Mon projet d’intervention en contexte
Mon projet est une correspondance scolaire avec une classe de troisième année d'une autre école. Il consiste à faire communiquer les élèves entre eux par le biais de lettres écrites à la main. À tour de rôle, les élèves recevront une lettre de leur correspondant et devront y répondre. L’objectif principal de ce projet est de créer un contexte réel d’écriture afin de rendre cette tâche significative pour les élèves.

Les problèmes observés sur le contexte de la classe 
Les élèves de ma classe de troisième année vivent dans un milieu considéré défavorisé. Seulement quelques élèves bénéficient de soutien pour les devoirs et les leçons à la maison, les autres doivent donc être autonomes et responsables dans leurs apprentissages à l’extérieur de la classe. La classe est aussi multiethnique, je dois donc sans cesse prendre en compte la culture de chacun. 

Le climat de classe est bon, les élèves s’encouragent à adopter de bons comportements et s’entendent bien. D’ailleurs, ils parlent énormément entre eux, ils ont un besoin flagrant de partager, ils aiment discuter. Ils adorent parler de leurs histoires et sont également à l’écoute de celles des autres. J’ai donc relevé un besoin et une envie de communiquer.

Une des matières les moins aimées est le français. La plupart des élèves ont de la difficulté à écrire et se découragent facilement devant leurs difficultés. J’ai remarqué que seulement 6 élèves étaient motivés à écrire et à travailler sur leur histoire par la suite. Les autres manquent régulièrement d’inspiration, de volonté et d’envie d’écrire. Ces derniers ne désirent pas non plus travailler sur leur texte une fois leur histoire terminée, ils ne veulent pas corriger et ne semble pas accorder d’importance à la langue écrite. Il y a donc ici un besoin urgent de travailler l’écriture et le plaisir d’écrire.

La réflexion qui a conduit à mettre en oeuvre un projet d'intervention
Selon mes observations, travailler l’écriture serait grandement bénéfique pour tous les élèves de ma classe. Le projet de correspondance plongera mes élèves de troisième année dans une situation réelle d’écriture. Ils se trouveront devant un lecteur réel ce qui les amènera à travailler autrement ou à repousser leurs limites.
Voici les quatre éléments principaux qui seront touchés :

• Effort de correction : lorsque le texte est terminé, le travail du scripteur n’est pas fini, il y a la correction. Le lecteur réel viendra motiver les élèves qui, habituellement, cessent de mettre des efforts lorsque leur histoire est terminée.  
• Grammaire et orthographe : l’importance de ne pas faire de fautes. Le fait qu’un élève lise leur lettre amène une crédibilité à l’importance du français écrit, le scripteur veut bien paraitre et surtout, bien se faire comprendre.  
• Motivation d’écriture : quelqu’un va accorder de l’importance à ma lettre. Le lecteur va prendre le temps de lire ma lettre et de me répondre. Cet aspect augmente la motivation d’écrire, l’enfant sait qu’il y aura une suite à son écriture. Il doit passer par dessus ses difficultés et se faire confiance, il ne peut pas abandonner s’il veut une réponse de son correspondant.
• Autoévaluation de son écriture : réfléchir face à son travail. Si ma lettre n’est pas soignée et est remplie de fautes, mon correspondant va-t-il vraiment vouloir me répondre ? Va-t-il avoir envie de me connaitre ?

Mon projet répond également au besoin de communiquer des élèves de ma classe. Au cours de cette correspondance, les élèves pourront partager librement avec un autre enfant de leur âge. Ils pourront partager sur leur vécu et lire le vécu d’un autre élève. Ils seront libres de parler de ce qu’ils veulent, tout en suivant le fil conducteur des thèmes préétablis. Je ne limiterai jamais les élèves dans la quantité d’informations qu’ils veulent partager, toutefois, je mettrai un minimum d’éléments à mettre dans chaque correspondance. Cette liberté d’expression amènera aussi les élèves à faire des choix. Ils devront décider de façon autonome ce qu’ils partageront dans chacune de leur lettre, touchant ainsi la débrouillardise et la responsabilisation de chacun.

La nature des traces qui sont disponibles
J'ai récolté plusieurs traces écritutes de mon projet. J'ai conservé les brouillons des lettres ainsi que des photocopies des lettres envoyées. Ainsi, il est possible de voir les lettres écrites sans aide de l'adulte, les corrections apportées avec l'aide d'un adulte et le résultat de ces corrections sur la version propre des lettres. À travers les brouillons, il est possible de lire les conversations de chaque dyade d'élèves. Nous pouvons donc voir et évaluer la pertienence de la correspondance et l'ouverture de chacun sur le monde d'un élève « inconnu ». J'ai aussi des photos qui présentent les périodes d'écriture en classe et des photos de la rencontre finale des élèves.