur opinion sur des sujets qui touchent leurs intérêts et leur quotidien. Un débat, en plus de mettre en œuvre l’expression orale, touche aussi les manières de faire. Il y a une façon de se comporter lors d’un débat et il est important de suivre les règles. Ce choix d’activité, selon moi, permettait de répondre de façon concrète au besoin qu’avaient mes élèves d’exprimer leur point de vue de façon structurée tout en ayant du développement dans les idées.

 

Description du projet

J’ai voulu trois débats en classe avec mes élèves. Il était important pour moi que les débats se déroulent de manière respectueuse et dans les règles de l’art, donc le premier était surtout basé sur la théorie et la pratique. Encore une fois, j’ai fait beaucoup de modelage et les interventions ont été nombreuses. Ce débat s’est fait en équipe de cinq et ils devaient prendre position face à l’affirmation suivante :

Les mathématiques sont plus importantes que le français.

Mon but était de les sortir de leur zone de confort, ce qui a bien fonctionné. Ce débat a suscité beaucoup d’émotions et de réactions chez mes élèves. Tous voulaient parler et dire leur opinion, donc nous avons eu beaucoup de ‘’jus’’ pour travailler sur la façon de s’exprimer. Ils devaient trouver des arguments en équipes et se séparer le travail.

Le deuxième débat était en lien avec une question d’éthique. Durant cette discussion, j’ai beaucoup travaillé la justification à l’écrit. La question à répondre était la suivante :

Est-ce acceptable, dans certaines situations, de commettre un vol ?

Encore une fois, cela a suscité beaucoup de réactions. Je leur ai présenté trois mises en situation et ils devaient donner leur point de vue sur une feuille lignée. Par la suite, ils se mettaient en équipe pour discuter ensemble de leur réflexion. Finalement, chaque équipe devait présenter devant la classe, sous forme de petite présentation orale, ce qu’ils avaient conclu.

Le troisième débat, qui n’a malheureusement pas eu lieu, devait se faire de façon totalement individuelle, du début à la fin. Nous avions toutefois choisi le thème du débat en groupe et je pense que cela aurait donné lieu à un débat plus que passionnant et divertissant.

Est-ce que les enfants sont libres ?

Les élèves auraient eu, tout d’abord, à répondre à la question par l’affirmative ou la négative. Ensuite, leur justification devait contenir au moins trois éléments. Je leur aurais donné une période pour structurer leurs idées, les mettre en ordre et bien les justifier. Finalement, nous aurions fait un cercle de débat ou chacun aurait eu à exprimer son opinion et à expliquer sa réflexion devant la classe.

La nature des traces qui sont disponibles

J’ai mis en lien une présentation PREZI que j’ai conçue pour ce qui est des notions théoriques sur le débat.

Étant donné que mes observations étaient essentielles aux rétroactions, je n’ai pas de photos de mes élèves en train de travailler sur les débats. J’étais constamment debout en train de me déplacer dans la classe et de prendre des notes à travers les équipes. Mes traces sont à l’écrit, sous forme de grilles. J’ai également évalué mes élèves en communication orale lors du deuxième débat, donc la grille de correction pour chaque niveau est disponible.

J’ai aussi mis en ligne le document que je leur ai présenté lors du deuxième débat avec les trois mises en situation sur la question éthique du vol.

Les observations saillantes

Tout d’abord, j’ai remarqué que les débats motivaient réellement mes élèves. Lorsque je leur disais qu’il était temps de placer la classe pour en faire un, tous se mettaient à la tâche et très rapidement ils étaient prêts et en silence, ou presque ! C’était un moment très amusant pour eux. J’ai aussi pu constater que les élèves ne manquaient pas d’idées lorsqu’il était temps de discuter sur un sujet. Comme mentionné plus haut, c’était surtout la façon de s’exprimer et la justification qui vient avec nos points de vue. Ce qui a été vraiment merveilleux, c’est que nous avons réinvesti ces apprentissages tout au long de l’automne dans certains projets. En effet, nous avons eu la chance de faire un projet sur l’électricité et sur la robotique. Ce fut des projets en équipe de longue haleine qui demandaient des moments de réflexion. Les équipes avaient à faire des choix communs, donc à discuter ensemble. À chaque fin de séance, je faisais une rétroaction pour savoir ce qui avait été plus facile et pour cibler quelques défis à pratiquer. Je notais tout dans un cahier et nous revenions là-dessus par la suite. De fil en aiguille, j’ai également constaté que les élèves prenaient le temps de bien répondre à certaines questions d’opinion, à l’écrit par exemple, plutôt que de se débarrasser et de répondre en quelques mots.

Une dernière observation que je tiens à souligner est l’immense respect que les élèves ont eu les uns envers les autres. En Montessori, les habiletés sociales sont très importantes et ce sont des élèves qui sont assez consciencieux les uns envers les autres. Par exemple, cela a été leur idée de chronométrer les interventions lors des débats afin de donner la chance à tout le monde de parler. Aussi, lorsqu’ils se passaient le bâton de la parole, ils faisaient attention de le donner à un élève qui n’avait pas encore eu son droit de parole.

Cohorte