Contexte :
Dans le cadre du dernier stage en Éducation préscolaire et enseignement primaire, j’ai choisi de faire mon stage au premier cycle. Plus précisément, mon stage était à l’école du Harfang-des-Neiges à Stoneham. L’école se situe dans une zone favorisée du centre de service des Premières-Seigneuries. Dans le contexte de la Covid-19, nos élèves devaient rester ensemble tout au long de la journée (incluant les récréations et les moments au service de garde) et ne pouvaient pas jouer avec leurs amis des autres classes. Au cours des deux premiers mois d’école, j’ai beaucoup observé mes élèves et un aspect se démarquait : plusieurs avaient des difficultés avec les relations interpersonnelles. En effet, il y avait de nombreux conflits lors des récréations, du rapportage et certains utilisaient des paroles blessantes à l’égard des autres. Le partage du matériel et le travail d’équipe étaient également difficiles pour certains. Tout ceci avait un impact sur le climat de classe. Il y avait des petites tensions entre les élèves. Beaucoup de temps et d’énergie était utilisé à régler des conflits ou faire des rappels après les récréations. Ce temps n’était donc pas utilisé pour l’enseignement des contenus académiques, déjà réduit par les mesures en place dans les écoles. De plus, le concept de «bulle classe» empêchait les élèves de simplement se tourner vers d’autres amis lors des récréations.
Interventions menées :
Je suis intervenu de différentes façons pour que l’harmonie entre les élèves s’améliore autant en classe qu’aux récréations. Il ne faut pas oublier que «la socialisation est l’une des trois missions de l’école québécoise» (Murawski et Scotte, 2016, p.234).
Mes interventions respectaient le Programme de formation à l’école québécoise (PFÉQ). Parmi les compétences transversales du programme, nous avons touché aux volets «coopérer et communiquer de façon appropriée». Le domaine général de formation visée était «vivre ensemble et citoyenneté». De plus, en éthique et culture religieuse, nous avons touché à la compétence «pratiquer le dialogue».
Mes interventions étaient très diversifiées et comportaient plusieurs activités.
1- J’ai présenté une vidéo intitulée «comment devenir un chevalier des temps modernes» aux élèves. J’ai également utilisé les livres proposés par le site J’enseigne avec la littérature jeunesse pour accompagner la vidéo. Nous avons ensuite discuté des 4 éléments pour devenir un bon chevalier. Dans cette activité, on compare la parole à une épée à double tranchant et notre carapace à un bouclier.
2- J’ai fait une activité pour comparer les termes «signaler» et «rapporter» à l’aide de mise en situation afin d’aider les élèves à déterminer ce qu’ils doivent dire à l’adulte de ce qu’ils peuvent garder pour eux.
3- J’ai fait travailler les élèves en équipe en leur montrant comment faire (se donner des rôles, écouter l’autre, parler chacun son tour, etc.). Nous avons même réussi à écrire un petit texte en équipe de deux pour travailler la notion de la phrase.
4- J’ai fait plusieurs petites leçons que j’ai appelées «récréation en action» où l’on discutait d’un sujet un peu avant la récréation. Nous avons abordé les thèmes suivants : être un bon ami, s’excuser, faire des messages clairs, trouver des jeux, l’inclusion et faire un compromis.
5- J’ai construit un «arbre de l’amitié» sur la porte de la classe. Les élèves pouvaient écrire sur une feuille de l’arbre un message pour féliciter un autre élève pour un bon coup. À la fin de la semaine, nous lisions à voix haute les félicitations et l’élève pouvait repartir avec la feuille de l’arbre. Malheureusement, je n’ai pas eu suffisamment de temps pour exploiter à son plein potentiel cette activité. Le principal défi de cette activité était que ce ne soit pas toujours les mêmes élèves qui reçoivent les honneurs.
Résultats :
Les relations entrent les élèves ne se sont pas améliorées du jour au lendemain, par contre je pouvais leur rappeler quoi faire pour régler leur conflit en un mot. Parfois, je les questionnais comme ceci : «As-tu utilisé ton épée de la bonne façon? As-tu utilisé ton bouclier? Est-ce que c’est du rapportage? As-tu fait un message clair en 3 étapes comme nous l’avons appris?». Plusieurs élèves ont développé le réflexe d’utiliser les stratégies de manière autonome. Lorsque les élèves ont complété des mises en situation par écrit, la majorité d’entre eux ont été en mesure de faire un message clair qui respectait les étapes vues en classe. C’était la même chose pour ce qui est de signaler ou de rapporter. Les élèves ont vraiment aimé le projet. Voici d’ailleurs deux citations d’élèves de la classe…
«Moi j’aime ça l’éthique, parce que ça nous apprend à mieux vivre ensemble»
«Tu aurais dû être dans notre classe, car nous on a appris c’est quoi être un bon ami» (un élève qui disait cela à son frère qui avait eu des ennuis avec des amis)
Traces disponibles :
Pour ce qui est des traces disponibles, j’ai procédé à un enregistrement audio d’un travail d’équipe à l’extérieur (arts éphémères) avant le projet. Pendant les activités, j’ai pris des notes et complété des grilles d’observation. J’ai aussi fait remplir aux élèves une autoévaluation à la fin du projet. Finalement, ils ont eu à répondre à de courtes mises en situation par écrit sur différents sujets que nous avions abordés en classe.