Description du projet et des observations du contexte
J’ai réalisé mon quatrième stage à Sayabec, dans une classe jumelée de première et de deuxième année, et ce, dans l’école la plus défavorisée du Centre de services scolaire. L’école se situe ainsi au dixième rang de l’échelle de pauvreté. La classe était composée de dix-huit élèves, seize en deuxième année et deux en première année. Quelques élèves ont consolidé une année, il y avait donc des jeunes entre 6 et 9 ans. Plus précisément, selon le milieu socio-économique énoncé ci-haut, je peux dire que les jeunes de la classe ne recevaient pas, pour la majorité, de stimulation à la maison et devaient donc redoubler d’efforts en contexte scolaire.
Après avoir consulté les enseignantes de maternelle et de première année de l’école, elles ont pu m’expliquer que la motricité fine n’avait pas été assez travaillée (découpage, enfilage, tracé de lettres, etc.) et que quelques élèves avaient donc beaucoup de difficultés. Ces discussions ont pu confirmer mon constat lié à une problématique qui persistait dans la classe; les élèves n’ont pas été assez stimulés à la maison et dans leurs années scolaires précédentes, ce qui explique ainsi que la motricité fine était moins bien acquise pour plusieurs jeunes. D’ailleurs, j’ai pu comprendre que l’équipe-école ne s'était pas vraiment entendue sur la forme d’écriture (scripte ou cursive) à adopter, ce qui expliquait le fait que certains jeunes de la classe écrivaient en cursives et d’autres en scriptes. Je devais donc constamment jongler entre ces deux types d’écriture. Ainsi, c’est à la suite de plusieurs observations actives et de traces récoltées que j’ai pu remarquer qu’un besoin était encore plus présent que les autres, car il se manifestait tout autant chez les élèves faibles que chez les élèves plus forts. En effet, les élèves de la classe avaient besoin d’être stimulés en écriture et plus précisément à ce qui se rapporte à la calligraphie. On sait d’ailleurs que l’aptitude des élèves à écrire des textes variés est nécessaire à la poursuite du cheminement scolaire. C’est donc une compétence essentielle à développer au premier cycle du primaire. Bref, je voulais répondre à un problème bien précis, soit celui d’aider les élèves à développer leur compétence graphomotrice en écriture. Ce choix était directement lié à la moyenne très faible en français. En effet, les élèves avaient des besoins particuliers dans l’apprentissage de cette compétence. Simultanément, je devais susciter l’intérêt des jeunes quant à l’écriture.
Objectif et interventions
Mon objectif ultime était donc d’amener les élèves de la classe à améliorer leurs compétences graphomotrices en écriture. Je voulais que les élèves développent une fluidité quant au geste graphomoteur dans le but de réduire la charge cognitive quand vient le temps de composer une phrase, considérant que c’est un processus très complexe. Pour m’y prendre, plusieurs interventions ont été mises en place. J’ai d’abord fait un retour sur les principes de base de la graphomotricité, ce qui a permis aux élèves de « gérer différents aspects de l'écriture des lettres (espacement, grosseur des lettres, hampes et jambages) » (Lavoie, 2016). Des périodes de calligraphies d’une durée de 15 minutes ont d’ailleurs été ajoutées à la routine matinale. C’est aussi la verbalisation pendant l’écriture qui a grandement aidé les jeunes. En effet, j’avais remarqué que plusieurs enfants ne comprenaient pas le principe de l’espace pour séparer les mots ou ils oubliaient souvent des mots nécessaires à la constitution d’une phrase simple. Je prends l’exemple d’un élève à qui j’avais demandé de me lire sa phrase. Le jeune en a été incapable, car plusieurs lettres étaient manquantes et les espaces étaient inexistants. D’où l’importance de la verbalisation qui consiste à demander à l’enfant d’écrire « puis à désigner une partie inachevée pour l'interroger : “ jusqu’ici qu’est-ce que tu as écrit ?, qu’est-ce qui manque ?, montre avec ton doigt ”. Ce type de situation d’écriture, avec identification et verbalisation, aide l’enfant à acquérir et utiliser la conscience phonémique pendant l’écriture, pour écrire » (Téberosky, 2002). L’élève avait aussi la chance de faire un retour sur son travail en s'autoévaluant. En fait, on pouvait retrouver ces types de rappel : je positionne mon cahier de la bonne façon lorsque j’écris, je positionne bien mes lettres dans les trottoirs, je laisse des espaces suffisants, je suis bien assis lorsque j’écris, je commence à écrire au début du trottoir, à gauche, etc. Ce sont des rappels bien simples qui ont permis aux élèves d’être plus structurés, ce qui leur a facilité la tâche d’écriture. L’élève pouvait ainsi se réviser par lui-même et constater s’il avait commis des erreurs (Lavoie, 2016). Enfin, ce sont les rétroactions qui auront majoritairement permis aux jeunes de s’améliorer. Celles-ci étaient spontanées et parfois planifiées. Elles incluaient d’ailleurs chaque type (cognitif, méthodologique, métacognitif et affectif). Les rétroactions étaient aussi régulièrement fournies par les pairs et ce fut un moyen efficace permettant aux jeunes de prendre conscience de leurs méprises.
Résultats
À la suite de ce projet, j'ai remarqué une nette amélioration de la calligraphie des élèves. Je peux affirmer que le fait d’améliorer la compétence graphomotrice libère une charge cognitive à l’élève afin qu’il puisse mettre plus facilement ses idées à l’écrit. Je retiens donc qu’une aisance graphomotrice est à la base de la compétence à écrire.
« L’élève peut difficilement investir ses énergies cognitives dans la production d’un texte si son geste d’écriture n’est pas relativement automatisé. Actuellement, entre 10 et 20% des élèves du primaire présentent des difficultés à cet égard et cette situation influence le développement de la compétence à écrire » (Lavoie, 2016).
Fichier attaché | Taille |
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Routine d'écriture.png | 247.38 Ko |
Autoévaluation (Lavoie, 2016).png | 58.54 Ko |
Informations importantes (Lavoie, 2016).png | 132.13 Ko |
Calligraphie à la routine matinale _0.png | 643.91 Ko |