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Au cours de ma première phase de stage dans ma classe de cinquième année, j’ai vu un besoin émergé sur le plan du développement cognitif et affectif des enfants. Un nombre important d’entre eux éprouvaient des difficultés avec le concept d’écoute active ; la base de bon nombre d’apprentissages. Certains apprenants coupaient fréquemment la parole à leurs camarades, d’autres s’exprimaient hors sujet et certains avaient tendance à interpréter les propos d’autrui de manière négative, ce qui pouvait, par moment, occasionner des situations conflictuelles. De plus, quelques élèves ne s’exprimaient que très rarement si on leur demandait. Ils ne cherchaient pas à poser des questions, à étoffer les idées et à paraphraser. J’ai constaté ces comportements à plusieurs reprises et dans différents contextes, tels que la discussion, les activités collectives (p.ex. : les communautés de recherche philosophique), les travaux d’équipe, l’écoute de directives, etc. Alors que je devais amener certains élèves à développer des habiletés cognitives (p.ex. : contribuer à la discussion, organiser ses pensées, poser des questions, etc.), d’autres devaient être centrés sur le développement des habiletés affectives (p.ex. : attendre son tour, respecter les membres du groupe, exprimer son point de vue poliment et positivement, etc.). Pour ce faire, « […] ils [devaient] apprendre à la fois les comportements physiques et les habiletés cognitives qui leur permettront de devenir des apprenants efficaces » (Éducation, Citoyenneté et Jeunesse Manitoba, 2005, p.8), tout en adoptant une attitude positive.
 

Mon projet PIC consistait à accroître la qualité d’écoute active des élèves de sorte qu’ils soient tous en mesure, au terme de mon projet, de mener une discussion efficace. Plus précisément, je souhaitais les amener à réfléchir pendant l’écoute, à développer et à perfectionner leurs habiletés d’écoute, à améliorer les capacités métacognitives, à établir des liens puis à organiser, comprendre, interpréter et évaluer l’information (Éducation, Citoyenneté et Jeunesse Manitoba, 2005).
 

Afin d’encourager la réflexion pendant l’écoute puis pour développer et perfectionner les différentes habiletés, j’ai d’abord enseigné les stratégies « DAMES » aux élèves puisqu’elles sont nécessaires dans tout contexte requérant une forme d’écoute et de communication. Je leur ai présenté chacune d’entre elles (correspondant aux lettres de l’acronyme) en appuyant mes explications de petites démonstrations. Les élèves ont ensuite été mis en contexte de pratique guidée. Nous avons fait un retour réflexif sur le processus, puis dans différents contextes du quotidien, les apprenants ont été amenés à adopter « DAMES » en pratique autonome. Par exemple, lorsque j’enseignais ou que les élèves interagissaient entre eux ou avec moi, je leur rappelais de réinvestir les stratégies vues ensemble. Sur une base hebdomadaire, trois autres contextes plus particuliers leur ont permis de s’exercer. Les communautés de recherche philosophique, animées par une intervenante externe, ont amené les élèves à interagir positivement au sein du groupe, à écouter activement, à collaborer, à négocier, à faire des suggestions et à interroger autrui. Les conseils de coopération, eux, visaient davantage à faire émerger les opinions des élèves, leurs impressions et leurs émotions. Les autres élèves devaient se montrer réceptifs et attentifs afin de trouver des consensus et des solutions favorisant le vivre ensemble. En outre, j’ai privilégié quelquefois l’apprentissage coopératif, notamment en arts plastiques et en mathématique, pour les faire participer et prendre des risques en prenant part au travail collectif dans le rôle qui leur était attribué. Ces trois contextes m’ont permis hebdomadairement de réinvestir « DAMES » auprès des élèves. À cela, il faut ajouter l’enseignement explicite des techniques d’interrogation efficaces pour mener à des discussions pertinentes et efficaces à titre d’intervention menée auprès de mon groupe. Ces notions concrètes ont également été mises en pratique régulièrement dans divers contextes.
 

Au terme de la réalisation de mon plan PIC, je considère qu'il y a eu une très belle progression chez la grande majorité des élèves en ce qui a trait à l’écoute active et au fait de mener une discussion efficace. Ils connaissent très bien les stratégies « DAMES » et savent pertinemment comment et quand les appliquer. Vers la fin de mon stage, lorsque j’enseignais une notion, il n’était pas rare qu’un élève levait sa main pour rappeler aux autres d’adopter la posture « DAMES ». De plus, les communautés de recherche philosophique ainsi que les conseils de coopération ont grandement évolué. Les discussions sont beaucoup plus riches et requièrent de moins en moins l’intervention de l’adulte. Les élèves s’écoutent plus, c’est-à-dire qu’ils se laissent terminer leurs idées sans s’interrompre puis ils alimentent la discussion, que ce soit en interrogeant autrui ou en donnant leurs impressions.

Cohorte