J'ai réalisé mon stage dans une classe de 4e année composée de 26 élèves, soit 14 garçons et 12 filles. Parmi ces élèves, il y en a deux qui ont des troubles de comportements diagnostiqués, un autre dont le diagnostic de trouble de comportement est en cours et trois souffrent d’anxiété. Les faits que j’ai observés sont entre autres que certains enfants manquaient de respect envers les autres (commentaires inappropriés). Ceci faisait en sorte que le travail d’équipe est parfois difficile. Par exemple, lorsque les élèves étaient placés en équipe avec quelqu’un avec qui ils ne souhaitent pas travailler, ils effectuaient leur activité en parallèle plutôt qu’en collaboration. Lorsque je formais les équipes moi-même, il m’arrivait souvent d’entendre des commentaires tels que « Oh non ! Je ne veux pas être avec lui ». Je devais donc intervenir afin que le processus se déroule dans le respect. Certains apprenants m’ont déjà demandé de faire le travail seul plutôt qu’en équipe avec la personne avec qui je les avais placés. Lorsque les apprenants formaient eux-mêmes leurs équipes, ils avaient tendance à choisir leurs amis plutôt qu’un coéquipier avec qui la tâche serait réalisée efficacement.

Suite à ces observations, j'ai mis en place un projet qui visait la coopération entre les élèves. Je désirais qu’ils soient en mesure de tirer profit du travail en coopération (MELS, 2001). Pour ce faire, nous avons défini en plénière ce qu’est un travail d’équipe efficace et sélectionné les critères pour choisir un coéquipier adéquat. Les élèves ont eu plusieurs occasions de s’exercer à travailler en équipe de deux. Les apprenants ont partagé les stratégies qu’ils ont mobilisées dans le cadre de leur travail coopératif. Ils ont expliqué ce qui a bien fonctionné et ce qui a moins bien fonctionné. Lors des travaux d’équipe, je donnais aux apprenants deux objectifs sur lesquels ils devaient se concentrer. Par exemple, le ton de voix (chuchoter) et se concentrer sur la tâche. À la fin de l'activité, les élèves devaient remplir un tableau à l'aide d'un code de couleur afin de dire si les objectifs avaient été respectés (vert) ou s'il y avait place à l’amélioration (jaune). 

Au début de la mise en place du système, il y a eu des apprenants qui n'étaient pas d'accord et qui s'opposaient au travail en équipe. J'ai dû être très constante et claire dans mes attentes. J'ai dû réexpliquer les raisons de la mise en place de ce système et réitérer mes objectifs. Il y a certaines fois où j'ai dû modifier des équipes parce que certains élèves refusaient de travailler avec d'autres. Lorsque ça arrivait, je plaçais l'élève qui désirait travailler avec une autre équipe et je questionnais l'apprenant qui désirait travailler seul sur les raisons pour lesquelles il refusait de faire le travail en équipe.

Après quelques utilisations du système, j'ai eu beaucoup moins d'intervention à faire. Les élèves se plaçaient en équipe sans faire de commentaire et j'ai axé mes interventions sur les comportements positifs. Je félicitais les équipes qui avaient une bonne collaboration, celles dans lesquelles je voyais de l'entraide, celles qui respectaient le ton de voix, etc. J'ai été épaté par des résultats de coopération inattendus, des élèves pour qui je pensais que ça allait être difficile m'ont prouvé qu'ils étaient en mesure de réaliser le travail adéquatement avec plusieurs coéquipiers différents. Les apprenants se sont habitués au système et ils allaient par eux-mêmes remplir le tableau à la fin des activités.

Ce système nécessite de la constance et de la persévérance. À chaque fois qu'il y avait un travail d'équipe, je formais moi-même les dyades préalablement en m'assurant que les élèves n'avaient pas été placés ensemble auparavant. Je devais tenir compte des périodes d'orthopédagogie, des absences et des rencontres avec la TES. Avant chaque début d'activité, je nommais les consignes ainsi que mes attentes pour les travaux d'équipes. Toutefois, les résultats obtenus méritent, sans un aucun doute, les efforts investis dans la mise en place d'un tel projet.