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jan 16 2016

 

Observations du contexte de la classe:

J’ai réalisé mon stage dans une classe de troisième année composée de 27 élèves, 14 garçons et 13 filles. Au fil des jours, j'ai découvert dans ma classe des élèves curieux, dynamiques et qui aimaient les défis. Par contre, j’ai observé que la grande majorité de la classe semblait très réticente lorsque venait le temps d’écrire. Étant donné qu’ils arrivaient tout juste de la deuxième année, tous écrivaient très lentement et un certain stress était présent chez eux. Écrire semblait donc un exercice fastidieux et laborieux.  De plus, les élèves semblaient trouver l’exercice de faire un plan très difficile et la mise en mots de leurs idées étaient pour certains un processus qui demandaient beaucoup de temps et d’énergie.

Finalement, je devais aussi jongler avec des écarts de niveaux assez importants dans la classe en ce qui concerne l’écriture. 5 élèves avaient besoin d’être grandement soutenus et guidés phrase après phrase à l'étape de la rédaction.

 

Réflexion :

J’ai donc créé le projet «Écrivains au quotidien» en poursuivant les buts suivants :

  1. Améliorer la motivation en écriture de la classe, développer le goût d’écrire.
  2. Approcher l’écriture de façon ludique
  3. Travailler de façon implicite des éléments propres au récit (schéma du récit).
  4. Offrir plus de liberté aux élèves pour exploiter leur potentiel de créativité.
  5. Intervenir de façon différenciée auprès de chacun des 27 élèves en intégrant les élèves en difficultés d’apprentissage.

En effet, je cherchais une façon simple, efficace et réaliste d’intervenir auprès de mes nombreux élèves, tout présentant une nouvelle façon de considérer l’écriture. J’ai donc décidé de leur donner de la liberté.  J’ai conçu les «5 minutes d’écriture libre».  Par contre, tenant compte de leur goût du défi, j’ai décidé de leur offrir deux seules contraintes, celles de se laisser inspirer d’une image et d’écrire le tout en 5 minutes (caculées avec les sabliers). 

Déroulement :  

Première étape : L’image qui vaut mille mots :

J’avais préalablement dessiné 7 images, chacune cachée derrière un carton. Les cartons étaient disposés sous forme de pyramide inversée. 1-2-3 (premier étage), 4-5-6 (deuxième étage), et 7 (dernier étage) sur le tableau de classe (voir fichiers joints ci-dessous). Tous les jours, je découvrais une image qui devait les inspirer dans les minutes d’écriture. Sur le premier carton était dessiné un simple «bonhomme allumette». En interprétant l'image, les élèves ont deviné qu’il devait se créer un personnage et c’est ce qu’ils ont fait. J’avais décidé, sans leur mentionner, de leur faire créer un personnage qui leur plait et qu’au fil des jours, ce même personnage vivrait des aventures. 

Sans qu’ils le sachent, les élèves allaient faire l’expérience de leur premier schéma de récit, puisque j'avais planifié une progression qui suivait le schéma du récit dans mes dessins.

Par exemple, lorsqu’au troisième jour ils ont vu une bombe sur l’image, un élève s'est exclamé: «Un problème! Il doit arriver un problème au personnage». Nous avons ainsi continué de découvrir les images et nous avons fait vivre leur personnage pendant 7 jours.

 

Gestion du projet

Je voulais que les élèves vivent des petites réussites quotidiennes et qu’ils se donnent des défis réalistes. Tous les jours, je lisais personnellement ce que les élèves avaient écrit. J’écrivais des commentaires positifs dans la marge pour le lendemain. Je renchérissais avec des petites questions ou suggestions pour agir rapidement sur les pannes d’idées. Par exemple: «À quoi ressemble Livi? Est-ce que ton personnage pourrait rencontrer quelqu’un qui l’aiderait?, Est-ce que Classome a des pouvoirs spéciaux?», etc. À ceux qui n’écrivaient pas beaucoup, je donnais un petit défi tel que : «Bien! Tu as fait un bel effort, demain, ton défi sera d’écrire 2 lignes! » Ces rétroactions permettaient aussi d’intervenir avec les élèves dont l’histoire était incohérente en leur demandant plus d’explications. De plus, il est important de mentionner que je ne corrigeais pas les fautes de français pour laisser place au bouillonnement d’idées et pour mettre de côté la peur de se tromper. Enfin, je n’intervenais aucunement durant les 5 minutes d’écriture pour les laisser libres de faire leurs choix.

 

Deuxième étape : La rédaction du récit et illustration du livre

Après avoir écrit l’histoire de leur personnage, les élèves de se sont servis de leurs phrases pour les embellir, en rajouter d’autres et complexifier un peu leurs idées pour finalement obtenir un récit complet. Leurs écrits de tous les «5 minutes» avaient servi de plan.

Nous avons mis au propre le récit et nous l’avons illustré. Chaque élève a produit son petit livre. Finalement, nous avons lu les histoires des élèves dans la classe. Ils étaient bien heureux de présenter leur personnage.

Observations saillantes :

Les élèves ont eu beaucoup de plaisir à créer leur personnage. Le fait qu’ils avaient le pouvoir de faire leurs choix a fait croitre leur engagement dans la tâche. Dans la classe, les péripéties de leur personnage sont devenues un sujet de discussion entre les élèves. Au fil des jours, ils avaient de plus en plus hâte à la prochaine période d’écriture. Le fait de cacher les images et de les découvrir une à une ajoutait un élément de mystère motivant. Les élèves essayaient de deviner ce qui se cachait derrière les cartons.

Les élèves ont très bien progressé au niveau de la mise en mots et de la fluidité de leurs idées. Certains élèves ont passé de 2 lignes à 10-15 lignes en 5 minutes. Les élèves en difficultés d’apprentissage ont fait aussi une belle progression. Mon accompagnement a été nécessaire pour les aider à garder une ligne conductrice entre leurs idées. Néanmoins, ils ont fait des essais et ils se sont améliorés en se laissant prendre au jeu. De plus, toutes les productions étaient aussi originales que les autres. Enfin, je crois que ces 5 minutes d’écriture libre ont probablement réconcilié quelques élèves avec l’écriture, puisqu’ils la voyaient comme un moyen de présenter leur créativité aux autres élèves de la classe et comme un défi réalisable.

 

Pour terminer, mon projet «Écrivains au quotidien» se résumerait en ces quelques mots :

«créativité, liberté, plaisir, engagement et jeu»

Cohorte